Interview de Marc-Angelo Soumah (1/2)Président de la Fédération Française de Football Américain

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le 28/02/2011 à 00:25 par Thomas Depaepe
Mise à jour du 02/03/2011 à 09:20

A l’issue d’une carrière de joueur ponctuée de titres (une médaille d’argent avec la France aux championnats d’Europe de l’an dernier, un World Bowl (que nous avions couvert en 2003), une coupe d’Europe (1997), 8 titres de champions de France Elite, 1 titre de champion de seconde division... et d’un passage aux Etats Unis chez les Browns de Cleveland, Marc-Angelo Soumah a raccroché les crampons en 2010 et a été élu à la tête de la Fédération Française de Football Américain (FFFA).

Comme 2011 est l’année du retour de Footballamericain.com sur le bord des terrains français, nous avons souhaité donner la parole a celui, qu’il y a une petite dizaine d’années, tenait une chronique (« L’œil de Marco ») sur UsFoot.com, l’autre versant de l’Association. De l’entretien nous avons tiré 2 articles qui permettent de tracer les contours de la vision de la fédération sur notre sport de cœur : le premier sera consacré à la FFFA et ses projets en cours, le second portera sur le championnat Elite et l’équipe de France qui s’apprête à disputer la Coupe du monde.

 

Footballamercain.com : Merci de nous recevoir. Pour commencer pouvez-vous nous parler de cette première année que vous venez de passer à la tête de la FFFA ?

Marc-Angelo Soumah : Dès mon élection, mon premier chantier a été de réaliser un audit financier de la fédération. Cela a pris quelques mois, mais il était essentiel de le faire car sans des comptes propres et nets on ne peut lancer aucune décision stratégique. Ensuite on a cherché à pallier le manque de ressources en personnel qui était patent. On a alors mis en place une procédure de travail et on a embauché des personnes pour porter le projet fédéral. Parallèlement, on a aussi mené une réflexion sur ce que nous voulions accomplir en fonction de notre degré actuel de structuration.

 

l'équipe de France Junior
l'équipe de France Junior

FA.com : Quels sont les grands axes de votre présidence ?

M-A.S. : Tout d’abord, ce que je retire de mon expérience de joueur et aussi de ma connaissance des clubs, c’est le fait que l’on a un gros problème d’encadrement, de capacité d’accueil et de fidélisation des personnes désireuses de pratiquer notre sport. C’est très dommage car dans les clubs, en début d’année, il y a 100 mômes qui arrivent et à la fin de la saison il n’en reste plus qu’une trentaine ; il y a donc un taux de perte très important parce que l’on ne peut pas tous les mettre sur le terrain et bien les accueillir. Il y aussi tous ceux que l’on refuse d’accueillir car nous n’avons pas les capacités humaines en termes d’encadrement pour le faire. C’est normal que des mômes ne veulent pas rester, mais il faut que la perte reste sur ceux qui n’étaient pas fait pour ce sport… le problème c’est que l’on perd aussi des personnes désireuses de pratiquer qui partent parce que l’on n’a pas su bien les accueillir ou s’occuper d’eux.

Pour pallier à cela, le premier axe que je veux porter c’est la formation des hommes et femmes qui font notre sport. J’aime bien la phrase « inscrire la victoire et le succès dans les statuts de votre structure », c’est tout à fait cela. Si on forme de bons dirigeants, de bons entraineurs, de bons cadres administratifs… la structure sera efficace et chacun donnera le meilleur de soi. L’entraineur pourra se concentrer sur l’accueil et le sportif, et pas faire l’administratif ou la course aux subventions, et ainsi nous améliorerons notre encadrement et notre accueil. Si on parle subventions, on se rend compte qu’il y a beaucoup de clubs qui ne sont pas conscients de ce qui existe. La fédération doit donc accompagner les clubs pour trouver des nouvelles sources financières pour qu’ils puissent continuer et grandir sur leur territoire.

J’ai aussi demandé à la DTN (Direction Technique Nationale) d’adapter la formation des coachs pour que cette dernière soit plus accessible, plus souple et qu’elle prenne en compte les changements liés la réforme des BP (Brevet de Professionnel).

Nous avons aussi lancé un axe de développement du nombre de licenciés surtout via le « flag zone » qui est une action « subventionnée » par la fédération : aujourd’hui un club nous dit « je veux lancer une opération de flag zone », nous lui fournissons le matériel. Les ligues, les clubs, les comités départementaux, la fédération fait du flag zone car c’est vraiment un outil indispensable pour toucher un public large.

Enfin, il nous faut démocratiser notre sport, le rendre visible dans les médias afin que notre sport rentre dans les mentalités. Et pour aussi cela je veux m’appuyer sur les anciens qui doivent être les ambassadeurs de notre sport ; je veux vraiment relancer cela et que chaque ancien, avec son style et sa personnalité, soit un ambassadeur de notre sport qui soit une ressource et qui parle avec amour de son sport.

 

FA.com : Au niveau des clubs on a bien compris que l’objectif était de mieux structurer…

M-A.S. : En effet, l’objectif c’est de professionnaliser, car si on a des personnes compétentes on gagnera des licenciés et donc des revenus et donc on pourra pérenniser et mieux se structurer ; c’est un cercle vertueux.  On a donc mis en place une labellisation des clubs et un cahier des charges des compétitions. On a défini ce qu’étaient les compétitions et ce que devaient être les équipes qui y participent. Par exemple, une équipe Elite doit travailler sur toutes les catégories (cadet, junior, senior) et doit avoir un certain degré de structuration. On voulait aussi que les clubs représentent nos trois disciples : foot Us, flag et cheerleading. On a donc incité les clubs à représenter cette diversité.

Le Flag au féminin
Le Flag au féminin

 

FA.com : Et sur la pratique féminine en équipe on sent que cela commence à se développer, bientôt un championnat ?

M-A.S. : Aujourd’hui il y a de la demande, mais on n’a pas encore la taille critique pour faire un championnat. Sur le foot Us féminin, on accompagne et on incite pour l’instant le mouvement car ce sont des initiatives intéressantes. On a continué la même attente il y a quelques années sur un flag 100% féminin ; on a d’abord mis dans le cahier des charges des clubs l’obligation d’avoir des filles dans les équipes flags. Cela a permis de développer la pratique et d’accompagner la demande pour aller progressivement vers une taille permettant de penser à un championnat.

 

 

FA.com : Y a t'il une démarche fédérale spécifiquement autour du public cadet?

M-A.S. : C’est clairement l’avenir ; le cadet est l’avenir de notre sport. On pousse très fort cette pratique cadet en ayant mis une obligation pour les clubs Elite d’avoir une équipe cadet ; en D2 c’est soit une équipe cadet soit une équipe junior. Nous avons aussi mis en place un groupe de travail pour réfléchir à une structuration et une forme adaptée aux pratiques minimes, cadets et juniors. Pour cela on s’appuie clairement sur les clubs car ils ont des compétences et travaillent déjà sur ces catégories. Il nous faudra aussi forcément réfléchir sur les dates de la saison car aujourd’hui la saison arrive très vite et ne permet pas forcément de bien avoir des temps d’apprentissage et d’intégration des mômes qui arrivent.

 

FA.com : Si on prend un peu de distance, au propre comme au figuré, en tant que président vous avez aussi un volet international, comment cela se passe ?

M-A.S. : Il faut déjà dire que je dors moins maintenant que lorsque j’étais joueur. C’est beaucoup de travail, mais cela va porter ces fruits j’en suis sur. Avec les américains cela se passe très bien ; pour eux, je suis l’un de leur produit, je suis des leurs donc ils étaient contents de me voir et leur accueil a été bon. Mais après mon positionnement par rapport à eux cela a été d’expliquer que nous n’étions pas là pour faire l’aumône, que j’étais pas en attente d’eux mais que je voulais qu’on soit des partenaires, ils ont été surpris car ils étaient pas habitué à ce discours. Je leur ai expliqué que notre territoire on le connaissait et qu’on allait développer le sport à notre façon. Mais c’est aussi ce qu’ils attendaient car ils sont habitués à ce qu’on leur demande de l’aide ; donc comme ils ont bien aimé notre positionnement, ils ont commencé à nous voir comme des partenaires. Et donc dans ce cadre là, ils m’ont demandé de travailler sur développement du sport en Afrique.

On a donc pris contact avec 3 pays : le Nigeria, le Congo et le Sénégal. Le Nigéria pour eux c’était important car c’est anglo-saxon et parce qu’il y a beaucoup de joueurs qui viennent de là-bas, le Congo Kinshasha parce qu’ils y a un ancien joueur qui vient de là bas (Patrice Mvamba) et le Sénégal par rapport à mes racines. Et aujourd’hui je suis Directeur du développement en Afrique.

 

FA.com : Et là on part de zéro ?

M-A.S. : Ah oui, on part de zéro. Il y a quelques pratiques marginales autour d’écoles américaines comme à Dakar, quelques joueurs NFL sont partis avec des flags quelques semaines… mais là on part sur tout mettre en place : fédération, club et la pratique au quotidien.

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Demain, nous publierons la suite de l'entretien qui porte sur le coté sportif (Championnat Elite, Coupe du Monde, Equipe de France). 

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En VO :  On this team, we're all united in a common goal : to keep my job. 

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