Selim Baccouche : le "frenchy" de Santa Monica

background
background
le 20/04/2013 à 00:04 par Thomas Depaepe

Avec la signature de Gustave Guilloux en NCAA, nous aurons donc 2 français l'an prochain en université aux USA... mais l'an prochain un autre "frenchy" sera à suivre sur le terrains nord-américains : Selim Baccouche. En effet, le "frenchy" comme on l'appelle à Santa Monica, est en Junior College et la reprise des entrainements a été accompagnée d'une bonne nouvelle pour lui puisqu'il est pour l'instant parmi les titulaires de l'équipe 1... et cela grâce à pas mal d'efforts depuis son arrivée en Californie.

 

Peux-tu nous retracer rapidement ton parcours footballistique en France ?
En France, j’ai joué aux Myrmidons de Ponthierry en tant que Junior surclassé en Senior et aux Flibustiers de Villeneuve-st-Georges en senior première année. Lorsque j’étais aux Myrmidons j’avais fait un bon match contre les Quarks et on m’avait proposé d’aller les rejoindre, mais comme Ponthierry était mon club je n’ai pas voulu changer. J’ai eu une seconde occasion de changer de club à l’issue d’un match contre les Flibustiers où j’avais plutôt bien performé sur le terrain ; à l’issue de ce match, le club des Myrmidons a connu un peu de troubles et les choses ont fait que je suis parti aux Flibustiers.

 

Et comment es-tu arrivé à Santa Monica ?
Après mon bac, mon frère et mes parents m’ont offert la possibilité d’aller étudier l’informatique aux USA. Il a été décidé que je devais viser une faculté vers Los Angeles car mon frère avait un ami là-bas et pour ma famille c’était plus sécurisant. J’ai failli aller à UCLA mais le coût des études y est vraiment onéreux, et lorsque j’ai découvert le Junior College de Santa Monica je suis tombé amoureux du campus que j’ai intégré l’an dernier. Sur ma première année, j’ai fait beaucoup de cours d’anglais afin d’améliorer mon niveau, ce qui fait qu’au lieu d’avoir mon diplôme en 2 ans, je pourrais l’avoir qu’en un peu plus de deux ans.

Selim Baccouche
Selim Baccouche

 

Et en arrivant à Santa Monica tu as tout de suite pensé à jouer au football ?
Non pas vraiment, j’ai plutôt pensé intégrer l’équipe de soccer, mais on m’a expliqué qu’il n’y avait qu’une équipe féminine. En plus, même si j’avais joué en France en D3, la plupart des gens que je connaissais en France me disaient que le niveau était trop haut et que c’était impossible pour quelqu’un comme moi. Mais bon moi quand on me dit que ce n’est pas possible, je veux tenter car les limites se sont celles que l’on se fixe et pas ce que les autres te fixent. Alors j’ai pris contact avec un joueur de la ligne offensive de l’équipe et ce dernier m’a présenté aux coachs et cela a débuté comme cela ; je remercie donc Alexandru Ceachir d’autant que ce gars est un très bon joueur venu de Moldavie et qui évolue maintenant dans la ligne d’UCLA. D’entrainement en entrainement j’ai pris ma place dans l’équipe et pour ma première année j’ai été redshirt.

 

Les débuts n’ont-ils pas été difficiles ? Le travail physique est-il primordial ?
Oui le physique est essentiel : sans musculation, le football américain n’a pas de sens. L’an dernier je trainais une blessure à l’épaule et j’ai pensé la masquer pour ne pas être coupé… mais évidement les coachs ont remarqué tout de suite mon problème. Les kinés et le staff médical m’ont beaucoup aidé et derriére les coachs m’ont fait reprendre tous les basiques. Je me rappelle que je disais : « mais on ne m’a pas appris à faire comme cela » et mon coach me répondait « Mais ton coach français lui, où il a joué ? en NFL ou en NCAA ? je pense pas ». Ici on te fait reprendre tous tes basiques et les coachs te font réapprendre à courir, à te muscler, à jouer… Mais le travail paie car rien qu’en musculation alors que je soulevais à peine 100 kilos l’an dernier  à cause de mes déboitements d’épaules, je suis maintenant à 4x140 kilos avec mes blessures. J'ai parfois quelques subluxations encore mais ça ne m'arrête pas lors de mes exercices de musculation.

 

La mi-avril, c’est la reprise du football en universitaire. Comment se sont passés les premiers entrainements pour toi ?
Très bien car j’ai réussi pour l’instant à être dans l’équipe 1... Mais tout peut changer très vite ici, donc même si j’ai fait un très gros boulot à l’entrainement, il me faut rester à ce niveau. Ce qui est amusant c’est qu’en arrivant au premier entrainement je ne savais pas si je devais aller avec les anciens ou avec les nouveaux vu que l’an dernier j’étais en tryout et donc pas dans l’équipe. J’ai demandé à un coach où je devais aller et il m’a répondu « Shut up fuck up and go with the team » et il m’a dit d’aller avec les anciens. J’ai joué DE Stand sur le premier entrainement et j’ai gagné 2 fois contre un OL All-American de l’équipe et sur 5 courses j’ai fait 3 fois le plaquage… donc c’était vraiment très bien. Si je continue je peux espérer faire la saison avec l’équipe 1. Je dois aussi apprendre les nouveaux jeux et revoir les anciens.

 

Y a-t-il beaucoup de concurrence sur ce début de camp ?
On est environ 120 joueurs par entrainement et on sait que plus de la moitié vont être coupés très vite. Il faut être vif d’esprit tout le temps pour garder sa place et avec la vidéo la moindre faute est disséquée. Lors des entrainements les coachs posent sans cesse des questions : « tu as fait quoi ? Pourquoi tu n’as pas fait cela ? Tu as regardé où ? Tu étais comment au départ ?... » et tu dois répondre sans cesse avec rapidité. Au début cela surprend car tu te dis j’ai fait qu’une petite erreur et on me pose 10.000 questions, mais pour le coach « une erreur, c’est une de trop ».

 

C’est quoi un Junior College et quel est le niveau des joueurs dans l’équipe ?
Le niveau est très bon car il y a beaucoup de joueurs qui ont obtenu des bourses universitaires, des fois pour des facs du meilleur niveau NCAA, mais qui ont échoué aux tests académiques. Ils doivent donc faire une ou deux années de Junior College pour améliorer leur niveau scolaire et ainsi pouvoir intégrer la fac avec leur bourse. Certains joueurs vont obtenir en un an les 40 unités nécessaires pour intégrer la NCAA, mais ce n’est pas évident.

 

Quelles sont les principales différences entre le niveau US et français ?
L’entrainement et la sévérité. Tout est filmé, tout est disséqué et dès que tu fais la moindre faute tu peux être viré de l’équipe. Par exemple, si tu rates un seul entrainement, tu es sorti de l’équipe. Et puis après les entrainements il y a beaucoup de meetings où l’on passe tout au crible car rien n’est laissé au hasard aux USA. La vitesse à laquelle on doit répondre au jeu, comment on se met en place, c’est impressionnant. Les contacts sont plus durs aussi, je me rappelle l’an dernier qu’on m'a cassé une dent (avec un protège dent). C’est ce qui m'a le plus choqué: les contacts entre OL/DL.

 

L’an prochain tu pourras postuler à la NCAA, tu y penses ?
C’est très compliqué pour un joueur étranger d’aller en NCAA, et c’est encore plus compliqué quand tu n’as pas fait ton parcours en High School. Moi j’ai un bac français donc il me faut faire pas mal de documents pour avoir une équivalence, et il me faut avoir le diplôme de Junior College pour aller en NCAA et 60 unités transférables. Ensuite il y a la question de la bourse universitaire. Tout ce que je peux dire c’est qu’aujourd’hui mon plus grand plaisir est de jouer dans la famille de Santa Monica ! Pour la NCAA on verra plus tard. Chaque chose en son temps !

Selim Baccouche
Selim Baccouche

 

Lorsque tu retournes en France, tu aides certains clubs ?
Oui, j’ai été contacté via le net par les Centurions de Chalons et les Kodiaks de Melun et dans les deux cas j’ai pris le temps d’aller les aider sur quelques entrainements. Lorsque j’étais en France j’aurais aimé avoir un joueur qui vient des USA qui m’aide et me rappelle les basiques… donc pour moi c’est toujours un plaisir de faire cette démarche quand je le peux.

 

Un message pour les jeunes qui souhaitent aller aux USA pour le football ?
Mon parcours montre que l’on peut aller Outre-Atlantique et jouer au football. Je ne viens pas de l’Equipe de France, je n’ai pas fait de Pôle… je viens tout juste de clubs de D3 et je n’avais joué qu’un an et demi. Evidement, cela n’a pas été évident, j’ai du passer beaucoup de temps pour me perfectionner en anglais, pour réapprendre les bases même du football américain…  C'est très dur, mentalement et physiquement. Dans ma carrière de sportif je n’ai jamais ressentit une pression aussi énorme que celle que j’ai USA maintenant. J’ai réussi à gérer la pression mais beaucoup de joueurs ont craqué. Je ne vais pas dire que c’est facile, il y a plus de bas que de hauts mais ce n’est pas impossible donc il ne faut pas écouter les autres qui vous mettent des bâtons dans les roues. Comme je le dis, la seule personne qui peut t’arrêter c’est toi même.

... chargement de la zone de commentaire ...

 10.000 dollars à celui qui le sort du match. Ca m'est égal la manière, même si c'est en le frappant avec une bouteille de whisky lorsqu'il sortira du bus.  – Le défenseur des Bears Steve McMichael parlant à ses coéquipiers de Joe Montana.

En VO :  Ten thousand bucks if 'ya knock him outta the game. I don't care if ya hit him with a whiskey bottle when he gets off the bus. 

Suggérer une citation réelle ou fictive pour 10 Bzh !