Olivier Moret : "le staff a bien avancé sur le groupe"entraineur de l'équipe de France Junior

Olivier Moret
Olivier Moret
le 12/03/2013 à 19:50 par Thomas Depaepe

Afin de débrieffer le stage des Juniors tricolores, et à deux semaines de leur match contre une sélection américaine, nous avons demandé à leur entraineur Olivier Moret de nous faire un point sur le groupe "Junior" qui est en train de se constituer et qui ira chercher la suprématie européenne cet été en Russie.

 

Le stage de l'équipe de France Junior a pris fin vendredi dernier, quel est le bilan ? Les objectifs ont-ils été atteints ?

Plus on avance, plus je me dis que l'on a su optimiser le peu de temps dont on dispose et les moyens que l'on a. Mais on n'est pas si mal dans le sens où l'on a transmis aux joueurs plus de la moitié, les deux-tiers environ, des systèmes de jeux en 4 jours seulement. Alors évidement on est bien loin de la perfection, mais l'objectif est atteint : le corps du système est intégré par les joueurs. L'autre objectif était d'avancer sur la sélection des joueurs qui feront le championnat d'Europe en Russie, de trouver et d'identifier des joueurs qui sont prêts physiquement et qui captent vite ce que nous leur expliquons, qui s'investissent dans cette course à la performance ; là aussi l'objectif est atteint car le groupe commence vraiment à émerger. Globalement je suis satisfait : on a rentré le cœur du système et on a évalué les joueurs.

 

Est-ce que le groupe commence à prendre forme dans l’esprit du staff ?

Oui dans le sens où l’on a formalisé entre les coachs un groupe de joueurs que l’on ne rappellera pas dans l’immédiat, et qui deviendront donc des réservistes présent dans le grand groupe dans lequel on est susceptible de piocher des joueurs. Il faut bien comprendre qu’il y a environ 80-90 joueurs que l’on a repéré via le Junior Bowl ou via les contacts avec les clubs, et que cela fait un groupe large avec donc des joueurs que l’on rappellera et des joueurs réservistes. Ce groupe sera enrichi ultérieurement mais probablement pas pour le prochain mini-stage de 3 jours (match compris) ; pour ce prochain stage (NDLR : fin mars), qui précédera le match amical, nous allons partir sur les 59 joueurs appelés à Amiens, moins quelques-uns que nous allons cutter car nous les considèrons trop loin de nos attentes. Par contre pour le stage de fin avril-début mai, là on va inviter de nouveaux joueurs pour compléter le groupe, et ce sera au regard de leur performance en championnat ou des remontées des clubs. Mais pour résumer, le staff a bien avancé sur le groupe et ce, même sur des positions où il y a une forte concurrence.

 

Concernant le match amical face à la sélection américaine, en quoi est-il important ?

Je me suis battu pour que ce match existe car on se plaint souvent, à juste titre, que l’on ne dispose pas de matchs amicaux pour s’évaluer avant les compétitions. Mais ce match amical, ça fait un regroupement supplémentaire par rapport aux préparations précédentes, donc des frais supplémentaires or on n’a pas plus de moyens. Ça constitue un surcoût qui nous oblige a couper des jours de stage à droite à gauche et donc ça explique aussi que l’on ne va pas inviter 5 à 10 joueurs supplémentaires rien que pour ce match.

 

Quel est l’objectif sportif de cette rencontre amicale ? Je suppose que l’objectif principal n’est pas la victoire.

Tu as mis le doigt dessus : l’objectif n’est pas de gagner le match même si on préfère le remporter car on ne met pas le maillot tricolore pour perdre un match. Mais pour le staff, l’objectif premier c’est de pouvoir évaluer les joueurs avec un peu de pression.  La configuration est très proche de celle d’un tournoi où l’on dispose à chaque fois que de 2 jours pour préparer un match. C’est une bonne préparation mentale pour les jeunes de se dire « on est jeudi et on joue samedi une équipe américaine ». On va voir qui est capable de se mettre dans le match très vite, de sortir de son univers personnel pour se mettre dans l’esprit collectif ; et puis ça va être riche d’enseignements de voir qui aura travaillé entre les deux stages et qui aura perdu du niveau physique ou de la connaissance du cahier de jeu.

 

Olivier Moret
Olivier Moret (Thomas Depaepe)

Tu parlais du travail personnel entre les stages, en quoi est-ce essentiel ? et peux-tu nous parler du systéme de suivi à distance ?

Pour progresser et atteindre les objectifs que l’on s’est fixé, on a besoin que les jeunes travaillent chez eux, dans leur club, tout à long de l’année sur le plan tactique et physique. Pour le physique, ce n’est pas que la musculation qui compte, il faut aussi s’avoir s’hydrater, s’étirer et tout cela ce n’est pas qu’en stage que ça se passe. Sur les stages on met du rythme, on peaufine les choses, on « polish » au niveau tactique, des jeux... mais on ne peut pas faire plus.

Au niveau du suivi à distance on a enfin mis en place un systéme qui permet aux jeunes qui n’ont pas de programme de musculation donné par le club ou le pôle, de disposer d’un programme et d’avoir un échange régulier avec Nicolas Prevost pour améliorer leurs performances athlétiques. Ensuite, il faut aussi savoir que les fiches d’évaluations faites par le staff tricolore sera mis sur ce systéme pour être à disposition des entraineurs dans les clubs où évoluent les jeunes et on espère vraiment créer un lien avec les clubs pour leur montrer qu’ils ne sont pas sortis du dispositif de sélection. Certains entraineurs nous contactent et c’est vraiment bien pour disposer d’avis complémentaires. Il est important que l’entraineur de club considère le projet du joueur et pas seulement celui du club ; l’athlète doit passer avant tout et donc c’est essentiel que les clubs nous fassent des retours. Enfin, il y a l’outil technique Huddle qui est mis en place pour les Juniors et qui permet de corriger à distance les joueurs grâce à l’échange de vidéos. Ce sont des moyens qui permettront de vraiment progresser et on verra aussi qui sont les joueurs accro à leur projet d’athlète et ceux qui sont plus des consommateurs.

 

Le groupe est assez varié : des âges différents, des projets différents, des niveaux de clubs d’origine différents… comment on crée une unité ?

Cela se fait au fur et à mesure. Le premier stage est un peu particulier : il y a un grand nombre de joueurs donc l’équipe a forcément un peu de mal à se constituer, en plus ils sont tous encore en concurrence donc cela n’aide pas à l’unité. Lorsque l’on annoncera les 45 et que le groupe sera constitué, ce sera beaucoup plus facile et à ce moment là. On insistera beaucoup sur le fait qu’ils doivent vivre ensemble, manger ensemble, discuter ensemble… Sur le groupe présent lors du stage d’Amiens, j’ai trouvé qu’il y avait déjà quelque chose qui se créait même s’il existe de grosses disparités de niveaux et d’objectifs, et surtout j’ai l’impression qu’il y a des joueurs qui savent très bien ce qu’ils veulent et qui s’en donnent les moyens. Si tu interroges la soixantaine de joueurs présents, tous vont dire « je veux être champion d’Europe », mais lorsque tu leur demandes ce qu’ils vont faire pour le devenir, tu verras clairement qu’il y en a qui sont moins prêts que d’autres. Lors des entretiens individuels faits par les coachs, on remarque très vite que certains ont mis en place des programmes depuis le Junior Bowl car ils savent qu’ils sont dans le groupe France : certains ont améliorés leurs tests entre le Junior Bowl et le stage d’Amiens… ça prouve leur investissement et ils sont dans le process de dire « je ne me prépare pas que pendant les stages, je veux être champion avec mon club et faire le championnat d’Europe ». D’autres se sont montrés au Junior bowl, ont des qualités, mais n’ont pas encore le sérieux et la démarche… j’espère que l’on ne va pas se tromper au moment du cut.

 

Pour les « anciens » qui ont déjà fait des campagnes en bleu, n’y a-t-il pas un risque de « suffisance » ?

Aucun entraineur ne laisse transparaitre cela. On a évidement déjà vécu une aventure commune avec certains d’entre eux, mais quand ils font des conneries on est encore plus vache avec eux car ils connaissent le système contrairement à ceux qui viennent juste d’arriver depuis 3-43-4
formation défensive avec 3 linemenLinemen
littéralement, les hommes de la ligne (de scrimmage). Il y a les linemen offensifs et les défensifs. Ils s'opposent dès le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.
donné.
et 4 linebackers.
jours. Ceci dit, je trouve que les jeunes qui sont des « anciens » sont vraiment dans le tempo et dans l’esprit et aucun n’a pris la grosse tête… de toute façon, le premier qui prend la grosse tête, on va vite lui dégonfler.

 

Pou information, nous vous livrerons sur les prochains jours des interviews de joueurs espoirs qui ont fait le stage d'Amiens.

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