Robert Duruoha : "il faut nous laisser le temps de la maturité"Defensive-End des Molosses D'Asniéres

Robert Duruoha inflige un sack
Robert Duruoha inflige un sack
le 25/04/2013 à 00:25 par Thomas Depaepe

Cette saison il y a pas mal de joueurs qui « explosent » sous les projecteurs de l’Elite et qui se font un nom dans le cœur des fans du Casque de Diamant : Stephen Yepmo, Javier Kavena, Alexis Lanchantin, Dorian Marius… Mais il y a aussi un DE des Molosses qui progressivement et à force de travail enchaine les bonnes performances. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Robert Duruoha, faisons les présentations !

 

Avant de parler de la saison 2013, peux-tu nous parler un peu de ton parcours ?

Avant de jouer au foot US, j’ai fait 8 ans de basket au poste de pivot ; le problème c’est que je ne finissais jamais un match car je commettais trop de fautes, j’étais trop physique au goût des arbitres. Donc quand mon petit frère m’a parlé de foot us on a changé ensemble de sport. Je suis arrivé en dernière année cadet aux Molosses et ça c’est bien passé de suite : j’étais linebackerLinebacker (LB)
joueur de la défense polyvalent qui constitue le 2ème rideau défensive.
et on m’a vite parlé de l’Equipe de France. Mais pour moi l’Equipe de France ce n’était pas encore mon objectif, je venais juste de débuter et je ne me sentais pas prêt. J’ai quand même fait des stages avec les Juniors tricolores dans la perspective de la compétition mondiale de Canton (USA) mais je revenais de blessure et je n’ai pas été conservé dans le groupe.

 

Et donc cette année tu es Defensive End en Senior chez les Molosses…

Oui c’est ça. L’an dernier je n’ai pas joué pour favoriser mes études, et je suis revenu qu’en début d’année aux Molosses. Vu que j’arrivais en Senior et que j’avais un an de break derrière moi je ne m’attendais pas du tout à être en Equipe 1 et encore moins être titulaire. Lorsque le coach m’a dit que j’allais être en Elite en tant que DE titulaire, j’ai été très surpris et j’ai demandé si c’était bien réaliste. Avec le soutien des coachs et beaucoup d’entrainements j’ai pris progressivement ma place en ligne défensive. Personnellement, je suis quelqu’un de perfectionniste : le résultat m’importe moins que la manière. Dés fois je reviens sur la touche et on me dit par exemple « bien joué sur le sackSack
plaquage du QB dernière la ligne de scrimmage (perte de terrain).
» mais dans ma tête je me dis que ce n’est pas vrai parce que même s’il y a eu le sack, je n’ai pas forcément bien fait le mouvement… je passe donc beaucoup de temps à l’entrainement, ou même tout seul, à faire, refaire, refaire encore et encore les mouvements afin qu’ils soient comme naturels et automatiques. On ne peut pas être parfait en continu, mais on doit toujours viser la perfection et c’est ce que j’essaye de faire.

 

Au basket on touche souvent la balle, alors qu’en défense tu ne vois que rarement le ballon… tu n’aurais pas preféré être receveur comme le sont beaucoup d’anciens basketteurs ?

Non pas du tout, ce que j’aimais au basket c’était le contact ! Toucher la balle ne m’intéressait pas et si j’étais pivot c’était pour avoir du corps à corps, pour me battre en défense afin d’arracher la balle ou faire des rebonds… donc la défense c’était évident pour moi. Et puis maintenant le foot US c’est devenu tout a fait logique pour moi, je joue à ce sport par passion : c’est presque comme une drogue qui vous fait revenir sans cesse sur les terrains car on aime vraiment ça.

 

Le passage de Junior à Senior n’a pas été difficile pour toi, d’autant que tu as eu une année de break ?

C’est certain que les gabarits ne sont pas les mêmes et que ça change les choses. Mais les Molosses sont une équipe qui mise beaucoup sur la formation et la continuité donc ça aide. Depuis que je suis cadet, je vois les coachs Senior aux entrainements : ils viennent pour aider, pour indiquer aux jeunes la direction vers les Seniors. Ce travail sur le long terme crée un sentiment de continuité. Ceci dit, il est vrai que c’est différent de jouer en Junior et en Senior : lorsque j’étais en Junior je jouais beaucoup sur mon poids afin de l’utiliser face à l’adversaire, mais là je suis presque dans les légers alors que j’avais l’habitude d’être dans les plus lourds en Junior.  Mon poids n’est plus ma principale force ; la vitesse est devenue ma force ce qui a changé des choses dans mon jeu ; la lecture du jeu aussi est différente.

Robert Duruoha
Robert Duruoha (Thomas Depaepe)

Depuis le début de l’année, tu connais pas mal de réussite. Quels sont les moments forts de ta saison jusqu'à présent ?

Je me souviens de tous les matchs et de tous les tackles que j’ai eu en face de moi. Personnellement celui qui m’a le plus marqué c’est le tackle gauche des Cougars : Dennis Godfrey. En termes de match, je dirais que j’ai deux souvenirs très forts : la victoire contre les Dauphins et la défaite contre les Templiers au match aller. A Nice c’est probablement là où j’ai pris le plus de plaisir avec la descente de toute l’équipe en car sur la Côte d’Azur : on était tous ensemble, on a dormi dans le car, on a été soudé et sur le terrain le match c’est vraiment bien passé. A l’inverse la défaite aux Templiers cela m’a apporté une leçon : j’ai tout donné du début à la fin, j’ai fait des actions dont j’étais satisfait… et au final on a perdu. Ça m’a prouvé, s’il en était besoin, qu’il faut toujours se remettre en question et continuer à travailler.

 

A 21 ans, tu fais parti des jeunes de l’équipe, comment ça se passe avec tes partenaires comme Bernard Diouf ou Arnaud Couanon qui sont plus expérimentés ?

Quand on est jeune, on s’appuie forcément sur l’expérience des autres. Mais ce qui est bien dans l’équipe c’est que les anciens ne te mettent pas non plus une pression constante sous prétexte que tu es un nouveau : ils t’accompagnent et assument une grosse partie de la pression sur leurs épaules car ils se sentent d’être des leaders, et en tant qu’anciens ils savent que l’on attend beaucoup d’eux. Ça te rassure de les savoir aussi impliqués et engagés, et pour quelqu’un comme moi qui ne me sens pas du tout une âme de leader aujourd’hui, c’est très agréable. En plus, même si certains sont appelés en Equipe de France, il n’y a aucune césure entre nous : on est tous des Molosses, on est 11 sur le terrain quelque soit le niveau d’expérience ou le statut tricolore.

 

Justement l’Equipe de France, tu y penses ?

Non je ne pense pas avoir le niveau pour y être. Je viens tout juste d’arriver en Senior et je suis en apprentissage de mon poste donc ce serait prématuré d’y penser aujourd'hui. Dans 2-3 ans, lorsque je serais plus expérimenté et que j’aurais prouvé ma valeur sur le terrain, je verrais s’ils m’appellent et j’irais évidement si c’est le cas. Mais pour l’instant, c’est tout à fait prématuré.

 

Pour finir, les Molosses à domicile sont une équipe vraiment difficile à manœuvrer. Une explication à cela ?

C’est difficile a dire, on se sent porter lorsque l’on joue à la maison ; on se sent comme investi d’une mission lorsque l’on joue chez nous, on a le sentiment d’avoir quelque chose à défendre, que l’adversaire doit ressortir de chez nous. Alors qu’à l’extérieur c’est comme si on jouait plus facile... tout cela est difficile à expliquer. Maintenant c'est peut être aussi lié à notre défaut de maturité : les coachs nous le rappellent sans cesse. On est un groupe assez jeune, et cette jeunesse est à la fois notre force car on est très agressif, plein d’énergie mais aussi notre faiblesse. Il faut nous laisser le temps de la maturité, on ne peut pas brûler les étapes et aller plus vite.

... chargement de la zone de commentaire ...

 S'ils jouent salement, alors vous jouez salement aussi.  – Lawrence Taylor

En VO :  If they play dirty, then you play dirty. 

Citation réelle proposée par Guillaume. Suggérer une citation réelle ou fictive pour 10 Bzh !