Chronique UK : Entre Luck et image des françaisLe journal de Julien Lorelli des Cheetahs (D2, Angleterre)
Régulièrement, notre “frenchy” de Watford nous livre sa vision du Foot US “made in England”… mais cette semaine un américain vient à nouveau se glisser dans sa chronique : après Daunte Culpepper il y a une dizaine de jours, c’est Andrew Luck qui était sur les rives de la Tamise… alors que les Cheetah descendent au classement de la D2 anglaise.
"Enchanté to meet you Mr Luck"
Je vous ai déjà parlé de la fameuse petite case à cocher qui m’avait ouvert les portes d’une soirée privée des Jaguars. La voilà encore qui s’immisce dans mon agenda. En effet, la NFL-UK organisait dernièrement une soirée avec pour guest-star Andrew Luck. Pas si mal comme guest-star. Ni une ni deux, j’invite le quarterback de mon équipe à se joindre à moi et nous nous retrouvons dans cette salle de conférence, dans le centre de Londres, pour une soirée qui s’annonce prometteuse.
Après un film de présentation sur les Colts, narré par Chuck Pagano lui-même et spécialement tourné à destination des Fans anglais, Andrew Luck a calmement pris la parole en évoquant le combat contre la leucémie de son entraineur et sa joie de revenir dans le pays où il a passé une partie de sa jeunesse.
S’en est suivie une séance de questions-réponses avec les nombreux fans présents ce soir-là, avec des questions aussi diverses que variées telles que :
- Pensez-vous que Richard Sherman soit un abruti ? (son ancien coéquipier à Stanford qui fait souvent parler de lui dans la presse anglaise pour son arrogance)
A.L :« Non, il a le sang chaud c’est tout. »
- Qu’est-ce que vous êtes venu faire dans ce trou paumé qu’est Indianapolis ?
A.L :« Les gens y sont sympas et au pire Chicago n’est pas loin. »
- Que pensez-vous de la polémique « suck for Luck » ? (Certains accusaient les Colts de perdre volontairement leurs matchs en fin de saison 2011 pour avoir un meilleur tirage pour le Draft 2012 et ainsi le choisir comme QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs., ils ont terminé à 2 victoires et 14 défaites tout de même.)
A.L : « Ce sont des c***eries, vous n’avez pas de questions plus intéressantes ? »
Effectivement, les Fans UK sont assez directs et friands de polémiques en tout genre mais « c’est ce qui fait leur charme » a ajouté le présentateur de la soirée.
Pour agrémenter le tout, il est ensuite parti sur un exposé très intéressant sur le mouvement de drop-back (le recul) du quarterback après le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.. Il a décortiqué tout ce qui lui passait par la tête lors des différentes phases, et les multiples options possibles sur 3, 5 et 7 pas. L’importance du premier pas en arrière qui devait être suffisamment grand pour s’éloigner du « bordel » de la ligne et l’orientation des pieds pour garder l’équilibre malgré la pression.
Un fan a également évoqué le fait qu’il devait passer derrière Peyton Manning, un des meilleurs QB de sa génération. Andrew Luck ne semblait pas troublé mais il a avoué que malgré tout, il gardait ça en tête pour progresser. Les Fans des Colts et tout le staff ont apparemment su lui témoigner confiance et « amour » afin qu’il se mette rapidement au service de l’équipe.
Une séance d’autographes plus tard et avant de prendre congé, il nous livre une dernière anecdote tournée en autodérision. « J’allais avec des amis en boite de nuit à Soho (quartier branché de Londres), et comme à mon habitude je suis allé voir directement le videur pour lui demander si je pouvais entrer directement. Le videur m’a dit : « T’es qui toi ? – Euh, ben je suis Andrew Luck le quarterback des Colts…c’est du football américain. - Et bien Mister Luck, pas de chance, ici on est en Angleterre, alors tu fais la queue comme tout le monde.»
Nul n’est prophète en son pays ? Ni chez les Anglais alors :)
Sportif et réputation française
Ce qui m’amène à vous parler de mon intégration en tant que Français dans cette équipe anglaise des Cheetahs. Nous sommes deux Français dans cette équipe, un collègue de boulot que j’ai présenté et qui s’occupe d’assister le coach défensif et de filmer les rencontres. On reste évidemment les frenchies de service et les plaisanteries vont toujours bon train. Certains clichés ont la vie dure :
- On sent l’ail et on ne se lave pas (ils ont trop regardé Manon des Sources).
- On capitule à la moindre occasion (ils n’ont en mémoire que la dernière guerre).
- Paris = Disneyland (Le Louvre, Notre Dame,… ils ne connaissent pas trop).
Mais tous font l’effort de me baragouiner quelques mots en français en guise d’encouragement : « Sacrebleu ! » « Tu es magnifique Monsieur ! », « Bonjour ma petite dame ! » ( ?!?) « Oh La la ! » « Vive la France !»… voici en gros l’étendue de leur répertoire.
Mon niveau d’anglais est correct mais la barrière de la langue subsiste notamment quand on est sous le coup de l’émotion et qu’on veut motiver les troupes. Se mettre en colère et faire rire sont des exercices qui demandent maitrise et vocabulaire, sinon ça tombe complètement à plat, croyez-moi !
Du côté des terrains, nos vieux démons ressurgissent et il semblerait que malgré de très bonnes premières mi-temps, on se crispe dès que l’adversaire revient dans le match pour finalement laisser filer la victoire. Nous sommes redescendus au classement affichant un compteur à mi-saison de 2 victoires et 3 défaites. L’accès aux play-offs n’est pas perdu pour autant, mais il va falloir compter sur les autres résultats pour nous aider. Nous ne sommes plus maitres de notre destin, yes indeed.