Exposition photo autour du Tonnerre de BrestRencontre avec Juliette Villard, photographe

Le Tonnerre de Brest
Le Tonnerre de Brest
le 29/03/2012 à 00:32 par Thomas Depaepe

A partir du 31 mars, une exposition présentera à la Médiathéque de Lambezellec (Brest) le travail que la photographe Juliette Villard a réalisé en collaboration avec le club du Tonnerre de Brest. Cette photographe offre un regard différent sur notre sport, sur notre culture aussi… il était donc bien normal de lui donner la parole et de vous faire (re)découvrir son travail.

 

Pour commencer, pouvez-vous nous dire comment vous en êtes arrivé à la photo ?

J’ai toujours eu un penchant pour la photographie mais j’ai lutté pour ne pas faire un parcours 100% photographique lors de mes études à Lausanne. J’ai en effet préféré faire une filière de Design et de Graphisme à l'ECAL (École Cantonale d’Art de Lausanne). Après mes études j’ai retrouvé le chemin de la photo et après quelques temps dans le graphisme et la décoration de théâtre, je suis maintenant photographe en freelance.

 

Pourquoi ce retour à la photo ? Qu’est-ce qui vous séduit dans la photo ?

C’est une très bonne question ! La photo permet un accès plus rapide à l’émotion, au spectaculaire ; c’est la force d’une bonne photo de retranscrire une émotion et de la rendre accessible très vite.

 

Et pourquoi le foot-us occupe-t-il une place dans vos photos ?

En fait c’est personnel car j’ai un cousin qui est un passionné de foot-us ; je me rappelle donc que quand j’étais plus jeune, j’adorais consulter les magazines qui étaient chez lui pour voir les belles photos d’action, de joueurs. Mais c’est aussi esthétique car le football est un sport très spectaculaire et très visuel ; les actions en elle-même sont spectaculaires, le mouvement, les uniformes… tout ceci contribue à forger une ambiance et une image très attirante. Un joueur avec un équipement c’est une image très spectaculaire… cela ressemble presque à un militaire de l’espace, à quelque chose qui sort du monde commun. On peut facilement s’imaginer des choses, construire un imaginaire autour de ce sport.

 

Les joueurs investissent le phare de la pointe du petit minou
Les joueurs investissent le phare de la pointe du petit minou

Cela renvoie aussi, comme dans votre travail, à l’Amérique ?

Oui, aux valeurs de l’Amérique, à l’impérialisme, à la force, à la puissance. J’aime bien le décalage entre une culture européenne plus douce, et l’organisation folle de ce sport aux États-Unis avec la spécialisation des postes qui me rappelle presque l’armée et son organisation.

 

C’est vrai que dans vos images, il y a un imaginaire militaire autour du foot-us.

Avec Christophe Deudon (Président du Tonnerre de Brest) ont a joué sur le passé militaire de la ville de Brest, sur les parallèles entre foot-us et armée. Mais ce n’était pas l’idée première du projet ; en effet, nous voulions jouer sur le décalage entre la ville de Brest et l’attachement des joueurs à la culture américaine. Sur certaines photos on voit les joueurs qui sont sur la plage comme échoués en attendant que les américains, que des cousins éloignés, viennent les chercher et les ramener au pays… Mais en même temps,  les joueurs sont très attachés à la France, à la Bretagne, à Brest. C’est pour cela que l’on voit souvent le drapeau français sur les images. On montre la France dans une passion aux goûts d’Amérique, on montre que ce sont des gens qui ont un décalage entre leur vie bien française, leur ville, et leur passion.

 

Pourquoi Brest ?

J’ai longtemps habité à Genève qui est une ville très cosmopolites, ou la mixité des populations et des milieux sociaux est très forte… or Brest est une ville beaucoup plus « fermée », plus isolée aussi car c’est très compliqué pour y aller. On a l’impression d’être au bout du monde… mais on a aussi le rêve américain juste en face. C’est pour tout cela que Brest incarnait ce choc entre deux images, entre deux mondes.

 

Il y a aussi l’idée de montrer ce côté américain à la sauce française dans le cadre d’une exposition à Denver ?

Oui car c’est tellement incongru pour les américains de penser qu’il peut y avoir des gens qui pratiquent ce sport loin des USA ; nous voulions donc montrer aux States la manière dont leur sport est réapproprié et se fond dans le paysage français. Il faut préciser que cela est un peu le fruit du hasard, car j’ai rencontré dans un avion le président du comité du jumelage Brest/Denver et c’est de là qu’est née l’idée d’une exposition des photos à Denver au niveau de l’alliance française et de certains lycées français aux Etats Unis. J’espère que cette exposition verra le jour, tout comme un livre retraçant ce travail ?

 

Vous aviez déjà fait des photos proches avec le club des Seahawks en Suisse, le travail sur le Tonnerre de Brest est-il une prolongation de ce travail ?

Cela a un rapport évidement car le travail que j’avais fait en suisse avait été très apprécié et j’avais eu de bons échos. Mais avec le Tonnerre l’idée c’était d’aller beaucoup plus loin : il ne s’agissait pas que d’esthétique ou des photos, mais comme je l’ai dit de raconter une histoire.  Cela a été possible grâce aux joueurs qui ont été très disponibles, très ouverts et qui m’ont fait une grande confiance sur la mise en scène et sur la construction des images.

 

Pour ceux qui veulent avoir un aperçu plus complet du travail de Juliette Villard, son site : http://www.thejudge.ch/new/expo/

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En VO :  No matter how great you are, the next great one is already sitting there waiting to take your place. 

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