L’homme qui fait tout de ses dix doigts !Interview de Sylvain, ostéopathe à l'EIFA

Sylvain l'ostéopathe
Sylvain l'ostéopathe
le 07/07/2011 à 23:21 par Thomas Deligny

Sylvain, ostéopathe, était présent sur le camp pour assurer les premiers soins médicaux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a eu beaucoup de travail ! Entre les straps et les massages, il a bien voulu répondre à nos questions.

 

Footballamericain.com : Sylvain, quel est votre rôle sur le camp en tant qu’ostéopathe ?

Sylvain : C’est de soigner les athlètes et d’adapter au mieux les contraintes auxquels ils sont exercés. Il y a la préparation des straps, leur maintien et leur ajustement pendant les temps de jeu.

FA.com : Etes-vous conseiller sportif dans le staff ?

S. : Un peu car chaque type de mouvement est associé à chaque type de poste donc j’essaye de gérer quels types d’actions et de mouvements le joueur va faire et c’est surtout ce côté là qui est à rechercher. Il est possible que j’ai un rôle de suivi dans l’année et que l’on reparle de cet aspect avec Frank.

FA.com : Avez-vous parlé avec les joueurs de leur hygiène de vie, sommeil, nutrition… ?

S. : Non pas trop. J’interviens vraiment dans mon domaine : tout ce qui concerne les « tampons ».

FA.com :  Les différences de préparations physiques ne sont-elles pas dangereuses ?

S. : A votre avis ? Il y a des feuilles de route à avoir et des protocoles à respecter en entrée et en fin de jeu. Les étirements, par exemple, doivent être respectés. Il faut éduquer les joueurs sur ces détails car ils récupéreront plus vite et éviteront de se blesser. Certains venant de clubs n’ont pas encore ces automatismes.

FA.com : Les joueurs doivent donc se préparer avant de venir à ce stage ?1

S. : C’est certain. Lorsque tu te prépares début septembre et mi-août cela change tout pour la suite de la saison. Ceux qui débutent avant sont rapidement un créneau au-dessus et pourtant ce n’est que du détail. Ils ne le payent pas par la suite sur le collectif. Ils vont peut-être se blesser très tôt mais ils reviendront très vite ou bien ils tiendront très longtemps. Dans les clubs où il n’y a pas cette préparation c’est blessure sur blessure… 

Sur ce stage il faudrait que les joueurs se préparent avant pendant au moins une semaine, qu’ils se mettent dans le bain et qu’ils comprennent qu’ils vont prendre des tampons. Il faut les tenir les cinq jours ! Ce n’est pas rien, ils n’ont qu’une après-midi et une soirée pour récupérer. 

Massages sur le terrain
Massages sur le terrain (Thomas Deligny)
 

FA.com : Quels sont les dangers pour un athlète qui fait un tel camp ?

S. : Les gros tampons peuvent éventuellement amener des hémorragies internes sur les parties molles, des fractures peuvent être irréversibles sur certains traumatismes même si les joueurs sont bien équipés au niveau des protections, on n’est jamais à l’abri.

FA.com : Faudrait-il un kiné supplémentaire sur le stage ?

S. : Ce serait bien en effet. Les joueurs ne sont pas très nombreux mais il y a quand même une grosse affluence le matin, pendant les temps de pause et j’ai beaucoup de cas à gérer en même temps. Un coup de main en plus ne serait pas négligeable. Un préparateur physique permettrait à chaque individu de préparer ses mouvements, ses actions au sein de l’équipe.

 

« J’ai quand même une responsabilité ! »

 

FA.com : Il y a des blessures spécifiques au Football américain ?

S. : Tout ce qui concerne les chevilles, les genoux : ce sont les premières parties du corps qui sautent. Les joueurs sont bien protégés au niveau des épaules. Après, les tendinites peuvent apparaître car elles sont dues à la répétition des actions. Les charnières au niveau des coudes prennent également beaucoup de chocs pendant les blocs. 

FA.com : L’importance de la surface sur laquelle on joue peut-elle être un facteur de blessure ?

S. : Bien sûr, sur les points d’appui. Il vaut mieux jouer sur du synthétique avec des bons crampons car tu as au moins le rebond contrairement à la pelouse. La réaction au sol est ce qu’il y a de plus important.

FA.com : Ce stage t’a-t-il appris quelque chose au niveau de ta pratique ?

S. : Bien sûr, j’apprends à travailler dans l’urgence, à cerner les priorités, à voir ce qui est à exclusion totale en mettant les doigts deux secondes dessus. La relation avec le coach est particulière également. On a cette part de responsabilité lorsque l’on conseille l’entraîneur : « Il faut qu’il se repose deux semaines » ou « il vaudrait mieux qu’il attende… ». C’est très compliqué surtout qu’il y a plein de paramètres à prendre en compte au fil du temps.

FA.com : Les joueurs peuvent passer outre ?

S. : Ce sont eux qui ont la décision mais je peux avoir un véto via le coach. J’avertis les deux après c’est la balance ! Mais j’ai quand même une responsabilité. Ici, des joueurs m’ont écouté et n’ont pas joué pendant deux jours. Aujourd’hui ils peuvent faire l’opposition.

FA.com : Et plus personnellement ?

S. : J’adore la cohésion de groupe, tout ce qui est collectif. J’ai fait beaucoup de sport individuel et je me retrouve plus dans les sports collectifs : quand un tombe, tout le monde tombe… c’est un peu ce côté fraternel du rugby qui me plaît.

 

1 Tous les participants au camp ont reçu un cahier de préparation physique afin de se préparer au mieux. Mais tous ne l’ont pas entièrement suivi.

 

 

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