Jean-Philippe Eldin revient sur la belle saison des CenturionsHomme de ligne des Centurions de Nîmes
A quelques jours de la finale D2 qui opposera, une fois n'est pas coutume, deux futurs promus en Elite, nous avons souhaité revenir avec l'un des joueurs cadres des Centurions sur la belle saison des Nimois. Place donc à l'homme de ligne de l'équipe des Centurions et des tricolores : Jean-Philippe Eldin.
Lors du match de barrage contre Grenoble vous avez gagné votre ticket pour l’Elite. Mais ce qui a marqué c’est la performance de Freddy Marcin sur les playoffs et le retour de votre jeu au sol.
C’est le mot car c’était extrêmement chaud dans la cuvette de Grenoble et on eu un temps vraiment d’été. Les Centaures c’était une équipe contre qui on a joué il y a encore 3-43-4
formation défensive avec 3 linemenLinemen
littéralement, les hommes de la ligne (de scrimmage). Il y a les linemen offensifs et les défensifs. Ils s'opposent dès le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB. donné. et 4 linebackers. ans en D2, mais là c’était différent car c’était pour retourner en Elite. Sur le match, on a eu une grosse performance de Freddy et Sandy Marcin qui sont deux de nos impacts players, mais aussi de nos imports et plus globalement de tout le monde. Le retour au premier plan du jeu au sol de Freddy Marcin nous a fait beaucoup de bien car c’est notre marque de fabrique et cela a encore payé. Après un jeu plus orienté vers la passe grâce à notre QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs. américain qui est un très bon lanceur, on a repris du terrain du sol en playoffs. Freddy a mis plus de 100 yards à chque fois dans les deux derniers matchs, ce qui a rééquilibré le jeu et a fortement contribué à notre succès final.
Vos imports ont aussi fait preuve d'une grosse efficacité cette saison. Vous avez semblé passer un cap grâce à eux et quelques unes de vos recrues de l’intersaison.
Bobby Adamson nous a en effet fait passer un cap car il a comblé l’une de nos faiblesses en nous permettant de jouer beaucoup plus par les airs. On savait que l’on avait des armes en receveurs, mais c’est Adamson qui les a exposés au grand jour. Quant à Bradley Daye qui revenait pour sa seconde saison avec nous, c’est un très bon DB et associé avec Sandy Marcin, qui est arrivé à l’intersaison pour rejoindre son frère, ce duo fonctionne très bien. Ils ont été l’une des meilleures paires défensives du championnat de D2 cette saison. On verra l’an prochain en Elite, mais clairement Adamson, Daye et Sandy Marcin ont été des recrues décisives pour que nous passions un cap.
Malgré tout, si on regarde votre saison on se rend compte que vous avez commencé assez « doucement » malgré votre statut de favori côté Sud. Une explication à cela ?
On était une équipe tournée vers le sol et on ne connaissait que ça : on a quand même gagné un titre national en ne lançant que 3 ballons en finale. Et donc la transition vers un jeu plus aérien a pris un peu de temps d’autant qu’il fallait que Bobby Adamson s’acclimate à la vitesse du jeu en France et à l’équipe. Cela explique le début de saison moins flamboyant que prévu, mais ensuite on a pris notre rythme et on est monté en puissance jusqu'à aujourd’hui.
Une autre équipe est montée en force au fil de la saison, ce sont les Argos que vous avez battus en finale Sud. Une réaction sur leur redressement spectaculaire ?
Je leur tire mon chapeau car on ne s’attendait pas forcément à les voir enchainer 7 victoires de suite. On savait qu’Aix serait une équipe difficile à jouer car ils avaient du talent avec des joueurs comme Adrien Ortu, Bounouar Mellak ou des Juniors très costaux qui montaient, mais ils ont comme nous mis du temps pour se roder avec leurs imports et en particulier leur coureur a mis du temps à se mettre dans le bain. Une fois acclimaté, leur coureur a été prodigieux et il nous a passé 270 yards au sol sur le match aller ! L’autre élément a été le retour de plusieurs anciens en ligne et cela a aidé leur jeu à s’améliorer.
Justement votre ligne offensive a été pas mal remaniée ces deux dernières saisons. Est-elle prête pour l’Elite ?
Le gabarit est là. La venue de Clément Rabache qui connait l’Elite et à gagner un titre avec les Spartiates est un plus, on a deux gros bébés en Tackle… mais c’est vrai qu’il faut encore que l’on travaille sur la vitesse d’exécution car c’est quelque chose d’essentiel pour passer de la D2 à l’Elite. Mais la ligne est l’une de nos forces et on va travailler pour que ça le reste.
Revenir en Elite, plusieurs joueurs comme toi l’attendaient depuis plusieurs années. Qu’es- ce que cela fait d’avoir son ticket en poche ?
C’est important pour le club, pour montrer que malgré toutes nos aventures, que malgré le fait qu'on ait failli descendre en D3 et que certains nous voyaient déjà en Régional, on est toujours là et l’an prochain on sera au meilleur niveau. On est plusieurs anciens qui sont comme moi depuis 15 ans au club et tous sont restés pour le club malgré la tempête. Mais si on monte, on sait aussi qu’il va falloir redoubler d’effort pour améliorer la structuration du club : on sait que l’administratif est en retard, mais l’avantage c’est que l’on le sait et que donc on va pouvoir s’atteler à cette tache. Le sportif va bien, mais un club et son succès se construisent dans la durée, avec un staff formé, avec des gars diplômés, avec des sponsors… tout ce sur quoi on doit travailler aujourd’hui. On doit aussi travailler sur les sections jeunes afin de renforcer nos Juniors à 11, de continuer la démarche benjamin/minime engagée cette saison. On sait qu’il y a un taux de perte important entre les Juniors et les Seniors, on sait aussi qu’un joueur qui commence cadet arrive plus mature en Senior qu’un joueur qui commence Junior un an ou deux avant de passer Senior. Donc pour pérenniser le club à long terme il faut que l’on travaille sur les sections jeunes.
Et personnellement, quel est ton sentiment sur ce retour en Elite ?
Depuis 2004 je suis en Equipe de France et je n’ai disputé qu’une seule saison en Elite durant cette période. Je ne regrette pas du tout d’être resté aux Centurions, c’est mon club et même si j’étais en D2, j’ai toujours tout fait pour rester dans le groupe France et si l’Elite était un objectif c’était un objectif collectif pour le club.
Vous avez un effectif assez restreint et composé d’une quinzaine de joueurs présents depuis de nombreuses années. N’est-ce pas un risque pour le passage en Elite ?
Je ne pense pas car la profondeur de banc n’est pas forcément un handicap quand on voit les Black Panthers. Cette équipe a fait 4 finales avec un effectif qui n’est pas colossal. C’est un peu un exemple pour nous car ils jouent avec leurs valeurs, ils jouent avec une grande solidarité et c’est une équipe qui a une très bonne ambiance. Ceci dit il est vrai que l’on a une bonne partie des joueurs qui ont fait la demi-finale Junior 2002 mais que depuis on a jamais intégré énormément de jeunes sur une seule et même année ; on intègre 2-3 joueurs par saison, on a quelques transferts on n’a pas encore de nouvelle génération qui a repris le flambeau de la mienne.
Il vous reste un match à disputer avec Nîmes cette saison, c’est la finale D2 nationale. Comment abordez-vous ce match ?
Avec beaucoup d’attente car un titre D2 c’est important pour la visibilité du club et c’est une vraie finale car les deux clubs seront en Elite l’an prochain. Il faut faire passer un message à travers cette finale car c’est déjà le début de la saison Elite 2014 et celui qui l’emportera marquera les esprits. On va la jouer à fond et ce sera un test important face à une équipe qui dispose d’un très solide coaching staff et qui a un bon niveau de jeu.
Après cette finale face aux Météores, tu rejoindras les Bleus pour le match contre Agustana. Je suppose que c’est une très belle opportunité de jouer contre une équipe américaine ?
C’est une très bonne préparation par rapport à d’autres matchs que l’on a pu jouer contre la Suède ou le Royaume Uni. C’est en rencontrant des équipes de haut niveau que l’on pourra se jauger et progresser. Les Allemands rencontrent le Japon, les Autrichiens rencontrent des facs américaines… donc c'est bien que l’on ait cette démarche car c’est en jouant les plus costauds que l’on devient plus costaud.