"Nous restons des passionnés avant tout !"La parole à Sébastien Plisson, l'Arbitre Principal de la finale

Sebastien Plisson arbitrant les Molosses
Sebastien Plisson arbitrant les Molosses
le 17/06/2011 à 15:55 par Thomas Depaepe

A 24h de la finale Elite qui se dispute à Charlety (15h), nous avons eu le plaisir d’échanger avec Sébastien Plisson, qui a été designé pour porter la casquette blanche d’arbitre principal lors du duel entre le Flash et les Centaures.


FootballAmericain.com : Samedi, tu disputera ta 4éme finale Elite, sur les trois précédentes (2007, 2008, 2009) le Flash l’a à chaque fois emporté… c’est un indice pour Samedi ?
Sebastien Plisson : ah bon ? je m’en rappelle plus. J’ai fais 2 fois Charlety et une fois Saint-Gratien… L’an dernier j’y étais pas et le Flash perd, c’est vrai que c’est amusant. Après plus sérieusement, il faut dire que les Centaures sont une équipe dynamique, avec de très bons jeunes. J’ai arbitré leur demi-finale et ils avaient réussi à déplacer beaucoup de monde pour les voir : 4.000 personnes, dont 600 payants d’après Cédric Essermant leur président ; apparemment la buvette a aussi très bien marché et cela leur a permis de rentrer pas mal d’argent. Ce qui les aidera bien pour terminer leur saison. Mais pour en revenir à la finale, beaucoup parlent d’Anthony Dablé, il est fort mais moi c’est Paul Braisaz qui m’impressionne le plus(athlète plus complèt). Après leur problème c’est que certains joueurs titulaires font double plateau : Anthony Lucka, Paul Braisaz par exemple… et cela risque d’être un handicap en seconde mi-temps face à une équipe du Flash qui va courir et utiliser au maximum sa ligne pour ouvrir le terrain à ses coureurs. Guillaume Buquet (qui est incertain) est un véritable Playmaker au sol, et Laurent Marceline une fois lancé est très difficile a arrêter… donc pour moi le Flash est favori. Après cela reste une finale, et tout est possible sur un match !

FA.com : Comment aborde t’on une finale ? c’est différent d’un match de saison ou d’une demi-finale ?
S.P. : On est tous différent, mais personnellement c’est un match comme un autre, donc je la prépare comme chaque match. Il faut évidemment pas se planter donc on révise les signaux, et puis surtout on se prépare physiquement. Beaucoup pensent qu’arbitre ça consiste a être planté sur le terrain et que ce n’est pas exigeant physiquement, mais c’est faux ! on doit suivre les actions, être en forme physiquement car le jeu va vite. Moi je dis toujours aux autres qu’il est nécessaire de faire au moins un quart d’heure d’échauffement physique avant le match, de courir dans la semaine avant… car sinon tu risque de pas suivre le rythme et cela peut nuire à ton arbitrage. Même si maintenant y a un 8éme arbitre au cas ou l’un d’entre nous se blesse, il est vraiment essentiel de se préparer.
Je sais aussi qu’en préparation d’avant-match sur cette finale, je vais discuter avec tous les arbitres car je les connais bien. Certains sont stréssés, d’autres moins. On s’occupe les uns des autres, on se rassure… Nous travaillons en équipe tout comme les joueurs !

FA.com : Le fait que cela soit diffusé à la télévision (sur Orange TV et sur Eurosport 2 en différé) met un peu plus de pression ?
S.P. : Ah bon c’est diffusé ? je n’en savais rien… mais de toute manière, cela ne change rien pour moi. Si je stresse c’est que je ne suis pas prêt, pas confiant. Or je pense être prêt ! Si mes responsables m’ont choisi pour arbitrer, pas de raison de stresser, et à moi de donner une bonne prestation en retour. Il y a forcément plus d’enjeu sur une finale, mais la TV, les spectateurs, dès le kick-off, je ne les vois plus car je suis dans mon match(comme le font les joueurs !).

FA.com : En tant qu’arbitre sur la finale, tu touches davantage que sur d’autres matchs ?
S.P. : Non pas du tout. C’est pareil quelque soit le match de D1, D2 ou Eurobowl puisque nous avons un défraiement fédéral qui est fixe : 75€ par match. Et c’est pareil, quelque soit la position d’arbitrage que tu occupes. Entre nous, on est pas mal défrayé par rapport à d’autres pays européens. Après, ne comparons pas à d’autres sports ; Nous restons des passionnés avant tout !

FA.com : Justement par rapport aux autres pays, l’arbitrage en France est comment ?
S.P. : Je vais être franc, certains nous dénigrent mais on est dans le bon niveau en Europe.Sans se lancer de fleurs car nous devons toujours travailler pour élever notre niveau d’arbitrage. Pour moi, nous sommes avec les Allemands, les Autrichiens, les Hollandais et les scandinaves. Les pays latin ou les Russes ont plus de mal. D’ailleurs on est assez recherché en Europe lorsqu’il faut des arbitres neutres, et en particulier pour occuper les rôles d'Arbitre Principal ou de Juge de Melée. 
Par contre, à l’image de notre pays, le niveau en anglais n’est pas encore au top, et cela n’aide pas dans les « conférences » arbitrales où tous les autres parlent souvent un anglais courant. Nous devons progresser et travailler sur ce point ! Une fois de plus, nous nous entraidons pour les traductions et autres travaux communs d’arbitrage, selon le niveau de chacun.

S. Plisson et les arbitres jouent aux Daltons
S. Plisson et les arbitres jouent aux Daltons

FA.com : Vous n’avez pas de formation en anglais ?
S.P. : Non, nous avons un stage annuel sur l’arbitrage et les nouvelles règles mais l’anglais ne fait pas partie du cursus d’apprentissage. Moi j’ai la chance d’avoir vécu aux Etats Unis et d’y aller régulièrement grâce à mon travail, mais c’est pas le cas de tout le monde. Ce que nous faisons, c’est se faire un livret en début de saison qui traduit en français toutes les règles que la NCAA établi en anglais. On s’entraide tous pour faire les traductions des documents et on échange beaucoup par mail ou physiquement car nous sommes tous sur l’IDF(excepté un qui se trouve à Orléans, donc pas si loin !). Ce travail est essentiel pour rester au fait des évolutions qui se font tout le temps en anglais.

FA.com : On parle souvent de la possibilité d’affilier les arbitres à la FFFA plutôt qu’aux clubs…
S.P. : Le problème c’est que le ministère ne veut pas d’après ce que j’ai compris. Nous sommes obligés d’être affiliés à un club. Mais si certains ont des affinités avec des clubs(ancien club d’appartenance en tant que joueur, ou tout simplement la proximité), la majorité n’en ont pas du tout. Les clubs ont besoin d’arbitres, nous d’une licence d’arbitre et puis c’est tout. Moi je suis aux Diables Rouges de Villepinte, mais si pour sa structuration le Flash ou les Cougars(mon ancien club !) ont besoin d’un arbitre international, je pourrais y aller même si je n’ai rien à voir avec eux. De l’extérieur on a l’impression que c’est important, mais en fait pas du tout ;
Une anecdote : Je connais un arbitre qui a pris sa licence dans un club juste parce qu’il en avait marre des les entendre dire qu’il ne les aimait pas… maintenant il est chez eux ce qui fait qu’ils ne peuvent plus le critiquer…ou presque ! Avec ces histoires de clubs/arbitres, on tourne en rond sinon.
Si on est appelé en finale, c’est sur nos performances en saison, sur le fait qu’on a suivi et donné des formations, qu’on a animé des stages, sur les retours de supervisons. Ensuite nos responsables décident et désignent les arbitres qu’ils pensent capables d’arbitrer cette finale. Tous les ans, il faut recommencer et les arbitres ne sont pas toujours les mêmes très logiquement : on évolue tous !

FA.com : En plus d’être un « zèbre », tu portes le casque chez les Diables Rouges de Villepinte, est-ce un avantage pour arbitrer ?
S.P. : Pour arbitrer la Coupe du Monde, non puisque c’est interdit aux arbitres/joueurs. Mais sinon, je dirais que oui. Si tu n’as pas été joueur, tu ne sais pas forcément où te placer ou anticiper les mouvements des joueurs. Tu dois tout apprendre et cela prend énormément de temps. En tant que joueur, ou ancien joueur, tu connais intuitivement les angles de poursuites, les déplacements du qb… En plus moi j’ai tout joué à part Centre et Tackle… donc je suis à l’aise partout (rires) 
S. Plisson sous les couleurs des Diables Rouges
S. Plisson sous les couleurs des Diables Rouges


FA.com : Pour finir peux tu nous parler de trois clubs : les Celtes de Mitry-Mory, les Cougars de Saint Ouen l’Aumône et les Diables Rouges ?
S.P. : Sur les Celtes, c’était mes meilleures années de galère, de fun,de délires, d’apprentissage(un genou en moins et les ligaments croisés) mais de très bons moments… et le week-end prochain (26/6) on fait une fête avec tous les anciens de ce club maintenant disparu. 
Pour les Cougars, après la fermeture des Celtes, nous avons tenté l’aventure en Elite à 5 anciens. De nouveau de l’apprentissage(plus dur bien entendu ! mais en se préparant, vraiment plaisant comme expérience) mais une nouvelle fois, du fun, des potes, bref du football ! Que de bons souvenirs.
Concernant les Diables Rouges, j’y suis arrivé il y a 3 ans, et je dois dire que j’y prend énormément de plaisir. C’est d’abord une superbe ambiance. 35 à 40 joueurs pour les entraînements, même en hiver, c’est génial, j’ai rarement vu cela même en Elite. Un titre en régional, et déjà 2 saisons en D3 et les ¼ de finale cette saison. L’an prochain, nous allons devoir faire des sélections car on a déjà trop de demandes alors qu’on est un club de D3 ! Le problème c’est qu’on est tellement nombreux, qu’il y a des gars qui jouent pas donc on a parlé de faire une équipe B mais on manque d’hommes de lignes pour cela…..comme pas mal de clubs je pense !
Le club à 5 ans d’existence, 80 seniors, 35 juniors, 15 cadets et quelques minimes pour cette saison. Beaucoup de jeunes puisqu’on est à peine 10 à avoir plus de 30 ans(22 à 25 ans pour le reste des seniors)… et la saison prochaine, on se donne des objetctifs : Aller en finale et monter en D2. On va avoir des nouveaux vestiaires, on parle d’un nouveau terrain, on a des jeunes qui peuvent réussir… c’est donc le moment de monter en D2 ! Après, il ne faut pas rêver, seul le travail paie….Aux joueurs et coachs de faire ce qu’il faut pour cela ! Mais je suis confiant avec ce groupe très sympa et super motivé !

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En VO :  Show me a good loser, and I'll show you a loser. 

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