Un monde de football, épisode 2 : l’EspagneLa seconde jeunesse du football ibérique

Les Giants (rouge), sensation du début de saison
Les Giants (rouge), sensation du début de saison
le 07/02/2013 à 10:34 par Yanik Revel

Le rideau est tombé sur la saison NFL et, bien loin des lumières (parfois éteintes) du Super Bowl, des joueurs continuent à s’activer sur les terrains aux quatre coins du globe. A la découverte de la planète football, notre périple entamé au Portugal se poursuit logiquement non loin de là, à portée de lancer de quarterback ; en Espagne. 


Un fulgurant démarrage

C’est au pied des Pyrénées, en Catalogne, qu’est apparu en 1987 le premier de club de football du royaume : les Badalona Drags. Non ce n’est pas une faute de frappe, ceux qui changèrent ensuite leur nom en Dracs (pour le « catalaniser ») furent rapidement suivis par les Barcelona Boxers, Barcelona Bufals et les Pioners de L’Hospitalet.  Quatre équipes, en voilà assez pour créer le premier championnat du pays l’année suivante, organisée par la LCFA (Liga Catalana de Futbol Americano), fondée en 1988. 

Parallèlement à cette naissance sportive, un énorme coup de projecteur va être donné au football américain par la création de la WLAF (World League of American Football) qui deviendra par la suite la NFL Europe. La ligue majeure des Etats-Unis, soucieuse de chercher des débouchés économiques hors du pays, organise ce championnat et installe en 1991 une  franchise à Barcelone. Les Dragons évoluent au stade olympique de Montjuic et bien que les espagnols soient rares dans l’effectif, le public répond présent et assiste même en 1997 au sacre de son équipe lors du World Bowl V. 


Quand vitesse se confond avec précipitation

Grisés par un tel faste, les dirigeants ibères décident alors de faire comme les grands. Une ligue fermée est constituée en 1991 avec « salary cap », nombre d’imports minimums imposés et droits TV. Trop beau et trop cher pour un championnat domestique, la SFL (Spain Football League) s’essouffle rapidement  et ce n’est pas la modification de son appellation en AFL (American Football League) deux ans plus tard qui influera sur le cours des choses. Trop ambitieux, le modèle économique n’était pas viable. La ligue fait long feu et finit par s’éteindre en 1994. 


Retour à la case départ

Revenus à la raison, les bases d’un championnat modeste sont jetées par l’AEFA (Agrupacion Espanola de Futbol Americano) qui crée en 1995 la LNFA (Liga Nacional de Futbol Americano). De nos jours, trois paliers de compétitions existent chez nos voisins d’outre Pyrénées : LNFA Elite (D1), LNFA (D2) et le niveau régional.

Cette saison, six équipes sont en lice dans la division majeure :

Badalona Dracs, club précurseur

L’Hospitalet Pioners, un des historiques, triple champion 2010-2011-2012

Osos Rivas, de Madrid

Valencia Firebats, club majeur du pays

Valencia Giants, promu cette saison

Las Rozas Black Demons, promu de la banlieue madrilène

 

Pour accéder au titre, les quatre premiers clubs seront qualifiés pour les playoffs. Le dernier descend directement en LNFA et le cinquième dispute un barrage contre le deuxième classé de D2. Par ailleurs, les deux premières places offrent un billet pour l’Eurobowl et les deux suivantes pour l’EFAF Cup.

Dans ces coupes d’Europe, il y a bien longtemps que les formations hispaniques n’ont pas fait des étincelles. La seule finale fut disputée par les Badalona Dracs en 2002 et se solda par une cinglante défaite face aux Giants Graz (51-16) pour le gain de la coupe EFAF.

Running back des Osos Rivas, international junior et senior, Kevin Gramage reconnaît que le « niveau espagnol est en dessous de celui de l’Autriche, de l’Allemagne ou de la France ». Mais Rafael Gomez, président des Alcorcon Smilodons (régional) et fondateur du site fieldgoal.eu, tempère le propos : « Notre Big 4 –Dracs, Pioners, Osos, Firebats- réalise d’honnêtes prestations en coupe d’Europe. La saison passée les Pioners ont failli créer la surprise contre le London Blitz ».

Loin des dizaines de milliers de spectateurs des années NFL Europe, les affrontements des deux premières divisions se déroulent le plus souvent devant des audiences pouvant aller de 100 à 500 personnes. Des exceptions existent cependant et certaines équipes parviennent à attirer régulièrement un public dépassant le millier, notamment chez les Mariners de Gijon ou les Cobras de Murcia.  

 

La Catalogne, moteur du football ibère

Les protagonistes de ce sport placent beaucoup d’espoir dans l’amélioration du niveau de jeu et dans le développement d’un sport jusque là concentré sur quelques agglomérations. 

Partie de Catalogne, la discipline y est beaucoup plus développée que partout ailleurs, cela s’explique par plusieurs facteurs. Deux d’entre eux nous sont contés par Daniel Castanon, coordinateur défensif des Gijon Mariners : « le football est né en Catalogne avec les quatre clubs fondateurs qui ont disputé la première ligue et crée une base de pratiquants. De plus, la NFL Europe a popularisé la discipline et suscité l’intérêt du public ».

Un troisième facteur vient du sérieux de la ligue catalane, comme nous le précise Kevin Gramage : «c’est la première ligue du pays, elle est très bien structurée et organise ses propres compétitions de football, de flag, des plus jeunes catégories jusqu’aux vétérans ». 

Enfin la raison majeure nous est livrée par le head coach des Valencia Giants, Gustavo Tella qui explique que «le gouvernement de cette riche région appuie particulièrement le sport avec des subventions financières. Ainsi, les clubs catalans se retrouvent souvent au plus haut niveau des sports mineurs ».   

 

Une croissance accélérée et accompagnée

L’écrasante domination de cette région qui représente plus de la moitié des licenciés dans le pays, ne doit cependant pas masquer une magnifique expansion. Aujourd’hui, on compte des clubs sur la quasi-totalité du royaume d’Espagne, à l’exception des communautés de Navarra et d'Extremadura. « L’essor est impressionnant ces dernières années. Par exemple sur Madrid, nous avons enregistré les créations de quatre clubs (un de flag et trois de football), rien que sur l’année 2012 » s’enthousiasme Rafael Gomez, lui-même président d’un de ces clubs récemment formés.     

Les initiatives se multiplient et les associations plus anciennes se structurent, n’hésitant pas à faire appel à des intervenants d’outre Atlantique. Si la présence de joueurs US est fréquente en Elite, elle n’est pas d’usage en LNFA et tend à se raréfier au plus haut niveau. La crise frappe durement le pays et plusieurs imports sont allés voir ailleurs. Joueur des Osos Rivas, Kevin Gramage nous confie que son club « n’a pas remplacé le QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
Tony Smith, parti pour les Argonautes d’Aix en Provence ».   

Néanmoins, de nombreux dirigeants font des efforts pour leurs staffs et se donnent les moyens d’acquérir des compétences. Ainsi les Valencia Giants ont fait appel à Gustavo Tella, HC mexicain venu pour optimiser le jeu ainsi que les différents rouages du club. Les résultats ne se sont pas fait attendre et le travail s’est traduit par l’ascension en Elite. Du côté de Gijon, on s’est également tourné vers le Mexique pour passer un cap. « Les Mariners ont signé un contrat de collaboration avec les Pumas CU, ainsi plusieurs de nos joueurs sont partis là bas pour s’entraîner et nous avons accueilli les coachs mexicains pendant deux semaines » nous détaille Daniel Castanon.

 

L’age de la maturité

Au cours d’un quart de siècle d’existence, le football ibérique a mûri et appris de ses erreurs. En pleine évolution, l’administratif semble croître aussi vite que le sportif et les choses s’organisent dans le bon sens. Fait majeur de cette nouvelle dimension, une fédération vient de voir le jour en 2012, ce qui aidera à crédibiliser la discipline et à coordonner les diverses forces positives.

Augmentation des licenciés, création de clubs, extension géographique, formation des entraîneurs et structuration des instances, tous les signaux semblent au vert pour que le football hispanique vive une seconde jeunesse et continue son évolution lente mais saine, assise désormais sur de bonnes fondations.

... chargement de la zone de commentaire ...

 C'est un f... de p... arrogant. C'est ce qui fait de lui un si grand joueur.  – Lawrence Taylor à propos de son coéquipier Phil Simms

En VO :  He's a cocky sumbitch. That's what makes him such a great player. 

Citation réelle proposée par Guillaume. Suggérer une citation réelle ou fictive pour 10 Bzh !