300 yards à la passe : succés ou aveux d'impuissanceDébat dans la foulée d'Alex Smith (49ers)

En début de semaine je vous parlais de la remarque d’Alex Smith sur le fait que lancer 300 yards par match comme Cam Newton ne voulait rien dire et surtout ne garantissait pas la victoire ; certains d’entre vous avez réagi et donc je me permets de relancer un peu plus le débat à l’aide de statistiques trouvées dans le journal Kansas City Star.
Lancer plus, cela veut dire perdre plus ?
En gros, Alex Smith disait que s’il lançait moins c’est qu’il contrôlait le match alors que Cam Newton (et d’autres) lançaient beaucoup (300 yards minimum) car ils couraient après le score en vain ; en d’autres termes ceux qui lancent le plus sont donc ceux qui ont le plus faible ratio de victoire… or ce n’est pas tellement la réalité.
En effet, si l’on regarde les 3 dernières années, il y a eu 3 types de matchs :
1/ les matchs avec un seul QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs. à plus de 300 yards lancé et dans ce cas, l’équipe du QB à plus de 300 yards a gagné 132 fois pour 93 défaites.
2/ Les matchs avec 2 QB à plus de 300 yards et dans ce cas celui qui a le plus lancé à gagné 19 fois pour 32 défaites.
3/ Et ceux sans aucun quarterback a plus de 300 yards.
Pas la peine d’être un fin statisticien émérite pour comprendre qu’Alex Smith a été un peu péremptoire pour affirmer que lancer signifiait qu’on était un perdant… au contraire, les équipes qui lancent beaucoup gagnent dans près de 60% des cas. On ne peut pas dire que lancer c’est gagner, mais cela prouve une chose : les mentalités offensives en NFL ont changées et maintenant on lance pour gagner et plus seulement pour refaire son retard ; la NFL est bien devenue une ligue « pass happy » (pensons aux Saints ou aux Packers qui lancent énormément et avec succès) et seulement 2 équipes n’ont pas aligné de matchs à plus de 300 yards à la passe la saison dernière : les 49ers d’Alex Smith et les Jaguars.
Je précise que le fait que dans le cas de 2 QB à plus de 300 yards, c’est plutôt l’équipe de celui qui a le moins lancé (cela se joue souvent à moins de 15 yards d’écart) qui gagne ne démontre pas grand-chose.
Les 49ers un contre-exemple ?
La NFC Ouest est loin d’être une division très portée sur la passe : les Seahawks ont signé 2 matchs à plus de 300 yards l’an dernier, mais il s’agissait de 2 défaites au cours desquelles Tarvaris Jackson a tenté presque exclusivement de la passe en seconde mi-temps ; de leur côté les Rams ont aussi 2 défaites (contre les Packers et les Giants) avec plus de 300 yards lancés ; les 49ers n’ont évidemment aucun match à plus de 300 yards lancé… contrairement aux Cardinals qui en ont 3 et qui ont à chaque fois emporté le match. Mais à bien y regarder 2 des 3 victoires des Cards n’ont pas été acquises à la passe mais sur des touchdownsTouchdown (TD)
c'est l'essai qui vaut 6 points et qui peut être transformé au choix à 1 ou 2 points. Il suffit que le ballon pénètre dans la endzone. (pas besoin d'aplatir) sur équipe spéciales signés Patrick Peterson.
Le peu de match à plus de 300 yards dans la NFC Ouest s’explique à mon sens par le manque de grands QB dans cette division : à part Sam Bradford (s’il confirme sa saison rookie) on est loin de l’élite. Mais on ne peut pas conclure grand-chose en se focalisant sur la poule des 49ers, donc élargissons et prenons la question à l’envers : quel a été le succès des 49ers contre des équipes ayant lancé plus de 300 yards ? Sur 4 matchs, ils en ont remporté 3 ! Ce fut le cas contre les Eagles (malgré plus de 400 yards lancés par Michael Vick), les Steelers (malgré 330 yards de Ben Roethlisberger) et les giants (avec 311 yards pour Eli Manning) ; la seule défait étant advenue face aux Cowboys.
Examinons d’un peu plus près ces 3 victoires :
1/ Victoire 24-23 contre les Eagles :
49ers – 442 yards offensifs. Eagles – 513 yards off.
49ers : 1 fumbleFumble
quand le porteur du ballon laisse échapper celui-ci par maladresse ou suite à un choc. Le ballon est alors à terre mais vivant et c'est la 1ère équipe qui le ramasse qui en prend la possession. Avec les interceptions, le fumble est la seconde façon de rendre le ballon à l'adversaire. Ensemble, ils constituent des Turnovers (pertes de balle). C'est souvent cette stat. qui décide de l'issue de la rencontre. perdu. Eagles : 1 interceptionInterception
passe du QB rattrapée par un défenseur (un adversaire). subie et 2 fumbles perdus
49Ers : 90 yards retournés sur kickoffKickoff
coup de pied d'engagement en début de mi-temps. Effectué balle à terre depuis la ligne des 30 yards de l'équipe qui engage. (5 tentatives) et 21 yards sur puntPunt
action utilisée en 4ème tentative et x yards à parcourir. Plutôt que de tenter les x yards, l'attaque choisit de botter le plus loin possible pour faire reculer son adversaire.. Eagles : 40 yards sur kickoff (2 tentatives) et -7 yards sur punt.
La victoire a été acquise sur une superbe poussée de seconde mi-temps des 49Ers et c’est clairement la défense qui a fait déjouer les Aigles (2/7 pour des pts une fois parvenus dans la zone rouge).
2/ Victoire 27-20 contre les Giants :
49ers : 305 yards off. Giants : 395 yards off.
49ers : une interception subie. Giants : 2 interceptions subies.
Cette victoire des 49Ers a beaucoup reposé sur le jeu au pied : en effet, David Akers a passé 4 field-goal (28, 36, 39 et 52 yards) et surtout les Giants ont sans cesse commencé loin dans leur terrain du fait de punts très longs et précis (Andy Lee a punter pour une moyenne de 50,7 yards contre38 yards pour Weatherford). Cet avantage au départ du drive offensif a permis les Field-goal qui ont maintenu les 49ers dans le match alors qu’ils n’ont pas marqué le moindre touchdown avant le dernier quart-temps.
3/ Victoire 20-3 contre les Steelers
Disons le tout de suite : ce match n’est clairement pas une donnée à prendre en compte car Roethlisberger n’aurait jamais dû le jouer vu son état physique et cela a été la bérézina pour Pittsburgh : Big Ben a lancé 3 interceptions et à commis 2 fumble (dont 1 perdu). Avec de telles stats la victoire des 49Ers est logique.
Si on résume : une grosse défense et des équipes spéciales permettent de remporter des matchs ; les équipes spéciales ont tout particulièrement été essentiel pour San Francisco l’an dernier car elles ont permis de contrebalancer le peu de capacité à la passe : en kickant sans cesse avec précision au-delà des 40 yards, Akers a construit nombre de victoires et il a été le meilleur marqueur de l’équipe.
Mais cette formule n’est peut-être pas éternelle de l’avis même des 49ers : en effet, si l’on regarde les recrutements à l’intersaison (et la tentative d’attirer Peyton Manning) on peut supposer que les 49ers ne sont pas tellement satisfait de peu lancer le cuir ; on ne recrute pas Randy Moss, Mario Mannigham, AJ Jenkins… voir LaMichael James, pour courir sans cesse !