Etre fan des Cowboys ? Un sacerdoce ?L'avis des deux redacteurs de Dallascowboys.fr
Depuis le week-end dernier, deux rédacteurs du blog http://www.dallascowboys.fr/ nous font le plaisir de livrer leur analyse sur les Cowboys... et donc il était temps de présenter Hughes Manetti et Maxime Bardot qui vont jouer le rôle d'analystes de leur équipe de coeur : pour les présenter nous leur avons posé 4 questions simples sur la passion qui est anime et les critiques souvent adressés à l'America's Team.
1/ Quand et pourquoi avoir créé et rejoint DCF ? Quelle est la "ligne éditoriale" du blog ?
Hugues : J'ai créé le blog fin juin 2011, en pleine période creuse de l'intersaison. Ce n'est sans doute pas anodin, au moment où le manque de la NFL se fait le plus ressentir l'envie d'écrire sur mon équipe favorite était au maximum. Je scrutais souvent les blogs et pages américaines et je voulais faire connaitre davantage cette équipe aussi connue et déchainant les passions de l'autre côté de l'Atlantique qu'insignifiante de ce côté de la dorsale média-océanique. Ma motivation était donc de combler cet écart difficilement compréhensible... Il y avait déjà un blog sur les Cowboys en français, mais après avoir constaté son inactivité j'ai décidé de me lancer et de créer ma propre page. Le premier article fut la rédaction de l'histoire globale des Cowboys : difficile de raconter la riche histoire de cette franchise en quelques lignes, mais ce fut l'occasion pour moi d'apprendre aussi beaucoup sur l'équipe. D'ailleurs je crois que c'est cela qui nous motive : toujours mieux connaitre "notre" équipe à travers la rédaction du blog. La ligne éditoriale est assez simple : donner un point de vue et de l'analyse sur l'actualité des Cowboys. Les statistiques, les résultats on peut les trouver partout, et la barrière de la langue importe peu… ce qui est plus difficile est d'avoir des analyses sur le jeu, les choix établis par les coachs et le manager... Je crois que nos lecteurs connaissent petit à petit notre façon de penser, et je crois qu'ils savent que nous sommes honnêtes au-delà de nos convictions que nous ne manquons pas de partager au besoin ! Mon but est de réussir à donner la curiosité à un supporter des Cowboys de savoir quel est le point de vue de DCF du dernier match. Ce qui est bien c'est de pouvoir confronter les avis, la page Facebook est super pour ça aussi. Enfin comme je le disais tout à l'heure au gré de certaines rencontres ou évènements spécifiques on essaie de parler aussi de l'histoire de la franchise. Le but global étant de faire aimer cette équipe un peu méconnue ici, je pense que cela passe obligatoirement par une connaissance de l'histoire du club afin de pouvoir s'y identifier.
Maxime : Mon premier article sur DCF date précisément du 30 octobre 2011. Bien que fan depuis la fin de années 90, je n'ai découvert DCF que quelques mois avant de l'intégrer. A force de commenter chaque article et d'y aller de ma petite analyse à chaque debrief rédigé par Hugues, il m'a finalement proposé de me joindre à lui pour combiner nos efforts. L'idée de DCF n'est pas forcément de se faire l'écho de la moindre "petite" actu. Il n'est pas rare que les Cowboys signent un FA un peu obscur et que nous n'en fassions pas forcément le relais. Nous essayons plutôt de reprendre les actus marquantes, voire de faire des petits bilans, et d'y ajouter un peu d'analyse. Nous essayons aussi de publier au moins une analyse après chaque match car ça, c'est du contenu 100% DCF et nous pouvons vraiment y mettre tout ce que nous avons sur le cœur. C’est la colonne vertébrale de notre blog. Autre exemple de contenu vraiment personnel à laquelle je tiens beaucoup, notre post "Notes et étoiles" hebdomadaire. Hugues a eu l’idée des notes et moi des étoiles ! L’idée étant de décerner les trois étoiles DCF du match et de noter secteur par secteur la performance. C'est forcément subjectif, mais nous sommes là pour dire ce que nous pensons de toute façon !
2/ Votre passion pour les Cowboys remonte à quand ? Quel sont vos meilleurs souvenirs en tant que fans des Boys ?
Hughes : Ma passion pour ce club est assez récente. Je suivais la NFL adolescent chez mes parents (ils avaient canal+) vers la fin des 90's. Mais ça se résumait à des comptes-rendus de match et aux Super Bowls globalement. Difficile de trouver une équipe à supporter dans ces conditions, car l'identification est difficile. Puis au milieu des années 2000 avec internet j'ai pu vraiment suivre mieux les saisons, et je me suis très vite tourné vers cette équipe. L'uniforme magnifique est emblématique, et le destin d'un joueur comme Romo m'a tout de suite parlé. Joueur non drafté bourré de talent et de promesses, j'avais envie de suivre cette histoire. Aujourd'hui il s'agit plus d'un héros déchu, mais ça reste une aventure romanesque ce qui est toujours mieux qu'une histoire sans tumultes... Plus sérieusement son style de jeu et sa capacité à lancer le ballon m'ont toujours plu, et j'ai toujours eu un faible pour les attaques basées sur la passe, puisque le premier joueur à m'avoir marqué était Brett Favre. Romo ayant grandi dans le Wisconsin en supportant Brett Favre je retombais sur mes pattes. Pour l'instant le meilleur souvenir de supporter que j'ai est la victoire en 2009 dans le dôme des Saints qui étaient alors invaincus 13-0. C'était grandiose. Mais croyez-moi j'ai beaucoup de bons souvenirs où je me revois sauter dans mon salon : la dernière fois c'était cette année contre les Broncos, malheureusement le dénouement ne fut pas avec nous. Mais il y a eu aussi de très mauvais souvenirs. Suivre les Cowboys c'est très difficile pour le cœur...
Maxime : 1996. J'avais récupéré le Super Bowl XXX (Cowboys 27 - Steelers 17) enregistré par un oncle qui avait Canal+. Je découvrais ce sport avec des grands yeux et tombait amoureux de l'America's Team de l'époque avec Troy Aikman, Michael Irvin, Emmitt Smith et compagnie. C'est un souvenir magique car c'était tout à fait nouveau. Mais à l'époque, j'avais beaucoup de mal à suivre les matchs et donc la véritable passion n'est venu que plus tard : il a fallu que je dispose de l'ADSL en 2006 pour cela. Pour l’anecdote, c’est l’année des débuts de Tony Romo : il entre en 6ème semaine face à Houston pour remplacer Drew Bledsoe et il ne quittera plus le poste de starter. C’est surement pour ça que Tony est « mon » QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs., c’est presque le seul que j’ai connu. Il s’avère aussi que je suis un passionné du Sud des Etats-Unis et tout particulièrement de l’Oklahoma et du Texas. C’est donc une franchise à l’identité qui me correspond totalement. Si je dois donner un souvenir contemporain marquant hmmm… Allez, deux : En 2009, les Saints sont invaincus et se prennent les pieds dans le tapis, chez eux, face aux Boys. Hop, une fiche qui passe à 13-1 et Dallas qui ira gagner en Wild Card (la seule victoire en play-off depuis… 1996 et dernière fois où nous sommes allés en post-saison d’ailleurs). Deuxième souvenir, la victoire en ouverture de la saison 2012 à New-York. Les Giants sont alors les champions en titre et tout le monde prédit un massacre. Les Cowboys rentrent chez eux avec la victoire 24 à 17 (mais feront une très mauvaise saison…) et mon meilleur ami, fans des Giants, en a encore des aigreurs d’estomac.
3/ L'America's Team bénéficie d'un très large soutien aux USA, mais est assez décriée internationalement. Comment expliquez vous ce phénomène ?
Hughes : Alors je trouve ça très difficile à expliquer. C'est vrai en France on aime les outsiders plus que les favoris en général. On supporte plutôt le faible contre le colosse. Or je me rends compte que les équipes les plus appréciées en France sont des équipes très "rouleaux-compresseur" assez "froides", comme les Patriots ou les Steelers. Et en disant ça je ne veux froisser personne, ces franchises sont tout simplement des exemples ! Alors que les Cowboys c'est plus imparfait, inconstant mais aussi surprenant et inattendu, ce qui devrait attirer les supporters français. Dallas se situe au Texas et je pense que la France ne connait pas et ne veut pas connaitre cet état aux allures de western. Pourtant c'est bel et bien une caricature, j'y suis allé l'année dernière pour voir Giants-Cowboys et les gens sont charmants, l'accueil est remarquable et aucun ne vous attend avec le fusil en bandoulière parce que vous êtes français. C'était une semaine formidable. Ce qui est plus dur c'est souvent de se réveiller un matin de janvier avec les espoirs envolés, et l'attente interminable de la saison d'après...
Maxime : Le Texas a très mauvaise réputation par chez nous. Un état remplis de racistes/dingos des armes/religieux fanatiques (rayez la mention inutile). J’invite quiconque à s’y rendre et à découvrir par lui-même la sensationnelle hospitalité du Sud et de ses populations si loin des clichés européens. Bref… Quand on est français, on rêve d’aller à New-York, à San Francisco ou à Miami, pas à Dallas et pour moi, ça joue énormément. Après tout, un fan européen trouve une accroche émotionnelle dans une ville qui l’attire je pense, c’est bien normal. Ensuite, ça fait longtemps que les Cowboys galèrent et n’ont plus de résultats en play-offs. Ca n’aide pas les nouveaux fans à s’intéresser à eux je pense. Par exemple, les années 2000 ce sont les années Patriots, et il y a beaucoup de fans des Pats en France.
4/ Jerry Jones c'est un plus ou un moins pour l'équipe ? autrement dit, Jerry Jones est un bon propriétaire mais un mauvais GM, ou c'est reducteur ? et un peu provocateur ?
Hughes : Alors ce n'est pas provocateur mais bien une question qu'on doit se poser. C'est le seul club où le président est également manager général et propriétaire donc c'est évidemment une question qui revient souvent. Jerry est souvent le premier accusé lorsque ça va mal, et de par sa posture que je viens d'exposer, c'est logique. Mais ce serait bien évidemment réducteur de penser qu'il est le seul responsable. Il a fait de choix judicieux ces derniers temps : le dernier en date est la reconduite de Romo, qui malgré des erreurs parfois coûteuses était évidemment la seule solution valable. Ensuite après l'éviction de Wade Philips en 2010, il a choisi la solution interne avec l'avènement de Garrett au poste de head coach. Là encore c'était en cohérence avec la décision de départ qui était de développer Garrett, un jeune coach au poste de coordinateur offensif pour plus tard le promouvoir au poste de head coach. S'il avait voulu satisfaire son public ou se faire mousser il aurait pu choisir un nom plus clinquant ! Enfin après deux premières saisons mitigées à son poste (deux saisons à 8-8) il a continué avec Garrett en head coach ce qui était également cohérent avec le fait de choisir un jeune entraineur. Le laisser se développer est la moindre des choses. On pourrait le critiquer s'il agissait de façon incohérente ou dans un but de satisfaire tel ou tel public ou média. Hors j'ai le sentiment qu'il agit pour son équipe. Effectivement on peut lui reprocher certains choix de draft (comme les premiers choix Michael Jenkins ou Felix Jones récemment), des trades un peu douteux comme celui établi avec Detroit pour le receveur Roy Williams. Morris Caliborne n'est pour l'instant pas le cornerback qu'on attendait, mais il y a toujours aussi une part d'incertitude dans les choix à la draft. Et il ne faudrait pas oublier ceux qui ont comblés toutes les attentes comme DeMarcus Ware et Jason Witten et très récemment Tyron Smith ! Ce que je reprocherais à Jerry Jones c'est de ne parfois pas assez déléguer ses choix de joueurs à son coach. Il a impliqué davantage Romo et Garrett dans les choix de cette année, et il s'avère que les choix ont été plutôt bons. Mais vous savez dès qu'on parle de cette équipe on en vient très souvent à un noir ou blanc dichotomique digne d'un western spaghetti. Ce que nous essayons de réaliser c'est justement de ne pas tomber dans ce piège d'une lecture trop simpliste d'un sport si beau justement par sa complexité. Alors non tout n'est pas mal dans le fameux "Jerry's world".
Maxime : Pour résumer, je dirais que Jones serait un Proprio d’autant plus génial pour la franchise s’il acceptait d’embaucher un GM (et de le laisser bosser bien sûr). Mais ta question est assez juste en fait. C’est un proprio passionné qui s’ouvrirait les veines pour sa team, mais l’histoire a montré qu’il n’avait pas toujours le sens commun d’un GM issu pleinement du football.