Décés d'Al Davis : les Raiders sans leur "mentor"

Al Davis
Al Davis
le 10/10/2011 à 22:41 par Thomas Depaepe

Samedi, un grand homme de la NFL est décédé à l’âge de 82 ans : le propriétaire des Raiders Al Davis. Connu pour son esprit rebelle et son attitude souvent imprévisible, c’était aussi un homme connu pour son investissement total dans son équipe et sa famille.

 

Né dans une famille juive du Massachusetts, Davis a passé sa jeunesse du coté de Brooklyn et a fait ses études à l’université de Wittenberg, puis à Syracuse. Après un diplôme en langue anglaise, il a décidé de suivre sa passion et de devenir coach de foot-us : son premier poste a été coach de la ligne du collège Adelphi en 1950. L’année suivante il est recruté par l’armée pour devenir head-coach de l’équipe de la base de Belvoir en Virginie. L’armée apprécie son talent et il se retrouve propulsé coach de ligne et recruteur principal des Bulldogs de The Citadel (qui est une université militaire) qui évoluent en NCAA. En 1957, il passe une nouvelle étape en étant recruté par USC comme coach de ligne. C’est ses premières années du coté du « Golden State »… et il n’en repartira jamais.

 

1960 : le début d'une histoire d'amour exclusive avec les Raiders

En 1960, il va entrer dans le monde professionnel en tant coach de ligne des Chargers (de Los Angeles puis de San Diego) ; en 1962, il devient Coach en chef et Général Manager des Raiders alors qu’il n’a que 33 ans ; l’équipe est alors en pleine construction et évolue sur le terrain d’une école secondaire du coin. Il est évidement le plus jeune Général Manager de l’histoire et il va dés cette première saison imposer une personnalité unique et détonante : des cheveux noirs plaqués en arrière a coup de bidons de gomina, des lunettes noires, un argot de Brooklyn… et surtout une volonté de toujours gagner (qu’elle qu’en soit le prix). Il impose aussi un style jeu : le « vertical game » qui est un dérivé de la West Coast OffenseOffense
escouade spécialisée dans l'attaque.
. Cela paye dés la premiére saison puisque l’équipe rend une fiche de 10 victoires pour 4 défaites, soit plus de victoires que lors des 3 premières saisons de l’équipe fondée en 1960 ! En 1963 il est nommé coach de l’année, mais son équipe reste en milieu de tableau.

 

1966 : L'escapade malheureuse de l'AFL

Alors qu’on le pense à 100% avec les Raiders, Al Davis accepte un contrat en avril 1966 pour devenir le Commissionner de l’AFL. Il va conduire une politique très agressive visant a débaucher les meilleurs prospects et joueurs de la NFL ; sauf qu’en 1966, les propriétaires de l’AFL négocient en secret (sans le prévenir) avec la NFL pour intégrer la ligue et donc ne plus être une ligue concurrente. Al Davis devient furieux en l’apprenant et explique à la presse que l’AFL peut et va devenir la meilleure ligue… mais l’histoire est en marche et même s’il freine des 4 fers, il sera le dernier Commissionner de l’AFL et devra signer l’accord d’intégration à la NFL en 1970.

 

1967 : De retour avec les Raiders pour le meilleur

De retour avec les Raiders en 1967 (il cumule alors avec le poste de Commissionner AFL), il décide d’investir tous son argent dans les Raiders : il achète 10% des parts de l’équipe et s’arrange pour être nommé responsable des opérations sportives. A son arrivée il recrute le quarterbackQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
des Bills Daryle Lamonica et le vétéran George Blanda (ex-Oilers). Tout le monde crie a l’idiotie car Lamonica est réputé friable et Blanda a 39 ans et n’est plus guère considéré comme un qb : il joue depuis plusieurs saison placekicker ! Mais Blanda se révéle très vite essentiel puisqu’il modèle Lamonica et avec son coup de pied précis il va permettre plusieurs victoires décisives dont un match ou il passe 4 field-goal sous les sifflets des fans des Oilers. L’équipe arrive de manière logique au Superbowl II…  mais ils prennent une dérouillée face aux Packers de Vince Lombardi. Les deux années suivantes, ils échouent sur la dernière marche avant le Superbowl et en 1970 Blanda se révèle un qb hors-pair lorsqu’il doit remplacer Lamonica qui est blessé, et ce bien qu’il ait largement dépassé les 43 ans.

John Madden et Al Davis aprés le SB de 1977
John Madden et Al Davis aprés le SB de 1977
Sur le bord de touche, Al Davis a repéré un petit jeune : l’entraineur John Madden (plus connu pour les jeux vidéos par les plus jeunes J ). Avec Madden, il forme un duo de choc et l’équipe engrange 6 titres de divisions ; mais Al Davis n’a toujours pas son Superbowl, donc alors qu’en 1972, un certain Mark Spitz empile les médailles d’or dans les bassins de Munich devant les yeux de Wayne Valley qui est l’un des 3 actions principaux des Raiders… Al Davis négocie la possibilité de devenir le « grand manitou sportif » de l’équipe avec le second action principal Ed McGah. Valley découvre l’accord en revenant des JO et attaque en procès Al Davis qui est devenu incontournable malgré ses 10% d’actions seulement… Davis gagne en justice et devient la pièce centrale de l’équipe. Il ne deviendra majoritaire qu’en 2005, lorsque McGah lui revend ses parts… mais entre 1972 et 2005 il sera le numéro 1 des actionnaires alors qu’il est minoritaire et ce grâce au soutien sans faille de McGah.

Avec Davis seul à leur tête les Raiders vont gagner 3 Superbowl (XI, XV et XVIII) et aller presque tous les ans aux playoffs. C’est la grande époque des noirs-et-argents, et Davis est au sommet de sa réussite. Cette réussite va durer plusieurs décenies et l’équipe se renouvelle sans cesse jusqu’aux années 80. Après des temps difficiles, Grudent redresse la barre à la fin de la décennie et les Raiders menée par Rich Gannon sont repartis de plus belles. Dés lors lorsqu’en 2003 l’équipe revient au Superbowl, on pense que la belle réussite de l’équipe va redémarrer après quelques saisons de qualité (surtout sous la période Jon Gruden) mais sans réussite pour le titre final… mais les Buccanners gagnent le titre et l’équipe des Raiders ne s’en remettra pas.

 

2003 : l’année de la fin ?

Al Davis dans les années 2000
Al Davis dans les années 2000
Depuis 2003, l’équipe connait plus de bas que de hauts. En effet, avec 37 victoires pour 91 défaites l’équipe est plutôt dans le « black hole » et Davis parait de moins en moins lucide et en phase avec les évolutions de la NFL. Il fait des choix de drafts malheureux (voir inconscients), des transferts déconnectés de la réalité, il vire les coachs avec une vitesse prodigieuses (même quand ils paraissent en mesure de redresser la barre)… en fait rien ne va plus vraiment mais Al Davis reste aux commandes et s’investie toujours autant sur les bords du terrain.

Son décès laisse donc l’équipe des Raiders sans leur supplément d’âme, au moment ou justement l’équipe est en train de rebondir !

 

Rappelons enfin que Davis, élu au Hall of Fame en 1992, a fait figure de défricheur en embauchant le premier entraîneur-chef hispanique (Tom Flores en 1979) puis noir de l'ère moderne (Art Shell en 1988). Il a aussi en 1997, choisi la première femme à la direction d’un club NFL en la personne d’Amy Trask. Mais il laissera aussi une image de personne intransigeante qui se sera « embrouillé » avec des légendes comme Marcus Allen (il obligera l’entraineur à ne pas le faire jouer pour une mésentente sur un contrat, alors qu’Allen sort tout juste d’un Superbowl qu’il a largement contribué a apporter à l’équipe) ou avec l’entraineur Jon Gruden qui était en train de refaire la gloire de l’équipe (Gruden sera d’ailleurs l’artisan du naufrage des Raiders lorsqu’il les bats au Superbowl en 2003)…

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 Si votre fils vous rend fou, vous avez le choix entre lui apprendre à jouer Nose Tackle ou l'envoyer jouer sur l'autoroute. Ca revient au même au final.  – L'ancien défenseur et maintenant journaliste Bob Golic.

En VO :  If you're mad at your kid, you can either raise him to be a nose tackle or send him out to play on the freeway. It's about the same. 

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