Victoire tactique sous le soleil californien

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le 18/01/2010 à 00:45 par Thomas Depaepe
Mise à jour du 22/10/2010 à 22:41

L’an dernier les Jets avaient bu le bouillon en fin de saison, cette année c’est l’opposé : ils ont attendus la fin de l’année pour se révéler! En effet, avant de rencontrer les Chargers ce week-end ils étaient sur une série de 6 victoires en 7 matchs. Cette série était d’autant plus impressionnante que les Jets avaient battus des gros cylindrées : les Colts (qui avaient un peu laissé tombé le match), les Bengals à deux reprises, ou les Panthers. Encore plus impressionnant, ils restaient sur 4 victoires à l’exterieur.
En même temps, San Diego était sur 11 victoires d’affilées puisque leur dernière défaite remontait au 19 octobre et un match contre Denver.

Le match s’annonçait d’autant plus serré que les Chargers comme les Jets avaient misé dés le début de la saison sur les playoffs et avaient monté leur équipe progressivement en puissance. Rex Ryan avait démissionné des Ravens devant ce qu’il avait qualifié de « manque d’ambition » de John Harbaugh qui voulait prendre chaque match l’un après l’autre et ne pas penser aux playoffs avant d’y être, quand à Norv Turner il avait géré son effectif comme on gère les étages d’une fusée afin d’avoir la poussée nécessaire à la mise sur orbite lors des playoffs.

Malgré les similitudes de trajectoire et d’ambition, force est de reconnaître que peu de gens misaient sur les Jets en début d’année… mais ce statut d’outsider leur va a merveille et a encore fait des étincelles ce week-end.

« I’m on to the next one, on to the next… »
Le 11 septembre 2009, le rapper Jay-Z sortait son album blueprint 3 avec la chanson « I’m on to the next one, on to the next… ». Le 17 janvier 2010, cette chanson tournait en boucle dans un vestiaire du Qualcom Stadium de San Diego ; l’homme qui avait mis en boucle cette chanson sur son ghetto-blaster n’était personne d’autre que l’ancien Browns Braylon Edwards qui résumait ainsi le match en expliquant qu’une chanson vaut tous les discours.

Il faut dire que les Jets dans leur ensemble avaient de quoi se réjouir : en effet, jusqu'à présent personne n’avait réussi a concéder moins de 20 points contre les Chargers, Nate Kaeding n’avait jamais raté de sa vie 3 field-goal (dont 2 tout a fait réalistes et un purement illusoire), jamais personne n’avait fait aussi peur à Philip Rivers que la défense longue des Jets….

Dés le début du match, les Jets ont eu un plan de jeu et ils s’y sont toujours tenu : jouer ultra défensif en défense et en attaque. Ultra défensif en défense signifiait être agressif, ultra défensif en attaque signifiait être très prudent. La conséquence de ce schéma tactique ne s’est pas fait attendre : les 4 premières tentatives offensive des Jets se sont soldées par des puntPunt
action utilisée en 4ème tentative et x yards à parcourir. Plutôt que de tenter les x yards, l'attaque choisit de botter le plus loin possible pour faire reculer son adversaire.
après 3 jeux. Dés lors il devenait évident que la clée du match allait reposer entre les mains des défenseurs de new york.

Et le moins que l’on puisse dire c’est que la défense a tenu le choc même si sur les premières actions on a cru que Rivers pouvait avoir une chance de passer à force de viser systématiquement un joueur non couvert par Revis. Mais en fait c’était en partie un mirage : en effet, si San Diego progressait l’attaque n’arrivait pas a trouver de la profondeur et devait se surpasser à chaque moment pour gagner 3-43-4
formation défensive avec 3 linemenLinemen
littéralement, les hommes de la ligne (de scrimmage). Il y a les linemen offensifs et les défensifs. Ils s'opposent dès le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.
donné.
et 4 linebackers.
yards. L’équation était d’autant plus difficile a résoudre que l’attaque au sol était totalement neutralisée par les Jets qui avait deux plans contre cela : tout d’abord blitzer sans cesse (40% des actions défensives en première mi-temps étaient des BlitzBlitz
tactique défensive où les défenseurs sont chargés d'aller sacker le QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
ou de plaquer le running backRunning Back (RB)
Terme générique qui englobe les HB et les FBFullback (FB)
coureur puissant et polyvalent. Il joue le rôle de bloqueur, de receveur et de bulldozer balle en main. Constitue avec les halfbacks (HB), les running backs (RB).
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le plus tôt possible afin d'infliger une perte de terrain à l'attaque. Mais il y a un risque : la défense doit être rapide car sinon elle s'expose à une passe longue.
!) et ensuite suivre les décrochements latéraux des linemans.
Les deux tactiques ont été des réussites : les blitzs ont neutralisés le jeu de course axial et déstabilisés le jeu de passe, le suivi des linemans qui décrochent était fait le plus souvent par les SafetySafety
Signifie deux choses différentes :
1- c'est le plaquage du porteur du ballon dans sa propre zone d'en-but. Cela rapporte 2 points à l'équipe qui l'effectue et elle récupère la possession du ballon. L'équipe victime du safety va alors dégager depuis ses 20 yards au moyen d'un botté façon punt.
2- c'est un poste en défense. Le safety est en quelque sorte le dernier rempart. Il tient en quelque sorte le rôle d'un libéro en football européen.
ce qui fait qu’au jeu de la vitesse et de la souplesse, le lineman avait a peine avancé que le Safety était déjà sur le coureur. Face à ce plan diabolique de Rex Ryan, les Chargers ont vite compris que leur qualification reposerait moins sur leur attaque que sur leur défense. Mais malheureusement pour eux, si l’attaque n’a pas démérité dans l’adversité, la défense n’a pas su relever le défi physique plus d’une mi-temps.

Rivers n’a jamais montré le moindre signe d’abattement (contrairement à Tomlinson qui a peut-être enfin compris qu’il était fini pour les Chargers et que son été allait être interminable à chercher un autre club) et a permis à son équipe de marquer un touchdownTouchdown (TD)
c'est l'essai qui vaut 6 points et qui peut être transformé au choix à 1 ou 2 points. Il suffit que le ballon pénètre dans la endzone. (pas besoin d'aplatir)
en seconde période alors que les Jets n’arrivaient pas a progresser d’un yards. A la mi-temps les Chargers avaient 7 points d’avance mais auraient très bien pu en avoir 10 si Nate Kaeding n’avait pas raté un field-goal de 36 yards.

Pourtant au retour des vestiaires ont a vite compris que Rex Ryan avait passé la surmultipliée en appuyant la ou ca fait mal : en défense il a poursuivi son travail de sape et en attaque il a tout misé sur le jeu en ciblant deux Chargers particulièrement décevant : Shaun Merriman ou Brandon Siler. Ce fut d’abord Thomas Jones qui a marché sur la défense des Chargers dés le retour des vestiaires ce qui a amené les 3 premiers points des Jets, puis ce fut le rookie Shoon Greene qui a fait le spectacle en amassant plus de 100 yards au sol.

Mais l’attaque des Jets a surtout bénéficiée d’une défense qui a su créer des turnovers pour gagner la bataille du placement sur le terrain : Revis a été le premier a intercepter le cuir sur une action hyper opportuniste, puis le safety Leonhard a intercepté Rivers sur la ligne des 16 yards adverses. Avec 16 yards seulement a parcourir, Rex Ryan a lancé ses coureurs pour s’ouvrir la end-zone avant de laisser Mark Sanchez improviser et faire ce qu’il sait le mieux faire : lancer en mouvement. Le Tightend Dustin Keller a capté le cuir et donné l’avantage a son équipe 10 à 7. Les Chargers ont perdu l’avantage, ils ne reprendrons plus la tête car sur le drive suivant des Jets, Greene efface la défense de San Diego pour marquer un touchdown au sol sur 53 yards. 17 à 7, la messe est dite même si Rivers sur son banc semble encore y croire : mais que peut-il faire face à Darrelle Revis qui est imprenable, face à une défense qui lui laisse moins de 3 secondes pour lancer et avec un jeu de course inexistant ? et bien, Rivers a fait pas mal de chose : tout d’abord un drive de 30 yards avec un field-goal de 40 yards ratés par Kaeding, puis un touchdown arraché sur un « qb sneak » à 2 minutes 20 de la fin. 17-14 pour les Jets. La performance est d’autant plus exceptionnelle que Rivers n’a souvent eu pas la moindre cible non couverte et a du ignorer un receveur par action (car il était couvert par Revis). Les trois fois ou il a tenté une passe sur un joueur couvert par Revis il a subi deux passes détournées par le corneback des Jets et une interceptionInterception
passe du QB rattrapée par un défenseur (un adversaire).
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A 2 minutes 20 de la fin, avec un seul temps-mort en poche, Norv Turner décide de tenter l’onside-kick. Dans un sens cette décision est logique car s’il perd le cuir les Jets seront tenté de ne pas jouer une quatrième tentative et de prendre le field-goal histoire d’obliger les Chargers à marquer le touchdown. S’il avait joué un kick-off long, les Jets auraient eu le cuir dans leur zone et auraient forcément punter sur une quatrième tentative mais cela n’aurait pas forcément induit une meilleure position de départ sur le terrain pour son équipe. Personnellement, je n’ai pas compris le onside-kick pour une seule raison : sur une quatrième tentative et même quelques centimètre, jamais les Jets n’auraient tenté de convertir s’ils avaient le cuir dans leur terrain !
Malheureusement pour Norv Turner c’est précisément ce qui c’est passé : les Jets ont eux a jouer une 4éme tentative et 1 yards à 1 minute 09 de la fin. Ils ont refusé de prendre le field goalField Goal (FG)
coup de pied à 3 points effectué le plus souvent en 4ème tentative quand l'attaque a été bloquée. Il est joué depuis l'endroit où la dernière action c'est achevée. En cas de réussite c'est 3 points et engagement. En cas d'échec, la possession change de camp mais il y a deux possibilités : avant le snap, la balle était à l'intérieur des 20 yards, on replacera alors la balle sur la ligne des 20 yards ou elle était placée au-delà des 20 yards, on la replacera au même endroit.
et on décidé de la jouer car même s’ils la rataient ils ont pris le pari que 71 yards à couvrir par les Chargers en 1 minute (sans temps-mort) était impossible. La 4éme tentative a été convertie par Thomas Jones ce qui a mis fin au match. Si Turner avait appelé un kick-off normal, il aurait pu récupérer le cuir (certainement sur ces propres 20 yards) et avoir une chance, avec son coup de pied court, il a cramé sa chance et les Chargers ont perdu leur premier match en 12 rencontres.La morale du match, reste pour moi le fait que le plan tactique de Rex Ryan était le meilleur initialement et qu’il a su tirer le meilleur parti de l’analyse de la première période pour réussir a gagner en seconde période. A l’inverse Norv Turner a trop peu remis en cause son équipe a la mi-temps : il a ignoré ses faiblesse car son équipe menait et que les Jets n’avaient pas franchi une fois le milieu du terrain.
Ensuite, il y a un homme qui a joué son pire match en carrière, mais cela Turner ne pouvait le prévoir : Nate Kaeding. Après avoir réussi 69 field-goal consécutifs de 40 yards au plus, il a raté 2 field-goal inférieur à cette distance (plus un troisième de 50 yards). Si Kaeding avait réussi au moins un field-goal le match aurait été bien différent. Mais cela n’enlève rien aux Jets qui ont gagné tactiquement en s’appuyant sur leurs forces (car ils connaissent leurs faiblesses).

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 Un coach qui a du succès est un coach qui est toujours sous contrat.  – Ben Schwartzwalder, coach, Syracuse

En VO :  A successful coach is one who is still coaching. 

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