Charles Woodson - La BioItinéraire d’un enfant gâté

Voir toutes les infos de ce match (articles, statistiques, play-by-play...)

Pick six pour Woodson
Pick six pour Woodson
le 01/02/2011 à 22:25 par Thomas Savoja
Mise à jour du 02/02/2011 à 18:16

Charles Woodson
Charles Woodson
Novembre 2006, une après midi typique d’hiver dans le Wisconsin. La neige tombe drue, la luminosité est faible et un vent tourbillonnant complète le tableau. Un énorme pickup GMC Yukon est immobilisé sur le parking du Stade de Lambeau Field. A l’intérieur, Charles Woodson, le premier joueur de l’histoire à avoir décroché le Heisman Trophy en jouant majoritairement à des postes défensifs est en pleine réflexion. Il vient de rencontrer le staff des Packers qui est prêt à lui proposer un contrat. Signer pour Green Bay semble alors tout sauf évident pour ce Free agent qui vient d’évoluer 8 saisons pour les Raiders d’Oakland décrochant au passage 4 tickets d’affilée pour le Pro Bowl. On ne peut pas dire qu’il soit enchanté par l’environnement et le mariage d’intérêt entre une franchise ambitieuse en phase de reconstruction et celle d’une star éminemment douée mais à la recherche d’une identité ne lui parait aucunement évident. « Question de maturité » admet-il quand on évoque aujourd’hui le sujet.

5 années plus tard, l’histoire est en passe de démontrer que ce choix était le bon et Charles Woodson dans sa 13éme saison pro surprend chaque année un peu plus dans sa capacité à se montrer décisif et à s’adapter aux besoins de l’équipe. A 34 ans, sa polyvalence fait merveille et ses statistiques restent étonnamment prolifiques. L’an dernier, il a évolué aussi bien au poste de CB qu’à celui de Strong et Free SafetySafety
Signifie deux choses différentes : 1) c'est le plaquage du porteur du ballon dans sa propre zone d'en-but. Cela rapporte 2 points à l'équipe qui l'effectue et elle récupère la possession du ballon. L'équipe victime du safety va alors dégager depuis ses 20 yards au moyen d'un botté façon "punt". 2) c'est un poste en défense. Le safety est en quelque sorte le dernier rempart. Par analogie avec le football "européen", on le qualifie de "libéro".
pour palier à une série de blessure. Dans le dispositif du coordinateur défensif Dom Capers, il peut même être positionné comme outside LBLinebacker (LB)
joueur de la défense polyvalent qui constitue le 2ème rideau défensive.
. Cette polyvalence lui vaut donc d’être l’arme fatale des coachs pour anihiler le « playmaker » adverse.

« Peu importe que vous soyez gros ou petit, il va vous percuter de plein fouet et vous faire savoir qu’il est prêt à jouer » affirme le WR des Bears Johnny Knox qui connait bien le client.

L’impact Woodson chez les Packers ne se limite pas au Giridon. L’homme est devenu un vrai leader de vestiaire par son aura naturelle et son comportement qui a su évoluer au cours de sa carrière.

Le jeune Woodson grandit à Fremont dans l’Ohio et dés ses premières années, celui que l’on surnomme alors « Poochie » démontre des qualités physiques exceptionnelles. Naturellement doué, il est rapide, explosif et ses premiers pas dans le monde du Football à la Ross High School en tant que RBRunning Back (RB)
Terme générique qui englobe les HB et les FBFullback (FB)
coureur puissant et polyvalent. Il joue le rôle de bloqueur, de receveur et de bulldozer balle en main. Constitue avec les halfbacks (HB), les running backs (RB).
.
sont des plus remarqués. Il est élu « Mr Football » pour l’état de l’Ohio en courant près de 4000 yards donc 2000 lors de son année Sénior. C’est tout naturellement que les meilleurs facs du Midwest lui fond les yeux doux et c’est finalement Michigan qui emporte la mise.

Woodson sous le maillot de Wolverines
Woodson sous le maillot de Wolverines (Espn, R.Tabarez)

Automne 96, Woodson sera propulsé starter au poste de CB dés le second match de son année de Freshman pour les Wolverines. Lors de la rencontre face au rival d’Ohio State classés #2 de la saison, il réussi deux interceptionsInterception
passe du QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
rattrapée par un défenseur (un adversaire).
clés qui scellent le sort des Buckeyes.

Sa seconde saison à Ann Arbor est un feu d’artifice. Il signe la bagatelle de 15 interceptions en évoluant au poste de CB mais également de WR et de KR. Il décroche une batterie d’honneurs dont le titre de « Defensive player of the year ».

En 98 pour sa saison de Junior, il évolue sur une autre planète et devient le 3éme Wolverine de l’histoire à décrocher le prestigieux Heisman Trophy devançant au classement de la promotion 98 un certain Peyton Manning. C’est le premier joueur défensif à décrocher un tel trophée ce qui qui n’est pas le moindre des exploits. Le Top 5 de la draft NFL lui est donc promis mais pas évident de garder la tête froide dans ces conditions et le jeune Woodson perd parfois les pédales comme lors des séances de scouts NFL ou il boude les interviews avec les recruteurs sous prétexte d’aller assister au All Star Game NBA.

Woodson sous le maillot des Raiders
Woodson sous le maillot des Raiders (W.Clark, Espn)

Il met donc fin de façon anticipée à son cursus universitaire et malgré les réserves comportementales des experts, son talent lui permet de décrocher une troisième place à la draft 98 pour signer aux Raiders d’Oakland où il passera 8 années, atteignant un Super Bowl en 2003 et décrochant 4 tickets pour le Pro Bowl. Il connait néanmoins des hauts et des bas avec Oakland subissant notamment plusieurs blessures. Certains lui reprochent de vivre sur son talent naturel et des mauvaises langues affirment qu’il n’a presque jamais ouvert son playbook en 8 ans! Les Raiders décident finalement en 2006 de ne pas le retenir … pour le bonheur des Packers. Mais Woodson vivra très mal ce bon de sortie et est humilié par ce manque de confiance qui s’avérera finalement une étape salutaire dans sa maturation.

Mais revenons à l’homme car aujourd’hui Woodson s’est largement bonifié. Grandement investi dans la cause des enfants malades, il a fait don sur ses deniers propres de 2 millions de dollars à l’hôpital pour enfant de l’Université de Michigan qu’il visite fréquemment. Le cap des 30 ans semble lui avoir été des plus bénéfiques tant il a muri. Il a pris conscience que le talent n’était pas tout et que pour le faire fructifier, il fallait ajouter leadership et professionnalisme. Fini les comportements de diva, les casquettes portées à l’envers, les sorties nocturnes. C’est vrai que Green Bay n’offre pas les tentations de la Bay Area !

Ses prises de paroles récurrentes dans la communauté sont remarquées et appréciées et surtout dénotent d’une réelle intelligence et d’une confiance en lui qui sont les piliers sur lesquels je joueur peut également bâtir ses succès sur le terrain de Football.

Tous les gens qui le connaissent insistent largement sur son changement d’attitude depuis son arrivée dans le Wisconsin. Lui qui était très secret s’est ouvert aux autres et il semble presque habité par la façon dont on se souviendra de lui.

Parmi les nombreux tatouages qu’il arbore, un symbole égyptien fraichement gravé sur son poignet droit révèle cette obsession pour les traces qu’il pourra laisser dans l’histoire. Sa signification ?  « Vivre éternellement ». 

 « Je me suis fait faire ce tatouage car c’est ce à quoi j’aspire – Vivre éternellement. Je veux faire la différence. Je veux que les gens se mettent à penser à moi pour l’éternité ». L’homme serait-il devenu complètement megallo ? Disons plutôt qu’il a pris conscience qu’il ne fallait pas gâcher le formidable potentiel qui sommeillait en lui et qu’il est en mission pour faire fructifier ce qu’il a de meilleur.

Cette mission passe évidemment par une victoire Dimanche face aux Steelers.

Woodson visite le University of Michigan Hospital
Woodson visite le University of Michigan Hospital (P.Knight, AP)

 

Woodson est désormais un homme apaisé. Il a transformé son désenchantement en une force positive et se sent aujourd’hui parfaitement à l’aise à Green Bay. La ville lui rappelle Fremont et son Ohio natal, portant haut les valeurs du travail bien fait.

«Je me souviens qu’un ami m’a dit que l’on commençait à comprendre ce qui était important dans la vie à partir de 30 ans et vous savez quoi ?  »

« Il avait raison !»

Voir toutes les infos de ce match (articles, statistiques, play-by-play...)

  1 2 3 4 OT Final
Green Bay 14 7 0 10 0 31
Pittsburgh 0 10 7 8 0 25
... chargement de la zone de commentaire ...

 Tu ne peux gagner un match si tu ne marques aucun points  – John Madden (ancien coach au Hall of Fame)

En VO :  You can't win a game if you don't score any points. 

Citation réelle proposée par Darkum pour 10 Bzh. Suggérer une citation réelle ou fictive pour 10 Bzh !