Jaguars 2017 : au revoir anonymat ?!
Cette saison est sujette à une recrudescence des fulgurances défensives. Celles de Jacksonville, responsables d’un exercice pour le moment magistral, s’avèrent les plus marquantes de par leur répétitivité. Reste à maintenir le rythme en sortie de bye pour s’assurer une place à la postérité en bout de piste, non à mi-parcours. Et, plus dur, trouver un surnom universellement admis pour capturer l’imaginaire et accéder plus aisément à l’immortalité.
Jaguarnaut
Les Jaguars contribuent à la folle semaine 7 avec un shutout. Le sixième de leur existence, le premier depuis 2006 où ils possèdent sans doute leur meilleure défense, talonnée de près ou surpassée d’un rien par 1999. La discussion quant à l’ordre de chacune apparaît potentiellement caduque tant le cru 2017 traverse la fin de l’été et le début de l’automne tel un OVNI. La cadence statistique imprimée bouleverse les annales de la ligue, pas juste de la franchise. À cause du déverrouillage croissant des cieux opéré à partir de 1978, on passe davantage, plus vite, plus court et plus facilement. Raison pour laquelle efficience, volumes totaux et par tentative explosent pendant que sacks et interceptionsInterception
passe du QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs. rattrapée par un défenseur (un adversaire). s’amenuisent. Plus les ans défilent, plus lutter efficacement relève de l’utopie. Ainsi, plus le groupe est récent, plus il a du mérite quand il pose des chiffres ne serait-ce que solides. Alors quand ils en viennent à concurrencer ceux d’un autre temps…
Duvalcatraz
L’effectif est formaté pour répondre aux problématiques contemporaines. Comme il s’agit désormais d’annihiler le quarterback avant d’annihiler le running back, la vitesse pour se déplacer dans l’espace prévaut sur la puissance pour se frayer un chemin dans les tranchées. Habituellement, le quarterback défensif est le Mike voire le Will car à une époque où les formations à trois receveurs se démocratisent, le Sam est sacrifié pour un nickelback. Ici, les clés et l’oreillette sont confiées à Myles JACK… Sam dans une base où Paul POSLUSZNY est Mike. Ce dernier ne participant qu’à un tiers des snaps, JACK glisse au milieu et évolue surtout en MLB au final. Telvin SMITH, lui, est le Will attitré. Pas aussi massif qu’un linebacker classique malgré son mètre 91, son gabarit similaire à celui d’un strong safetySafety
Signifie deux choses différentes :
1- c'est le plaquage du porteur du ballon dans sa propre zone d'en-but. Cela rapporte 2 points à l'équipe qui l'effectue et elle récupère la possession du ballon. L'équipe victime du safety va alors dégager depuis ses 20 yards au moyen d'un botté façon puntPunt
action utilisée en 4ème tentative et x yards à parcourir. Plutôt que de tenter les x yards, l'attaque choisit de botter le plus loin possible pour faire reculer son adversaire..
2- c'est un poste en défense. Le safety est en quelque sorte le dernier rempart. Il tient en quelque sorte le rôle d'un libéro en football européen. donne à la 4-34-3
formation défensive avec 4 linemen et 3 linebackers. des allures de nickel et au personnel nickel des allures de dime. La mobilité incomparable du back seven permet de tisser les mailles d’une couverture étouffante. Sa légèreté combinée à un front four pensant d’abord passeur avant coureur fragilise face à la course. Pas de responsabilités complexes ou de blitzes exotiques, l’édifice construit sur ses extrémités adopte un style simpliste articulé autour du marquage en homme à homme et d’une ligne agressive, auxquels s’ajoutent des concepts de zone élémentaires. Les contributeurs majeurs sont jeunes (25 ans et demi en moyenne), l’organisation en drafte plus de la moitié et déniche l’autre via la free agency. L’exécution et le talent priment sur le schéma. La propreté et la qualité des plaquages interpellent dans une NFL où elles déclinent. Héritage de Gus BRADLEY (ancien entraîneur) et impact de Todd WASH (actuel coordinateur), passés par Seattle où une attention particulière est portée à ce « détail » ? Quid de Tom COUGHLIN ? Celui réputé pour sa rigueur, son exigence et son intransigeance, celui qui guide la franchise vers ses heures de gloire entre 1995 et 2002 effectue son retour au bercail où il chapeaute en direct des bureaux.
Sacksonville
Les cartons du pass rush inspirent ce surnom à la popularité assise par le blanchissage d’Indianapolis. Grâce à leurs dix plaquages de Jacoby BRISSETT, les Jaguars 2017 rejoignent les Raiders 1967 et les Bears 1984 dans le lot de ceux à 10+ sacks deux fois au cours de la même saison. Le tempo endiablé, lancé en ouverture chez les Texans avec dix unités, les dirigent sur les traces de deux records. Le premier : celui collectif de ces mêmes Bears 1984. La moyenne de 4.7 par rencontre signifie 75 à l’année, soit trois de plus que Chicago. Il faut savoir que parmi les 23 défenses éclipsant la barre des 60 depuis 1978, uniquement quatre appartiennent au 21e siècle. Il faut également savoir qu’outre les Monsters of the Midway, la barre des 70 n’est atteinte que par les Vikings 1989 avec 71. Le deuxième : celui individuel de Michael STRAHAN en 2001. La moyenne par rencontre affichée par Calais CAMPBELL signifie 23 à l’année, soit un demi de plus que le Giant. Avec 10.0, le Jaguar a dès maintenant battu sa propre marque référence. Sa polyvalence l’autorise à performer peu importe l’alignement. Quand les Cardinals jouaient leur 3-43-4
formation défensive avec 3 linemenLinemen
littéralement, les hommes de la ligne (de scrimmage). Il y a les linemen offensifs et les défensifs. Ils s'opposent dès le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB. donné. et 4 linebackers. de base, il était end / five-technique. Étant donné leur penchant pour les fronts changeants, il se retrouvait souvent à proximité du guard en tant que tackle de 4-3 / three-technique. Il a bien évidemment exporté ses facilités en Floride pour aider tant bien que mal contre la course et générer de la pression, notamment intérieure qui constitue une denrée inestimable pour un pass rush.
Jaxson 5
Le travail abattu par le formidable quintet de la secondary suscite les parallèles avec la Legion of Boom ou la No Fly Zone. Testé ? Assiégé ? Il répond ardemment. En témoignent les recensements par tentative. Principalement celui des yards nets ajustés, catégorie reine qui factorise quasiment l’intégralité des composantes liées à la passe (yards, touchdowns, interceptions, sacks). Parmi les douze défenses descendues sous les 3.00 dans l’ère des calendriers de seize dates, toutes évoluent avant 1990 hormis les Eagles 1991 et les Buccaneers 2002. Avec 2.84, les Jaguars 2017 sont en lice pour un exploit irrationnel puisque eux souffrent des ajustements successifs désavantageux depuis 2004 en matière de retenue, contact illégal, interférence et dorlotage des attaquants.
Teal Curtain
Une manière d’apprécier le rendement général consiste à comptabiliser les matchs sans touchdown et/ou sans point. Actuellement, les félins émergent à trois pour chaque.
Si le record des « 0 TD » sera difficile à décrocher (Bears 2005 avec dix !), celui des « 0 pt » s’envisage. Détenu conjointement par les Seahawks 1984, Saints 1991, Saints 1992, Ravens 2000, Buccaneers 2002, Patriots 2003 et Jets 2009, il s’élève à quatre. Le Teal Curtain aurait déjà pu l’égaler sans le garbage time contre Baltimore le privant d’une bulle supplémentaire. Pour information, on n’avait plus vu personne à trois depuis les Chiefs 2013. À noter qu’avant dimanche 22 octobre, seulement sept avaient rempli chaque colonne de la partie « 0 » et nul n’y était parvenu après les Chargers 2010. Sous Mike SMITH entre 2003 et 2007, la défense connaît une période faste. Suite à son départ : le creux. Entre 2008 et 2016, en 144 affrontements, elle accorde 9- points ajustésPoints ajustés
Points réellement encaissés et/ou marqués par l’escouade une fois déduits les scores annexes. En défense = points nets encaissés - points défensifs marqués. En attaque = points nets marqués - points offensifs coûtés. Précisions supplémentaires ici. à sept occasions. En 2017, en sept semaines, elle s’y emploie à quatre reprises.
Jaxhammered / Jaxhammers
La visibilité acquise par la ligne et le backfield s’obtient au détriment du sol. Le bouclier anti-aérien le plus perfectionné ne peut pas grand-chose pour fortifier le rempart terrestre le plus poreux. Une singularité rappelant les Redskins 1980. Une dualité insolite pas isolée pour une équipe pleine de contradictions, dont la défense se montre souveraine à l’extérieur tandis qu’elle souffle le chaud et le froid à domicile, dont le bilan de 4-3 ne comporte aucune série de victoires ou défaites. Par essence, les airs rapportent gros. Au sein d’un environnement obnubilé par eux, mieux vaut un déséquilibre dans ce sens que dans l’autre. Chargers 1998-00, Mur Williams 2006-07 ou Broncos 2016 en savent quelque chose. Présentement, l’ultra domination unidimensionnelle garantit des performances globales tellement remarquables qu’elles chassent l’histoire.
Comment justifier que les opposants n’appuient pas davantage où ça fait mal : sur le plancher des vaches ? Faut-il questionner la compétence des divers cerveaux offensifs en poste ? Possible. Cependant, les hommes de Todd WASH contraignent à traiter la plupart des jeux comme des situations de passe et donc à jouer sur leur force. En effet, ils entament leurs drives avec une avance moyenne de 6.8 points, la deuxième plus confortable du championnat, parce qu’ils maîtrisent au préalable les débats ou bénéficient d’une aide inhabituelle mais bienvenue de leurs partenaires. Ceci s’explique par la propension à s’imposer large et à s’incliner serré. Oppressés par leur retard, les adversaires s’impatientent et précipitent leur chute. Dans ces conditions, l’échange avec les Bills pour Marcell DAREUS donne des frissons. Le nose / defensive tackle arrive en tant que complément plutôt que titulaire. Quelques snaps sur les situations de course (1re&10, 2e+3e&court) ne devraient pas rendre la troupe trop dépendante de ses humeurs (motivation, implication, durabilité…). S'il s'intègre, elle progressera sur sa faiblesse. Par ailleurs, c’est un pass rusher suffisamment productif pour ne pas desservir le front en cas de pression. Si non, elle carbure déjà sans lui.
Death Throw
Plusieurs temps de passage hallucinants catapultent virtuellement le onze dans le monde des plus grands. Voici une rapide comparaison avec les derniers plébiscités :
Sachant que l'échantillon comprend des entrevues avec des attaques un minimum compétentes (Steelers, Rams) et un éclat (Titans), il y a de quoi continuer le carnage. Les prestations sont excellentes sans être irréelles. À moins d'un cataclysme, elles paraissent amplement reproductibles. D’autant que se profilent des rendez-vous relativement cléments (Bengals, Browns, Colts, 49ers). En revanche, vu que l'échantillon comprend quatre touchdowns inscrits (record des Seahawks 1998 à dix) et 2.3 turnovers par match (depuis l’avènement de l’ère du contact illégal renforcé II en 2014, seuls les Panthers 2015 terminent dans ces eaux), un ralentissement s’annonce. À moins que...
Men of STeal
Peyton MANNING (Colts) et J. J. WATT (Texans) / Colts 2004 et Titans 2008 / Colts 2005… Ce que l’AFC South a offert de mieux de chaque côté du ballon niveau joueur, escouade et équipe. Steve McNAIR (Titans 2003), Peyton MANNING (Colts 2003-04, 2008-09), Vince YOUNG (Titans 2006) et Chris JOHNSON (Titans 2009) / DeMeco RYANS (Texans 2006), Bob SANDERS (Colts 2007), Brian CUSHING (Texans 2009) et J. J. WATT (Texans 2012, 2014-15) / Bruce ARIANS (Colts 2012)… Consécrations individuelles ou collectives, officielles ou officieuses, les Jaguars vivent dans l’ombre de leurs rivaux, toujours laissés-pour-compte. Défense en route pour intégrer l’élite historique ? Calais CAMPBELL et Jalen RAMSEY, ses moteurs, en route pour la première récompense de la franchise ? En se faisant un nom, ceux de 2017 sont en train de changer la donne. L’avenir nous dira dans quelles proportions.