Alexandre Marquignon, le conquérant !
Repéré par Robert Tucker, le coordinateur défensif de l’Equipe de France, après ses deux premiers matches internationaux en coupe du monde, Alexandre Marquignon s’apprête à rejoindre le Dakota du Sud et l’équipe universitaire des Sioux Falls. Après une campagne autrichienne riche en émotions, l’heure est venue pour le jeune Spartiate de continuer sa progression et préparer sa nouvelle aventure avec une prudence de… Sioux.
Arrivé sur la pointe des crampons en équipe de France, Alexandre Marquignon n’aura pas mis longtemps à s’imposer dans le roster des Bleus. Il lui aura suffi d’un stage de préparation à Strasbourg et de deux matches de coupe du monde. Pourtant, à son arrivée en Autriche, il était inconnu des coaches défensifs. C’est Larry Legault, le sélectionneur, qui d’après certains proches du jeune Amiénois a détecté cette saison les talents du jeune Amiénois durant un match contre les Argonautes : « Il m’avait repéré à ce moment et en fin de saison quand j’ai joué contre son équipe. C’est pour cela que j’ai été appelé. Rudy Fonkoue, le coach des DB ne me connaissait pas, ni même Coach Tucker », relève le jeune défenseur.
Ses cinq plaquages face au Japon et son interceptionInterception
passe du QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs. rattrapée par un défenseur (un adversaire). contre le Canada lui permettent de se faire remarquer par le coordinateur défensif. Celui qui n’a pu endosser le maillot des Juniors lorsqu’il est arrivé au pôle France d’Amiens il y a deux ans, se voit proposer de rejoindre les Cougars de Sioux Falls, équipe universitaire évoluant en 2ème division NCAA et dont l’assistant du coach n’est autre que Robert Tucker. Une proposition faite par ce dernier au sortir de la défaite contre le Japon et que le néo international « ne pouvait pas refuser. Jouer au Canada ou aux Etats-Unis, c’est un objectif en soi lorsque l’on fait du football américain. Il s’agit d’une super opportunité puisque je connais déjà le coach », explique le n°26 de l’EDF.
Le coup de pouce du coach
Ayant promis de reprendre contact rapidement après la campagne autrichienne, Robert Tucker n’a pas tardé à faire germer, dans l’esprit du safetySafety
Signifie deux choses différentes :
1- c'est le plaquage du porteur du ballon dans sa propre zone d'en-but. Cela rapporte 2 points à l'équipe qui l'effectue et elle récupère la possession du ballon. L'équipe victime du safety va alors dégager depuis ses 20 yards au moyen d'un botté façon puntPunt
action utilisée en 4ème tentative et x yards à parcourir. Plutôt que de tenter les x yards, l'attaque choisit de botter le plus loin possible pour faire reculer son adversaire..
2- c'est un poste en défense. Le safety est en quelque sorte le dernier rempart. Il tient en quelque sorte le rôle d'un libéro en football européen. d’Amiens, l’idée d’une aventure en terre américaine. « On s’envoie des mails régulièrement. Il y a tellement de choses à régler qu’il m’aide dans mes démarches. » Un tel projet se prépare en effet en amont : « Je dois passer le TOEFL et un autre test, envoyé des dossiers à la NCAA » même si « la Fac m’a proposé une scholarship qui va vraiment m’aider sur le plan financier », souligne Alexandre. Soulagé sur ce dernier point, il a néanmoins pris un travail pour compléter son budget.
Le jeune garçon de 20 ans s’atèle surtout à soigner une blessure contractée en Autriche lors de l’entrée des tricolores dans la compétition face au Canada. Son pouce droit s’est fracturé et a été remis dans l’axe à l’hôpital de Graz le lendemain. Cela n’a pas empêché le fougueux défenseur de jouer le deuxième match face aux nippons. Son doigt n’a évidemment pas tenu et la compétition s’est arrêtée pour lui lors de ce match. Opéré dès son retour en France, il ne pourra rejouer que dans deux mois. Alexandre prend néanmoins son mal en patience. « J’ai déjà commencé à travailler un peu le côté physique, surtout au niveau du bas du corps, pour être plus explosif, plus puissant. J’attends le retour de Seb (Sejean) pour aller me préparer avec lui. C’est lui qui doit m’encadrer, pour que je sois vraiment prêt ! » affirme-t-il.
L’objectif est bien défini : Alexandre arrivera en janvier prochain pour « participer aux entraînements et être prêt pour la saison 2012. Ensuite il faudra saisir les opportunités de jouer et gagner une place de titulaire. Ces six mois permettront également de voir mon niveau scolaire. » En faculté d’économie l’an passé, il va s’orienter là-bas dans le marketing et étaler dans le temps ses crédits en fonction de son adaptation. Prévoyant, il tentera d’obtenir un diplôme qui lui offrira une équivalence à son retour dans l’hexagone : « Logiquement j’essaye de partir pour quatre ans. Il faut que je montre que j’ai le niveau : je vais m’entraîner pour. Sur le plan scolaire, je sais que là-bas, pour jouer au Foot, il faut avoir de bons résultats donc je serai obligé de m’investir dans les deux. Je dois montrer que je mérite la scholarship que l’on m’offre ».
Une progression fulgurante
La conquête de l’Ouest ou plutôt du Dakota du sud ne sera pas aisé mais le Frenchie est sûr de pouvoir compter sur un appui de taille, le soutien de ses parents, le « plus important » à ses yeux. L’éloignement futur de ses proches ne lui fait « pas peur car je ne connais ni l’environnement, ni la ville, ni les joueurs mais il y aura quand même le coach », dit-il avec assurance. « Quand j’étais à Caen, je me disais que le niveau Junior des spartiates ça devait être un truc de fou et maintenant je me retrouve en équipe de France. Mais je sais que j’ai encore beaucoup de travail à accomplir avant de m’imposer là-bas car l’équipe dispose d’un bon niveau. »
L’ascension a été pour le moins fulgurante pour celui qui a débuté le football américain dans le Calvados il y a cinq ans seulement. Après avoir garni pendant trois ans les rangs des Conquérants de Caen, il a rejoint le Pôle Espoirs d’Amiens, « arrivant juste après la campagne des Juniors à Canton : j’étais donc un an trop vieux pour évoluer avec l’EDF Junior ». Cela ne l’a pas empêché de devenir titulaire avec les Spartiates Juniors et back-up en Elite lorsque les joueurs de la Somme ont conquis le titre national*. L’an passé, la concurrence s’est accrue puisque les trois safety de l’équipe nationale évoluait à Amiens. Aurélien Sempé, Arnaud Vidaller et Sébastien Sejean formaient le dernier rempart spartiate. « C’était un peu dur de se faire sa place alors que je venais des juniors mais j’ai pu suppléer Arnaud en début de saison ou Sébastien par la suite. » Alexandre ne sait plus combien de matches il a joués en tout, « cinq ou six peut-être », mais cela aura été suffisant pour se distinguer aux yeux des entraîneurs et gagner le respect des coéquipiers.
La blessure du « vétéran » Sejean peu avant la coupe du monde, lui a offert une place de titulaire en EDF aux côtés de son autre ami, Arnaud Vidaller. Ce dernier, qui a foulé les pelouses de l’université de Willamett (Oregon) et « Seb », qui connaît bien le système américain pour avoir évolué aux Rams de Saint-Louis, ne pouvaient que l’encourager dans son projet. Double champion de France Junior et champion de France sénior avec Amiens, Alexandre gardera de bons souvenirs de ses deux années passées à Amiens. « C’est sûr que cela va me manquer, et c’est dommage car je m’étais battu durant deux années pour gagner ma place de titulaire l’an prochain, et je pense que j’y étais parvenu. Mais bon, je reviendrai peut-être jouer un jour ici », indique-t-il sourire dans la voix. Se battre pour s’imposer : un combat qu’il a déjà mené une fois et qu’il se prépare à rééditer de l’autre côté de l’Atlantique.
* Pour sa première saison en Elite, il y a deux ans, il était en Spécial Team et a réalisé une interception contre les Dauphins de Nice lors de sa seule titularisation.