Handiflag : vers un football plus accessibleDécouverte de cette discipline avec le coach Arnaud Mboutcha
Les abonnés – et les futurs abonnés ! – de 4th&goal ont pu, ou vont, découvrir dans le troisième numéro du magazine un sujet sur l’accessibilité du flag football à un très large public. A cette occasion, nous avons interviewé Arnaud Mboutcha, aujourd’hui joueur et entraineur au Flash de la Courneuve, qui a initié ces deux dernières années l’équipe de handibasket de l’association Handisport Amiens Metropole à la pratique de cette discipline adaptée en fauteuil roulant. Avec les Spartiates d’Amiens, son club de l’époque, Arnaud a ainsi repris le projet développé il y a une dizaine d’années par les Vikings de Villeneuve d’Ascq. Ces derniers pourraient à nouveau proposer l’activité dans la métropole lilloise très prochainement…
Arnaud, peux-tu nous présenter ta démarche, qui est aussi celle des Spartiates d’Amiens ?
Nous avons contacté il y a deux ans une équipe de handibasket à Amiens pour leur proposer le handiflag. Nous avons donc animé des séances de découverte et d’initiation une fois par semaine et cette équipe pratique à présent les deux activités, avec de la compétition pour le handibasket. Les entrainements devraient reprendre incessamment sous peu pour la troisième saison consécutive.
Quelles sont les principales différences entre le flag et le handiflag ?
Il n’existe pour le moment aucun règlement pour cette discipline. Nous avons donc dû adapter, et tester, les règles et la pratique au fur et à mesure des séances. Le jeu se déroule sur un terrain de basket, à 4 contre 4. Nous avons fourni à l’équipe des maillots spéciaux avec des scratchs permettant de fixer les flags sur les épaules. Enfin, le quarterbackQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs. débute chaque tentative avec le ballon en sa possession, sans snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB..
Le fait que la discipline soit sans contact est-il rassurant pour les joueurs ?
Cela a été un argument pour nous, afin d’intéresser le groupe à cette nouvelle pratique. Cependant, j’ai eu l’opportunité d’assister à une rencontre de handibasket et je peux vous assurer que le contact ne leur fait pas peur, bien au contraire ! J’avoue avoir été impressionné par la brutalité de certains chocs.
Avez-vous pu organiser des matchs face à d’autres équipes ?
Malheureusement, il n’y a pas encore, à notre connaissance, d’équipes en France, ni en Europe. Les oppositions se font donc juste entre eux. De toute façon, nous avons principalement axé ces initiations sur la technique : comment lancer un ballon, les différents tracés, le déflagage, etc… Nous n’avons donc pas encore pu développer un cahier de jeu, mais juste voir deux ou trois schémas offensifs.
Quelles sont les valeurs du flag et du football américain que vous leur avez inculquées ?
Ce qu’il faut savoir, c’est que ces joueurs prennent leur activité au sérieux. C’est un groupe soudé qui possède déjà une éthique de travail, qui se surpasse et qui aime découvrir et partager de nouvelles choses ensemble. Donc, nous n’avons pas eu de travail à faire concernant tout ce qui fait une bonne équipe, comme être une famille, s’arracher pour son coéquipier, etc… Nous les avons surtout plongés dans l’ambiance du football américain en les invitant à assister à des matchs des Spartiates la saison dernière.
Quel a été leur retour sur cette nouvelle discipline ?
C’était au départ un nouveau sport pour eux, ce qui a naturellement éveillé leur curiosité. Cette activité leur a beaucoup plu, même si, évidemment, le manque de compétition a eu tendance à en décourager certains. L’équipe, qui comptait même deux femmes, affichait beaucoup de cohésion. Nous n’avons eu que des retours positifs. Il faut maintenant s’appuyer sur ce socle pour essayer d’y joindre d’autres personnes qui ne peuvent pas pratiquer de sport conventionnel. Cette idée fait suite à une initiative de Sébastien Sejean, « Le Père Noël est un Spartiate », en décembre 2011 où nous avions rendu visite aux enfants d’un hôpital pédiatrique. Quelques jeunes avaient alors manifesté leur envie de pratiquer le flag. Nous pourrions donc greffer à cette équipe des personnes ou des enfants souffrant d’un autre handicap ou d’une maladie. Il y a cependant quelques soucis de logistique à régler pour cela, comme le transport des enfants malades, qui est assez délicat.
" Un projet qui pourrait être intéressant à developper "
D’un point de vue personnel, qu’est ce qui t’a motivé pour te lancer dans un tel projet ?
J'ai découvert le football américain à l’âge de 13 ans, un sport que j'ai tout de suite aimé. Seulement, un médecin m'avait diagnostiqué un problème respiratoire. J’ai donc subit une opération qui m'a empêché de pratiquer un sport quelconque durant un peu plus de deux ans. J'ai espéré pendant cette période et j'ai finalement eu l'autorisation de mon médecin. A présent, ce chapitre de ma vie est un moteur pour moi. Des personnes n'ont malheureusement pas la même chance que moi : j'ai donc voulu donner de mon temps pour eux, tout comme on l'a fait pour moi.
Quelles ont été les limites de ce projet ?
La saison dernière, j’ai joué beaucoup de matchs avec les Spartiates en Elite et en Eurobowl. Avec en plus les entrainements des équipes de jeunes, j’ai malheureusement manqué de temps pour m’investir davantage dans ce programme. D’autre part, le dossier de subvention avait été refusé. Le club va devoir le retravailler pour qu’il soit accepté cette année. Heureusement, la fédération a fourni du matériel comme des ballons et des flags.
Penses-tu que le handiflag a un avenir ?
Oui ! Car elle apporte un substitut aux handicapés qui aiment le foot us. Et à la vitesse avec laquelle se développe le flag mixte, cela pourrait être un projet intéressant à développer.
Joseph Mbongo, joueur et président de l'association Handisport Amiens Métropole« Cette expérience nous a beaucoup plu ! Nous avons particulièrement bien aimé la vitesse de déplacement qui doit être apportée lorsqu’un joueur attrape le ballon et l’entente qu’il doit y avoir entre le quarterback et ses receveurs sur les tracés : on sait où le ballon va arriver. C’est très mathématique ! Nous avons également aimé le côté stratégique, le codage des actions. Il y a pour le moment moins de contacts qu’au handibasket, mais ces règles sont en train d’être étudiées. » |
Et aux Etats-Unis ?
Outre Atlantique, on peut s’en douter, la discipline en est à un stade un peu plus avancé dans son développement, mais sans être non plus très répandue dans le pays. Ce sont surtout des établissements scolaires spécialisés dans le sport adapté pour les handicapés qui proposent le handiflag. Tout comme à Amiens, de nombreuses adaptations au jeu ont dû être apportées pour permettre la pratique. Mais celles-ci diffèrent suivant les sites. Par exemple, un field goalField Goal (FG)
coup de pied à 3 points effectué le plus souvent en 4ème tentative quand l'attaque a été bloquée. Il est joué depuis l'endroit où la dernière action c'est achevée. En cas de réussite c'est 3 points et engagement. En cas d'échec, la possession change de camp mais il y a deux possibilités : avant le snap, la balle était à l'intérieur des 20 yards, on replacera alors la balle sur la ligne des 20 yards ou elle était placée au-delà des 20 yards, on la replacera au même endroit. ou une conversion de touchdownTouchdown (TD)
c'est l'essai qui vaut 6 points et qui peut être transformé au choix à 1 ou 2 points. Il suffit que le ballon pénètre dans la endzone. (pas besoin d'aplatir) s’effectue soit par un lancer entre les deux montants retenant un panneau de basket du gymnase, soit tout simplement par une tentative de lancer franc dans le panier, comme au basket. En ce qui concerne les contacts, ils sont assez rugueux, les joueurs pouvant même aller jusqu’à pousser leurs adversaires en touche.
L’AAASP, American Association of Adapted Sports Programs, propose des compétitions sportives entre écoles spécialisées en provenance de différents Etats comme la Georgie, le Texas et la Floride. Leur championnat de Wheelchair Football, football en fauteuil roulant, regroupe une dizaine d’équipes et se déroule chaque année aux mois de mars et avril. Cette saison, les Houston Sharks ont battu en finale les Gwinnett Heat sur le score de 54 à 44.
Enfin, en Alabama, l’équipe de la fondation Lakeshore, située à Birmingham, invite régulièrement depuis plusieurs années l’équipe de football High School locale, les Hoover Bucs, pour des rencontres amicales. Avis aux amateurs qui souhaiteraient s’essayer à cette variante du flag football et défier l’équipe de handiflag d’Amiens !