La parole à ceux qui font le Foot US made in France

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le 01/09/2013 à 11:38 par Denis Quérat

Cet article est paru sur SidelineSideline
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Période estivale… Rédacteurs/contributeurs en vacances, saison morte, peu de news…
Á Sideline nous avons pensé que cette période pourrait être mise à profit pour mettre en avant ceux qui font le Foot US en France, pour donner la parole aux acteurs du Football américain Made in France, qu’ils soient coach, prez, joueurs, ‘observateurs avertis’… Ils nous parlerons de leur passion, de leur engagement vis-à-vis du Football américain, des évolutions heureuses, ou non, de notre sport, des changements de réglementation qu’ils appellent de leurs vœux
Nous allons donc diffuser pendant tout l’été des entretiens fleuves, comme vous avez déjà eu l’occasion d’en trouver sur le blog http://www.sideline.fr/periode-estivale-la-parole-a-ceux-qui-font-le-foot-us-made-in-france/ http://www.sideline.fr/periode-estivale-la-parole-a-ceux-qui-font-le-foot-us-made-in-france-2/
Aujourd’hui: Fred Martin alias Iron (RadiOSSA, Coach Pictes-ex Dockers, Flash B...- Prez Ligue Poitou Charente) 1/2


Bonjour Fred peux-tu te présenter et nous donner un petit historique de ton parcours footballistique?
Fred Martin, soixante huitard de naissance, ancien joueur moyen à une multitude de postes, capable de jouer guardGuard
homme de la ligne offensive placé à droite et à gauche du center. Il doit protéger le QB et creuser des brèches aux RB.
et corner dans le même match, mais à l’époque on aimait souvent ça ou on était obligé de le faire, c’est selon… Premiers coups de casques fin 80 avec les Princes du Val Maubuée (77), devenu rapidement entraineur par envie, et arbitre par envie aussi et par plaisir car à cette époque, ça fonctionnait bien par équipe d’arbitrage Je suis passé par le Team Paris époque fin de règne, quelques entrainements avec feu les Anges Bleus, une saison à encadrer les Météores post Lebon, une longue période journalistique, notamment autour des sports US, sans être impliqué directement avec une équipe, un retour au coaching au Flash B, une expérience à la ligue IDF au cœur du régional, et une migration provinciale pour assurer à ma descendance un air non pollué d’échappements. Un transfert géographique qui m’a permis de rencontrer et d’aider à l’évolution des Dockers de Nantes puis de voir naitre et de soutenir stratégiquement les Pictes de Niort et cette année de participer à la résurgence de la ligue Poitou-Charentes en tant que Président.


1er contact avec le Foot US?
Sans doute une serie américaine du samedi après midi, un bon vieil épisode des années 70 avec casque de motos ou presque et gros méchants pas beaux mais surtout un film en VHS, the longest yard, plein la gueule en français, Burt Reynolds années 74 mais visionnage en 83 (avant je ne savais pas que le magnétoscope existait).


1er match de Foot US?
Bizarrement, je ne m’en souviens pas, je me rappelle de plusieurs dizaines de matchs, mais pas du tout premier en équipé, il faudrait replonger dans les archives, mais c’est au fond du garage ou dans le grenier, et ça fait un bail que je n’ai pas remué toutes ces années passées. Par contre, j’ai bien mon premier maillot d’entrainement, en maille large violet du plus bel effet, et mes genouillères de hand délabrées qui me servaient de protection pour un peu partout, biceps compris. Un vrai style d’époque.

Quel est le souvenir le plus marquant de ta carrière ?
Rien ne dit que ma carrière est belle et bien finie. J’avais remis piteusement mais en conscience l’équipement avec le Flash B il y a une poignée d’années pour faire plaisir à mes filles. Alors sait-on jamais, mais rayons highlights, j’avoue que je suis vraiment près de la chaise à porteur et que mon cardiologue n’est pas euphorique pour l’instant… Mais si je dois retenir un moment vraiment prenant pour mes tripes, il est d’abord humain, lorsque j’ai pu aligner en match officiel non pas un mais deux papas avec chacun son rejeton, dans la même escouade offensive, et ça fonctionnait bien : les 2 Rouat centre et QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
et les 2 Sauvage, Tackle et Tight end. A ce moment là, j’étais vraiment le coach le plus fier du monde.

On t'entend plus -ou rarement- sur RadiOSSA le lundi soir, ne me dis pas qu'un fondu de Foot US a autre chose à faire le lundi soir que d'être branché sur Ossa? Pourquoi pas une vie de famille tant que tu y es!
Hélas pour tous les auditeurs passionnés qui attendent toujours désespérément un eclair de lucidité dans les propos obscurs des maitres des lieux webradiophoniques, les Pictes s’entrainent aussi le lundi. Et quand je ne vais pas à Niort, ce jour est aussi l’un des rares soirs où personne n’a d’activités au sein de ma famille nombreuse. C’est aussi simple que ça.

Par simple curiosité, tu regardes combien de matchs par an?
Impossible à savoir. Le minimum syndical, c’est au moins deux par semaine, NFL + NCAA et quelques highlights. Et ça peut monter jusqu’à une quinzaine si le temps me le permet. Mais j’ai largement baissé le rythme depuis deux saisons. Je suis carrément devenu sélectif et hormis les grosses affiches (ok, il y en a souvent), je choisis beaucoup les matches en fonction des spécificités stratégiques.

T'es revenu au coaching la saison passé, content? Bilan?
Je n’avais pas prévu un retour au coaching si vite en raison de problèmes de santé à surveiller, et j’envisageais plutôt des interventions technico-tactiques afin que des vétérans des Pictes se mettent à encadrer. Je voulais donc donner des instructions, orienter et mettre en place un système de jeu cohérent sans être forcement présent. D’ailleurs, c’est pour ça que j’ai pu « encadrer » le 1er match face aux Dragons en étant au téléphone pendant l’AG fédérale. J’avais préparé le game plan, scouté l’adversaire et préparé les options possibles. Les joueurs n’avaient plus qu’à exécuter, selon les indications d’un joueur-coordinateur blessé ce jour-là qui a parfaitement servi de relais. Bon, l’exécution a un peu péché et Poitiers a su bien en profiter. La réalité du terrain, c’est qu’un coach est nécessaire mais pas suffisant. Et que finalement, autant être au bord du terrain pour vivre ces instants plus intensément. Mais la vraie satisfaction, c’est que le groupe s’est émotionnellement développé et que l’équipe s’est footballistiquement améliorée au fil de la saison. Or on joue par passion et on gagne par son efficacité. Voilà pourquoi on a perdu, souvent de peu, les matchs aller et surpris tout le monde au retour. J’avais prévenu dès le départ les joueurs qu’il fallait savoir être patient et humble, précis et concerné afin d’apprendre le foot, pas seulement jouer des matchs, mais apprendre et progresser et finalement pouvoir vaincre.

Tu t'es présenté à la dernière élection fédérale, sans succès, déçu?
Avec un certains succès puisque des ligues ont quand même voté pour moi, et que jusqu’au dernier moment et des revirements de bords homériques, j’étais encore en course. Mais les circonstances et le scénario de cette journée étaient franchement malsains et pathétiques. Donc pas déçu de ne pas faire partie d’un CODIR digne d’un western spaghetti, mais vraiment attristé de voir le comportement général et les tractations obscures pour en arriver là.

L'AG avait l'air d'être assez lunaire (longueurs, votes interminables…) ce qu'on pourrait prendre pour un certain 'amateurisme', ne pourrait-il pas être au contraire une machine extraordinairement bien huilée, permettant de trainer en longueur, d'éviter des débats houleux sur des points essentiels du développement de notre sport, de bricoler les votes cruciaux en fin de journée à la va vite parce que les 'provinciaux' doivent prendre le train etc?
Ce qui s’est passé ce jour-là est l’exemple d’une démocratie de façade détournée de ses effets positifs et phagocyté par les intérêts individuels. J’espère avoir assisté pour la dernière fois à une telle bouffonnerie et qu’on se consacrera désormais au foot, pas aux acteurs politiciens gavés par les ambitions et boostés par les susceptibilités.

Prez de la ligue Poitou Charente, c'est pour draguer Ségolène?
Elle ne m’a jamais fait fantasmer, mais entre elle et Bussereau ou Raffarin, je n’hésite pas. Un Président de Région a et va avoir de plus en plus d’importance et il vaut mieux être du bon côté de son oreille pour faire avancer les dossiers. Mon arrivée à la présidence est le fruit de circonstances positives et tranquilles, et la volonté des clubs de voir l’ensemble des structures avancer vers le haut va largement me faciliter la tâche. La ligue doit avoir un rôle de coordination, à la fois ferme et conciliante, et de soutien aux clubs. Comme on part tous du même niveau régional et que la majorité des structures a des dirigeants récemment arrivés à leur tête, la dynamique et les ambitions sont à la fois réelles et saines. Sportivement, on est équilibré et structurellement, il y a bien la volonté de s’améliorer.

Quel message veux-tu faire passer à tes joueurs? (s'il y'a) / Quel conseil pourrais-tu donner à un jeune qui veut débuter dans le Foot US?
D’abord je n’aime pas dire « mes » joueurs, parce qu’ils s’appartiennent chacun individuellement et que je ne suis pas dans un esprit paternaliste déifié à l’américaine, même si j’exige toujours qu’il m’appelle coach et qu’ils respectent un maximum les consignes. Pas pour me vénérer, même si je le mérite parfois, mais pour que tout le monde soit à égalité et sur le même tempo. Les joueurs sont d’abord là pour se faire plaisir et pour être au service de leur sport, Pas seulement de leur équipe, mais du foot US en général. Certains n’ont que leur ambition et leurs exploits perso en tête, mais j’ai pris l’habitude de les faire vite redescendre à leur juste niveau. La première phrase distillée aux joueurs, c’est « vous êtes le produit de 30 ans d’histoire du foot en France, plus d’un siècle aux States, et vous avez la chance de pouvoir en profiter. Toutes les erreurs et toutes les avancées que nous avons vécues doivent vous servir à mieux progresser et à développer ce magnifique sport » Et la question incontournable, c’est « qu’est ce qui te fait kiffer dans ce sport, qu’est ce qui te fait rêver ? » Ils sont rares, ceux qui te disent « moi, je veux juste mettre des coups de melons. » Et ceux là, il faut vraiment les surveiller parce que ça peut mal finir. Mais le plus souvent, ils ont une ou deux références de joueurs US, et c’est à nous encadrants de leur dire objectivement s’ils sont en capacité de s’en inspirer. Je ne dis jamais de les atteindre ou de les égaler, car selon moi, c’est encore aujourd’hui une utopie. Mais c’est une bonne chose qu’un gamin veuille devenir le prochain Peterson, Brady ou je ne sais qui d’autres, ça permet plus de motivation dans l’effort. Encore faut-il savoir rester réaliste et objectif dans le futur qu’on leur fait parfois miroiter.

Quel est l'adversaire le + coriace que t'as rencontré? L’Hiver. Sans aucun doute les longues soirées d’hiver à se les geler à 10 autour d’une balle dur comme la pierre. C’est dans ces moments-là que tu reconnais les vrais passionnés et que tu sais avec qui tu peux vraiment partir à l’assaut de tes objectifs. Mais tu ne peux rien contre les intempéries et il faut chaque fois trouver le bon plan B pour s’en accommoder.

• Un moment drôle?
Une belle « espagnole » improvisée pour un mec qui parle beaucoup dans un vestiaire ou un huddle mais qui ne fait finalement pas grand-chose sur un terrain. Les anciens savent forcément de quoi je parle.

• Foot US made in France panier de crabe? Des bonnes rencontres?
Les deux, comme dans toute bonne société humaine où la passion et l’ambition se mélangent. Ça devrait être des moteurs complémentaires mais ça finit souvent par se bouffer le nez. Une de mes fierté à ce jour, c’est de n’avoir jamais agit contre le développement et la médiatisation de mon sport, ce qui n’est pas le cas de tous les acteurs qui ont gravité un jour ou l’autre dans notre sphère footballistique. Mais ils sont minoritaires par rapport à tous les passionnés que j’ai pu croiser. Et tant que des belles rencontres se poursuivront, il y aura toujours de belles raisons de positiver. Sans angélisme béa et sans catastrophisme pesant.

• Fan des Cardinals… 1> Comment s'est possible? 2> Ils seront meilleurs que l'an passé à n'en pas douter, mais crois-tu qu'ils ont une chance, même infime, de suivre le rythme des 49ers/Seahawks voire des Rams? Je concède que mes oiseaux ont quelques soucis à se faire pour leurs plumes dans cette poule West que certains montraient lamentablement du doigt en se moquant il y peu. Mais le génie de la NFL est bien là : tocards un jour, megastars le lendemain. Mais oui, je crois que même les Cards ont une chance, plus que les Chiefs ou les Raiders, en tout cas, même si Palmer n’a rien pour m’enflammer. Et une blessure de Wilson ou Kaepernick peut si vite arriver…

Finale Elite; Voyage au bout de l'ennui?
Hélas, oui. Spectacle poussif pour les non-initiés. Mais intensité et testostérone bien réelles. Bien meilleure exécution des Black, tout simplement, et des fautes qui tuent pour le Flash. Et une prestation catastrophique de Perez. Mais est ce qu’on vise un titre ou est ce qu’on fait un show pour la FFFA family ? Tu joues pour gagner, et si tu peux y mettre la manière, tant mieux. Cette année, c’était juste au forceps à tous les étages. Mais l’an prochain, c’est sûr, on aura empty backfield et quadruple option à gogo… ou pas !

Comment as-tu vécu la défaite de ton équipe de cœur?
Comme une fatalité et une désespérance collective. Comme un jour sans, avec un arrière-gout de on n’est pas dedans et on n’arrive pas à sortir de la torpeur. On peut avoir des regrets lorsqu’on a tenté et que ça foire. Là, on attend encore que l’attaque commence à jouer. La défense ne prend que 3 jeux et une faute stupide, elle a tenu son rang face une attaque Black toujours aussi bien huilée.

J'ai eu l'impression que rien n'a vraiment été tenté par l'attaque Flash pour perturber une équipe Black bien en place. A tout hasard, tu pourrais pas filer quelques pages de tes cahiers de jeux au coach Flash? Ou, à défaut, lui dire que pour faire tomber un adversaire, préalablement le déstabiliser (ou avoir des velléités de le faire) peut ne pas être complètement vain.

On pourrait tous refaire le game plan après coup, suggérer les jeux les plus évidents et échouer de la même façon. Quand ça ne veut pas tilter, tu as beau te creuser les méninges, tu ne fais que constater la morne plaine. Soyons francs : Le Flash n’a pas souvent été brillant par son jeu cette saison. Mais il était encore une fois en finale. Je sais que ça en fait rager beaucoup, mais ça force aussi le respect. Le jour J, si on passe à côté, on se met une grande baffe en privé et on prépare de suite la saison suivante.
A suivre
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 J'aime penser que mes plus gros hits sont à la limite de l'agression avec violence.  – Jack Tatum

En VO :  I like to believe that my best hits border on felonious assault. 

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