La parole à ceux qui font le Foot US made in France

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le 02/09/2013 à 21:45 par Denis Quérat

Cet article est paru sur SidelineSideline
ligne de touche.
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Période estivale… Rédacteurs/contributeurs en vacances, saison morte, peu de news…
Á Sideline nous avons pensé que cette période pourrait être mise à profit pour mettre en avant ceux qui font le Foot US en France, pour donner la parole aux acteurs du Football américain Made in France, qu’ils soient coach, prez, joueurs, ‘observateurs avertis’… Ils nous parlerons de leur passion, de leur engagement vis-à-vis du Football américain, des évolutions heureuses, ou non, de notre sport, des changements de réglementation qu’ils appellent de leurs vœux
Nous allons donc diffuser pendant tout l’été des entretiens fleuves, comme vous avez déjà eu l’occasion d’en trouver sur le blog http://www.sideline.fr/periode-estivale-la-parole-a-ceux-qui-font-le-foot-us-made-in-france/ http://www.sideline.fr/periode-estivale-la-parole-a-ceux-qui-font-le-foot-us-made-in-france-2/
Aujourd’hui: Fred Martin alias Iron (RadiOSSA, Coach Pictes-ex Dockers, Flash B…- Prez Ligue Poitou Charente) 2/2

• Les préjugés à propos de notre sport sont tenaces, comment vois-tu la chose?
Les préjugés naissent de certains faits avérés. C’est lorsque ces quelques faits sont transformés en généralité et qu’on s’en repait que le bât blesse. Et c’est hélas ce que les « grands » médias se contentent de faire. Oui, c’est un sport qui peut être violent, impactant. A très forte teneur en adrénaline. Mais on oublie de préciser que c’est aussi extremement règlementé, encadré et qu’on ne laisse jamais des gamins se jeter dans une mélée tête la première dès leur premier entrainement. Ce discours, on le tient nous aux parents, mais les journaleux, pour la plupart s’en cognent. C’est le nombre de commotions par saison qui les intéressent, pas les millions de pratiquants qui se font plaisir chaque week-end. J’ai cessé en partie ma mission journalistique lorsqu’une majorité de commanditaires a voulu soit plus de sensationnel, soit enrober des vérités. Je n’avais pas ma place pour servir cette soupe-là.
• Que représente le football américain dans ta vie quotidienne?
Plusieurs mètres carrés de bouquins, K7, playbooks et objets divers et chaque jour un rapide tour d’horizon des news US comme européennes ou des sites de coaching. Ce sport a été une providence, une révélation et reste vital pour mes neurones et ma santé mental. J’y ai laissé un genou, une vertèbre cervicale et des semaines entières hors de la maison, mais il m’a tant donné en émotions et en amitiés. • Á la louche, ça représente combien d'heures par semaine?
Je dirais au minimum 1 heure par jour, mais ça peut aller jusqu’à la journée, voir le week end complet lors des bowls de janvier. Je n’ai jamais pensé à tenir une comptabilité. Et ce n’est rien comparé à certaines époques passées où je vivais football quasiment non stop.
• Plus grande déception sur un terrain de Foot US?
C’est à la fois une grande désillusion et une belle leçon pour la suite : flash B-Chevaliers, avril 2005, ¼ de finale D3. Invaincus, 227 points marqués et aucun encaissé en saison, aucun. Les Spartiates B étrillés 42-6 en 1/8e, un groupe et une identité courneuvienne au top, on mène, on mène toujours 12-7, et puis un jeu désespéré du QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
chevaliers sacké mais son bras qui lance une pizza coin de end zoneEnd Zone
Zone d'en-but de 10 yards située de chaque côté du terrain.
et un receveur d’Orleans qui se concentre, pose parfaitement son pied dans la end zone et nous tue, là, à quelques centimètres de mes yeux, à quelques secondes d’une demie. Fin de la belle aventure humaine et sportive. Et cette leçon : Quoi que tu aies fait, accompli, sur un terrain, tu ne seras jugé que sur ton dernier jeu. Inutile de s’enflammer ou de se la raconter avant que la fin ne soit là et le résultat acquis. Demandez aux acteurs de la finale régionale Aquitaine-Poitou Charentes cette année : des deux côtés, en l’espace de 2 minutes, on a célébré un peu vite la victoire, avant de serrer bien fort les fesses et de pouvoir remercier qui on veut ou pleurer, selon… • Aujourd'hui encore j'ai du mal à croire que les Dockers 2010 aient perdu au 1er tour des PO ctre les Mous' tant votre domination était nette en 2ème mi tps… Avec le recul, comment l'expliques-tu? Le QB Mous' qui sort 2 gros jeux qui permettent à l'équipe de sauver ses fesses? Les Dieux du Foot qui n'aiment pas la province? Coaching trop audacieux, t'aurais plus voulu gagner le match par le coaching que par tes joueurs (un peu comme Chris Petersen, HC Boise State, lors du Fiesta Bowl 2007 gagné ctre OU )? Ou de simples faits de jeu (2 pertes de balles Dockers dans les 5 dernières minutes) qui arrivent quand on est mené & qu'il faut prendre des risques pour arracher la victoire?
Pas mal analysé. L’audace, c’est ce qui peut parfois faire basculer la décision entre 2 equipes qui se valent, donc pas de regret stratégique. Mais plusieurs facteurs clés : je savais qu’ils jouaient le post parfaitement, donc mise en place d’une defenseDefense
escouade spécialisée dans la défense.
2 invert surprise, tellement innovante que même mes safeties se sont mélangés les pinceaux ! Tu ne peux pas non plus à ce niveau laisser leur TE catcher à 10 yards, manquer 6 placages successifs et le regarder marquer sur 40 yards. Et lorsque tu commets 2 fumbleFumble
quand le porteur du ballon laisse échapper celui-ci par maladresse ou suite à un choc. Le ballon est alors à terre mais vivant et c'est la 1ère équipe qui le ramasse qui en prend la possession. Avec les interceptions, le fumble est la seconde façon de rendre le ballon à l'adversaire. Ensemble, ils constituent des Turnovers (pertes de balle). C'est souvent cette stat. qui décide de l'issue de la rencontre.
sur 2 drives décisifs pour passer devant, c’est forcément plus compliqué. Un 4e facteur indépendant de notre volonté: oui, on s’est un peu fait carotter, lorsqu’ils obtiennent par exemple 3 chances de transformer leur TD à 2 points (défaite 27-29, je le rappelle) sur des fautes « douteuses » ou 1 first downFirst Down
1ère tentative. Série de 4 tentatives dont l'attaque dispose pour couvrir un minimun de 10 yards.
imaginaire qui leur permet de poursuivre leur drive. Mais finalement, avec le recul, je dirais qu’ils ont su réussir leurs jeux clés, et pas nous, même si je reste persuadé qu’à rejouer, on l’emporterait 8 fois sur 10. Surtout s’ils n’ont pas leur QB ricain aux manettes. Ainsi va le sport et la vérité du terrain le jour J. Aujourd’hui, les Dockers sont en D2 et les Mousquetaires ne sont même pas en playoffs D3…
• Tu es dans le milieu du football depuis 25 ans, quelles ont été selon toi les évolutions (positives ou négatives) de ce sport?
L’amélioration du matériel, des équipements, le niveau de connaissance des encadrants, les capacités athlétiques des joueurs grâce à une meilleure préparation physique, la structuration des clubs moins bouts de chandelles Mais aussi moins d’implication dans l’effort, plus de consommateurs furtifs, la disparition programmée par mimétisme idiot du bon vieux fullback, l’import dépendance des elites ou encore la course à la performance et les miroirs aux alouettes non montréalaises qui sont brandis en sous-main.
• Tu penses que le Foot US va évoluer comment dans les années à venir ?
Si on ne bascule pas vers une ligue professionnelle ou équivalent à moyen terme pour aider à une médiatisation nationale et télévisuelle, et sans un recadrage des missions fédérales vers le sport de masse, le paysage hexagonal risque d’être figé pour une éternité avec toujours les mêmes têtes d’affiche ou presque et toujours autant de retardataires cantonnés dans leur coin de pays. Et tant que les équipes de France prendront le pas sur la vie des clubs, on assistera à une course effrénée au recrutement franchouillard, aux fantasmes de pseudo-stars et aux calendriers fluctuant au gré des compétitions internationales.
• Aujourd'hui, avec la nouvelle donne de notre sport, baisse des subventions publiques, exigences fédérales accrues, structures qui 'tiennent' sur un nombre très restreint de bénévoles pour l'administratif, le coaching, l'arbitrage… Ne crois-tu pas qu'on doit s'attendre à des disparitions de clubs à venir?
Là, je ne vois pas ce qui diffère vraiment des années passées. De quelle nouvelle donne parle-t-on ? Ce ne sont pas les contraintes qui font disparaitre les clubs, c’est l’absence de volonté commune et d’engagement associatif. Les cahiers des charges doivent pouvoir servir de cadre structurant. Mais on ne brandit ces règlements que lorsque ça en arrange certains, et on les modifie au gré des exigences d’autres. Il n’y a eu jusque-là aucun suivi sérieux, aucune perspective sur plusieurs années. Un club qui se crée aujourd’hui n’a aucune idée de ce qu’il doit faire pour évoluer au fil des saisons vers les sommets. Il peut se dire « je veux ressembler au Flash ou faire comme les Kangourous » parce qu’ils sont en Elite, mais il n’a aucune idée de l’histoire et du parcours de ces structures, de ce qu’elles ont du faire, contourner, déroger, contacter, négocier pour évoluer et se retrouver là. Alors des clubs qui se lancent et qui finissent par se décourager parce que le sommet n’arrive pas assez vite, il y en aura toujours. Mais ceux qui auront la patience et l’intelligence d’une maturation coordonnée se retrouveront un jour ou l’autre en tête. Ou si près. • Beaucoup de clubs, aujourd'hui bien en place, se sont constitués avec une énorme dose de bricolage, d'amateurisme (voir de laisser allé) déplacements à l'extérieur en nombre plus que restreint avec sacs sur genoux etc. Aujourd'hui, on est à 1000 lieux de ce Foot totalement 'roots'… Pour autant, ce sont des règlements, des cahiers des charges qu'on dirait +ou- laxistes aujourd'hui qui ont permis aux clubs 'installés' aujourd'hui de se développer. Où est le juste milieu?
Ce football roots, c’est ce qui a fait l’âme et le moteur de bon nombre de clubs. C’est en se basant sur ces expériences que les clubs plus récents peuvent évoluer plus vite et dans de meilleures conditions. Mais je constate qu’actuellement, un grand nombre de clubs de D2 et d’Elite ont ou dépasse les 25 ans d’existence. Il aura fallu tout ce temps pour qu’ils trouvent leur assise et leur bon fonctionnement. D’autres ont bénéficié de ces anciens et retenus quelques belles leçons pour accélérer leur développement, comme les gladiateurs ou les centurions. Or ces 2 clubs n’ont rien à voir par exemple avec les étoiles filantes comme les fighters ou plus spectaculaire encore les arcenciel phocéens, montés très vite très haut et disparus si vite. Evoluant au même niveau, il est normal que tous dépendent des mêmes règlements et contraintes. Or ce n’est pas le cas, et les récentes sagas sur les modifications de poules nord sud, pour soi-disant équilibrer les championnats, est symptomatique des arrangements possible avec le bien commun. Il faudra m’expliquer pourquoi on a choisi un retour de l’elite à 8, et donc le sacrifice automatique d’une equipe du Nord, plutôt qu’un passage de l’elite à 10 et donc la promotion d’une equipe du sud. On ne m’ôtera pas l’idée que ça ressemble quand même à une forme de « on est bien entre nous » et à un rien de condescendance vis-à-vis de ceux d’en dessous. • Le Foot US ne cesse de se développer, portant en lui l'image d'un sport nouveau, voire 'exotique', ce qui sera de moins en moins le cas à l'avenir, le Foot US risque t-il d'avoir sous peu du mal à recruter?
Plus un sport se développe, plus il est facile de recruter. Lorsque le foot US sera dans le crâne et devant les yeux de tous les passionnés de sport, la démarche d’aller vers les clubs sera bien plus facile et le travail des clubs bien plus aisé. En quoi le foot US est plus exotique que le judo ou le taekwondo ? Il demande plus d’investissement financier, pour l’équipement en particulier, et c’est pour moi le seul vrai frein objectif, avec l’âge de début de la pratique qui s’abaisse peu à peu, et c’est tant mieux, surtout si on reste attaché à la sécurité et à l’apprentissage du respect. Mais le langage et le vocabulaire sont tout aussi incompréhensibles pour un néophyte que les arts martiaux, la dépense physique tout aussi intense et il s’adresse aux mêmes publics, des adolescents aux féminines compris.
• Quelles réformes réglementaires appelles-tu de tes vœux?
La cohérence, la justice sportive et le respect du fonctionnement des championnats, toutes divisions confondues. Et la fin de cette bipolarisation nord sud au sommet. Puisque maintenant il y a partout barrage pour la montée/descente, ce qui peut toujours poser débat, n’importe quel prétendant de France et de Navarre doit être en droit et en mesure de pouvoir défier l’étage supérieur. Je ne comprends pas que les meilleures équipes ne montent pas, ne puissent pas monter, simplement parce qu’elles sont dans la mauvaise zone ou la mauvaise poule. Qu’il n’y ait pas de playoffs croisés par exemple entre les meilleures equipes de D2, d’où qu’elles viennent. Je comprends encore moins ce système de qualification en D3 où on va se retrouver avec 1 seul qualifié dans une poule de 6 au Nord et 2 dans une poule de 5 au Sud. Car sans être devin, je peux déjà vous dire que la poule 5 IDF va se retrouver marron parce que les 6 prétendants vont s’étriller joyeusement, ce qui va nuire au ranking du second, et donc l’éliminer de la course aux playoffs. Injuste, tout simplement. Imaginez que même en NFL, le ratio de qualifiés en playoffs est bien supérieur. • Que penses-tu d'autoriser les prêts d'arbitres entre clubs, on pourrait imaginer que 2 clubs se mettent d'accord pour se fournir mutuellement des 'arbitres clubs' pour un certain nombre de matchs peut être + de garantie d'objectivité, pas obligé de déshabiller un joueur pour faire le zèbre, non joueur peut être spectateur au lieu de ne voir du match que l'interférence de passe du 27 & du 33... Ah, ce long et vaste débat sur l’objectivité des zèbres. D’abord, oui, je suis pour la possibilité de prêt. Si les arbitres concernés sont d’accord, et non si son club lui impose. Cette nuance est importante. Et oui, on se fout de savoir d’où il vient du moment qu’il a envie d’arbitrer et que l’équipe de zèbres est ainsi en nombre décent. On peut toujours argumenter que fournir 2 arbitres par match oblige les clubs à se bouger les fesses. Mais je préfère 1 arbitre motivé venu d’à côté plutôt qu’un peintre complètement à l’ouest pour faire le nombre. Et tiens, une autre réforme règlementaire que j’appelle de mes vœux : un vrai comité de visionnage des réclamations émises contre le corps arbitral, réunis lorsqu’un rapport d’équipe a été officiellement transmis. Vous me direz, c’est censé exister, à la fin des compétitions, il parait que des sommités arbitrales se réunissent pour débriefer les prestations. Et les feuille de match prévoient un espace écrit pour les remarques de ce genre. Mais j’ai quelques doutes sur l’efficacité et l’impact réel des deux. Je pense que 90% des clubs sont en mesure de filmer leur match. On ne demande pas 13 cameras et une tour de 15 mètres, mais au moins un plan large pour suivre correctement les actions. En tant que coach, ça me parait essentiel. En tant que joueur, c’est forcément utile. Et en tant qu’arbitre, ça ne peut que servir. Il ne s’agit pas de disséquer toutes les actions et de pointer toutes les erreurs. Mais de pouvoir dire si oui ou non, tel ou tel est à la rue, objectivement nul, ou clairement malhonnête dans ses décisions. Ou au contraire si certaines équipes sont de vraies pleureuses ne connaissant pas les règles de bases et hurlant à la mort au moindre flag. Quand j’entends certains joueurs ou dirigeants hurler au truand parce qu’un holding n’a pas été sifflé, je soutiens l’arbitre. Mais quand un coup de sifflet intempestif résonne alors que le TD vous tend les bras, qu’un first down est donné sur une avancée maximum par un arbitre arrivé de l’arrière 10 secondes après la bataille ou qu’un linemenLinemen
littéralement, les hommes de la ligne (de scrimmage). Il y a les linemen offensifs et les défensifs. Ils s'opposent dès le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.
donné.
joue les piverts tout le match sans une seule remontrance (ces exemples parce que je les ai vécu assez récemment), alors je peux m’interroger sur les intentions d’un zèbre en particulier. Ce comité pourrait plus objectivement recadrer l’ensemble des acteurs dans un délai bien plus raisonnable et sévir si besoin.
• Que penses-tu de la médiatisation de notre sport?
Franchement, pour une discipline encore considérée en France comme une niche mineure, avec en gros seulement 10 000 licenciés (foot us), on s’en sort plutôt pas mal en termes d’heure d’antenne. Mais je ne comprends pas pourquoi rien n’a été fait par exemple sur les juniors europe, pas une seule image ou possibilité de suivre visuellement les matchs, que des twitter imbittables, un play by play en anglais, sans oublier l’allemand chantant de notre ami Fighti via GFL radio. Comment voulez-vous que mon oncle Charlie prenne gout au foot us et s’enflamme pour les bleuets vice-champions d’europe ? Là, il y a clairement déficit par rapport à d’autres disciplines.
• Que penses-tu de nos équipes de France?
Elles sont importantes, il faut en être fier et c’est médiatiquement une vitrine sur laquelle capitaliser. Mais de là à en faire le fil directeur de notre politique sportive, c’est un abus et pour moi un mauvais calcul à long terme. Si l’on veut refaire le coup du handball depuis 92, il faut certes briller dans une vraie compétition (s’incliner face aux ricains, après avoir sorti les allemands et les mexicains, par exemple, je vote pour), et non se vanter d’être vice-champion d’Europe alors qu’on n’a gagné qu’un match arraché au 4eQT face au Danemark. Attention, cela n’enlève rien au respect et à l’admiration que je garde pour ces joueurs et pour ce qu’ils accomplissent sur un terrain. Et si j’avais eu le moindre talent pour être ne serait-ce que convoqué en stage EDF, j’aurais couru ventre à terre. Et je n’ai pas de doute sur le sérieux de leur préparation et sur leur volonté de vaincre. Mais objectivement, nous sommes vice-champions d’Europe et qualifié pour un mondial au Koweit en ayant gagné un seul match face à un bon mais pas un super cador européen. Donc je disais que pour réussir à suivre les traces du hand par exemple, il faut des résultats, mais surtout la capacité d’accueillir les futures recrues lorsqu’elles auront été séduites par le déferlement d’images spectaculaires et euphorisantes qu’on ne manquera pas de leur proposer à l’avenir. Or cette base de clubs d’accueil, ces terreaux potentiels où peuvent naitre de futurs champions, on est loin de les avoir partout opérationnels. Ne serait-ce qu’en termes d’équipements et d’encadrement. Combien de clubs doivent confier la gestion de leurs jeunes à un seul, parfois quelques seniors volontaires et motivés, avec seulement 2 ou 3 ans de foot derrière eux, et qui doivent réclamer aux parents 400 euros d’investissement sur un sport d’extraterrestres ? Tant qu’on ne reviendra pas à une volonté de soutenir la base plutôt que de pousser à l’excellence à tout bout de champ, on se trompera de chemin.
• Équipe NFL ou NCAA préférée?
Arizona Cardinals et FSU, l’une parce que c’est celle qui a drafté Richard Tardits en 89 lorsque je commençais à m’intéresser aux à-côtés de la NFL et pas seulement aux matches, et les ‘Noles parce que j’ai eu la chance de pouvoir faire un camp de shadow coaching là-bas et que pouvoir discuter une semaine avec Bobby Bowden et Mickey Andrews, ça vous marque et vous oblige à rester humble toute sa vie.
• Joueur préféré?
Randall Cunningham et Mike Singletary, parce que je suis old school, que leur style de jeu m’excitait chaque dimanche et que j’ai pu les rencontrer. Actuellement, le talent d’Adrian Peterson m’impressionne vraiment.
• Plus beau match jamais vu (TV/spectateur/joueur)?
Super Bowl XXIX, Janvier 95, Joe Robbie Stadium, je pleurais comme un enfant lorsque l’hymne national de Katie Lee Gifford s’est terminé, et j’ai pu voir les drives menés par Steve Young m’arriver droit dessus parce que j’étais super bien placé, et là je me suis dit que le foot, c’est vraiment un truc bandant. Dans d’autres circonstances, mais à égalité émotionnelle, le Vikings-Flash, Eurobowl 2009 : ce jour-là, le fan du Noir et Jaune que je reste a largement dépassé l’objectivité du reporter audio que j’étais.
• Feuille-de-match-gate, Incroyable? Prévisible? Consternant?
C’est ça, incroyable et consternant. Il ne s’agit même plus de savoir qui est plus ou moins coupable, responsable, impliqué, mais comment on en est arrivé à décider de dénaturer totalement des championnats par diktat et en même temps comment certains clubs et ligues ont pu laisser cette situation arrivée en faisant les morts après les premières relances fédérales. Dans les deux cas, ça me laisse pantois.
• La condescendance du prez Fédé envers RadiOSSA?
Je n’ai pas entendu les propos directement, donc seulement la teneur qu’on m’a rapportée. Si Radiossa avaient 20 000 auditeurs et 100 000 euros de budget, la situation serait différente et le rapport de force aussi. Traité d’amateurs des amateurs passionnés, c’est pointer facilement les manques et oublier la passion et le côté bon enfant de ce media. Brandir les règlements et le respect de la hiérarchie fédérale pour ne pas se sentir impliqué, c’est dresser un paravent et une manière pratique de faire circuler sans rien devoir. cela me rappelle le fameux « nous ne communiquerons plus avec votre media » comme si Radiossa devait être puni comme un cancre alors qu’il ne cherche même pas à être bon élève, encore moins maitre d’école, mais simplement une caisse de résonnance et un lieu d’échange d’infos et parfois de débats, pas toujours très clairs, mais toujours sains.
• Foot US = produit éminemment bankabeuuuule?
Attention de ne pas transformer le foot en flag équipé sans saveurs ni heurts joyeux. Mais, oui, le foot peut faire du bruit et excité les masses, intéresser des médias et générer des brouzouffes, pour peu que l’on inculque aux nouvelles générations autre chose que 4 jeux basics en power I et qu’on arrête de vouloir jouer spread si on n’a pas tout plein de ricains et quelques bonnes paires de mains… • J'ai entendu dire que le cahier de jeu Off Dockers 2010 avait 280 jeux, vrai?
Et même plus. Potentiellement, je pouvais aligner 3 systèmes de jeux basés sur 3 QB au style différent, avec chacun leurs spécificités. L’idée, c’est que les joueurs apprennent une nomenclature, une façon d’appeler les jeux et les joueurs. Libre ensuite d’utiliser toutes les combinaisons et les variations possibles, selon les talents dont tu disposes le jour du match. L’autre idée importante, c’est qu’ainsi tu n’es jamais dépendant d’un seul joueur pour réussir ta saison et que son ego peut rapidement être dégonflé… Qu’est-ce qu’un jeu, finalement : simplement une manière de faire avancer la balle. Un counter ou un ISO resteront toujours un jeu à contre sens ou une course en plein cœur de la défense. C’est l’alignement des joueurs et leur rôle particulier qui fait varier le look et le jeu. Sur un ISO par exemple, tu peux utiliser une formation en I avec QB classique, un full back comme lead blockeur sur le middle linebackerLinebacker (LB)
joueur de la défense polyvalent qui constitue le 2ème rideau défensive.
et faire courir ton tailback derrière lui. Mais le même jeu peut être exécuté avec ton QB scrambleur en shotgunShotgun
(fusil de chasse) formation d'attaque qui consiste à placer le QB en position reculée derrière son centre et à aligner 4 (ou plus) receveurs écartés. Utilisée dans l'optique de faire une passe.
et un halfbackHalfback (HB)
coureur plus léger et plus véloce que le FBFullback (FB)
coureur puissant et polyvalent. Il joue le rôle de bloqueur, de receveur et de bulldozer balle en main. Constitue avec les halfbacks (HB), les running backs (RB).
, il constitue avec lui les RBRunning Back (RB)
Terme générique qui englobe les HB et les FB.
. C'est le coureur principal.
à ses côtés qui lui servira de lead blockeur. Ainsi, tu peux jouer 3 ou 4 fois de suite le même jeu, avec des personnels différents, des formations différentes, et la défense ne peut pas vraiment anticiper ce choix (sauf si tu n’as réellement que 2 jeux dans ton playbook !). On peut donc jouer un seul et même ISO mais de 5 ou 6 façons différentes. Le jeu de base et le principe du ISO se décompose à l’entrainement, et les différents « looks » se déclinent facilement grâce à la nomenclature, ce qui explique finalement les 300 jeux à ma disposition pour préparer par exemple la finale régionale 2010 face au Tonnerre. Impossible pour eux de scouter les Dockers puisque que je ne jouait pratiquement jamais les mêmes « systemes » d’un match à l’autre. Mais toujours au moins un ISO, histoire de mettre tous les casques bien en place !
• En régional, tu es devenu + raisonnable?
Très nettement. J’avais une soixantaine de jeux pour la première rencontre officielle des Pictes face à Limoges. L’équipe est en création, quelques joueurs seulement avec un peu d’expérience, j’ai donc pris le temps d’introduire le fonctionnement général et j’ai laissé les joueurs à maturation lente se mettre à la page. On a fini la saison avec près de 200 jeux potentiels. Mais le plus important à mes yeux, c’est qu’on a pu produire du jeu face aux Marauders en dernière journée en empty et faire rentrer un de nos coureurs rookies en double wing alors qu’on n’a eu que deux entrainements pour voir et répéter ces deux stratégies. Simplement parce que je n’utilise pas la terminologie spécifique et traditionnel de ces systemes mais celle commune de la nomenclature Pictes et que les joueurs ont appris à s’ajuster.
• Barry Sanders Junior à Stanford… un coup de vieux?
Il y avait déjà eu les fils Payton ou Montana et beaucoup d’autres, j’ai vu aussi que le fils Lewis arrivait à Miami pour honorer la retraite du father. Pas un coup de vieux, mais une certaine nostalgie, des images de ces glorieux ainés qui me reviennent, comme ce Super Bowl XXIII, les Princes étaient le lendemain dans libé, oui, Libération, une pleine page, pour illustrer le big game, Plegelatte était aussi à nos côtés, et Montana qui a fait pleurer tous les fans Bengals, ils ont mis 20 ans à s’en remettre !
• Cette saison, on a pu observer qu'en D3 que 3 des 4 finalistes de conférences (Falcons, Pionniers et Dockers) évoluaient avec au moins 1 import (2 des 4 ont même un coach import). Le niveau D3 a évolué à ce point que c'est devenu plus ou moins incontournable d'avoir 1 ou 2 joueurs étrangers?
J’étais franchement contre à première vue. Je me disais qu’en D3, si tu dois faire appel à des imports pour l’emporter, c’est que tu t’es mal débrouillé jusque-là pour former tes cadres et créer une ossature de joueurs capable de s’imposer. En D2 ou en Elite, puisque tous les autres en ont, cela me parait plus logique. Mais en D3, quand j’observe le niveau de jeu et les qualités individuelles en général, des imports me paraissent vraiment too much. Je suis aujourd’hui un peu plus nuancé sur le sujet. En fait, ça dépend vraiment du rôle que tu leur donnes. Faire venir des mercenaires pour 3 mois afin de taper tout le monde et monter à l’étage supérieur n’a pour moi aucun sens. Il est où le mérite du club, hormis d’avoir su trouver les moyens ou l’astuce pour les faire venir. Faire venir un coach qui ne juge et ne jure que par les résultats, qui impose un système et choisis ses joueurs en fonction, non plus. En revanche, définir un véritable projet, des missions clairement identifiées, des objectifs fixés en terme de formation et d’encadrement, cela ne peut qu’améliorer l’ensemble d’un club. Si en plus il peut aider à densifier le jeu de ton équipe, on peut comprendre l’option. Mais si la vie sportive d’un club dépend de la seule qualité sportive de ses imports, c’est clairement un échec de structuration et une erreur stratégique majeure. Car l’année suivante, si tu ne retrouves pas des cadors, tu risques la dégringolade.
• Les Dockers en D2 content?
Partagé par un double sentiment : ils font partie du top 4 D3, c’est excellent. Ils font clairement partie du haut du panier. Mais ils n’ont pas gagné leur place sur le terrain comme les autres. Certes, ils ne sont pas les premiers à monter sur dossier, ils n’ont rien usurpés et médiatiquement comme financièrement, ça ne peut pas faire de mal d’aller voir la presse, des sponsors ou sa mairie en disant qu’on joue en D2. Mais monter ainsi grâce à un coup de chaises musicales, ça me perturbe un peu. Qu’est-ce qu’ils vont entendre si jamais ils font l’ascenseur, ou s’ils prennent des déculottées à chaque sortie. C’est donc à eux désormais de prouver qu’ils ont bien leur place à ce niveau. Car pour l’instant, ils sont un nombre certains à les regarder un rien dubitatifs, D2 et D3 confondues.
Merci à Fred (& à tous les autres qui ont répondu à mes questions) pour le temps passé à me répondre.


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 Si je pouvais recommencer ma vie du début, je souhaiterais être joueur de foot et vous pouvez être certain que je voudrais être membre des Steelers de Pittsburgh.  – Jack Lambert

En VO :  If I could start my life all over again, I would be a professional football player, and you damn well better believe I would be a Pittsburgh Steeler. 

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