La parole au DTN Thierry SolerLa "réclamation contre les Spartiates", les pôles, les clubs excellence

Thierry Soler (DTN) et Larry Legault (coach EDF)
Thierry Soler (DTN) et Larry Legault (coach EDF)
le 09/06/2012 à 16:12 par Thomas Depaepe

Nous vous avons parlé à plusieurs reprises cette semaine de la "réclamation posée contre les Spartiates"; il nous semblait donc normal de donner la parole au Directeur Technique National (DTN) Thierry Soler pour qu'il nous donne des éléments sur la décision fédérale qui a été envoyée aux clubs le 6 juin. Nous en avons aussi largement profité pour avoir l'avis du DTN sur les pôles Espoir et la politique fédérale menée autour. Bonne lecture et merci au DTN d'avoir choisi notre site pour s'exprimer sur ces sujets!

 

Il y a une semaine, la FFFA a été saisie par 2 clubs (Cougars et Flash) pour des « irrégularités » imputées aux Spartiates. Qu’en est-il ?

En effet, vendredi dernier, 3 réclamations ont été posées. Sur ces procédures, une est tombée immédiatement car elle portait sur 3 joueurs présents sur le match Spartiates vs Cougars qui auraient été transférés des Léopards, mais après vérification seulement 2 d’entre eux étaient originaires de ce club alors que le 3éme avait été licencié au Pirates la saison dernière. Restait donc 2 réclamations portant sur des licences contractées hors délai. Ces deux dossiers étaient déjà connus. Le premier relatif à un transfert en provenance des Météores avait été signalé rapidement par ce club qui avait remarqué  un problème sur le document téléchargeable validant le transfert sur l’Extranet fédéral. A cette occasion, nous avons constaté qu’un bug informatique faisait apparaitre la mention « prêt » et la catégorie « - 11ans » sur ce document aussi bien pour un transfert que pour un prêt. Il s’agit clairement d’un problème technique que l’on rencontre sur l’ensemble des licences de ce type.  Aussi concernant cet accord de transfert, il a bien été validé par les Météores avant le 30 octobre, ce qui a d’ailleurs été confirmé par un dirigeant du club lors d’une réunion au siège de la fédération.

Le dernier cas soulevé par les réclamations porte sur un second joueur Météores dont la demande de transfert a été posée le 30 septembre par Amiens. Le 14 octobre, les Météores ont envoyé un mail indiquant leur accord, sous réserve que ce joueur s’acquitte de ses dettes pour avoir son quitus définitif (License 2010/2011 non payée, une aide pour les coûts de déplacement au match Team Monde vs USA en 2011 et une formation arbitre payée par le club auquel le joueur n’avait pas assisté). La demande de licence transfert était donc enclenchée et elle serait validée dès les aspects financiers réglés, conformément à l’article 17 du règlement RPAL.

Sur ces entre-faits, le joueur a passé un examen médical complet, obligatoire pour un athlète qui va figurer sur la liste de haut niveau, qui a révélé une anomalie l’empêchant d’obtenir un certificat médical de non contre indication pour la pratique sportive. Son diagnostic vital pouvant être mise en jeu en cas d’effort. Début novembre, ce joueur a fait un examen complémentaire et fin novembre un spécialiste a été saisi de son dossier médical. Après un débat d’experts, il lui a été signifié fin décembre qu’il s’agissait d’un problème congénital qui ne l’empêchait pas d’avoir une pratique sportive de haut niveau.

 

Pourtant on ne l’a revu sur les terrains que bien après ?

Oui, en effet,  car il n’avait toujours pas honoré ses dettes auprès du club des Météores. Donc début avril, il y a eu une entrevue à la fédération avec un dirigeant des Météores et nous avons écrit au joueur pour lui indiquer que s’il ne payait pas il ne pourrait pas jouer et,  par conséquence,  qu’il risquait de perdre le statut d’athlète de haut niveau qu’il venait d’acquérir en janvier 2012. Début mai, il s’est enfin acquitté de ses dettes et sa licence a enfin pu être validée. Il faut bien comprendre que c’est la date de demande de la licence qui compte … en effet, sinon un joueur pourrait se retrouver pris au piège par un club qui  pour l’empêcher de jouer retarderait  l’envoi de document après la date limite de transfert. Ce qui n’est pas le cas dans ce dossier.

Vu qu’en ce moment, il y a un certain flottement administratif à la fédération dû au départ de salariés, c’est moi qui ai rédigé et signé une attestation de licence que j’ai remise aux Spartiates pour qu’il puisse jouer  car il va de soi qu’il est impossible de saisir cette licences dans le système informatique vu que la date limite de validation était largement dépassée.

 

En tant que DTN avez-vous l’autorité pour signer cette attestation faisant office de licence ?

Tout a fait, je dispose de la délégation de signature fédérale, et en plus en référence à l’article 19 du RPC FA qui autorise la DTN à valider les prêts ou transferts des athlètes listés de haut niveau. Mais je n’utilise évidemment pas habituellement cet article qui me donnerait en théorie la possibilité de valider où un joueur doit jouer à partir du moment où il est sur la liste des « athlètes de haut niveau ».

 

Donc les transferts étaient valides, mais les clubs qui ont fait les réclamations ont-ils était avertis ?

Ils ont du recevoir vendredi un courrier du Président de la fédération daté du 6 juin qui leur apportent ces éléments d’explication. En résumé qu’il n’y avait pas 3 joueurs transfert qui  venaient des Léopards, qu’un bug informatique donne des documents erronés pour le premier transfert Météores et que la date de validation du dernier transfert est lié à une successions de retard suite à un problème médical et un délai important de payement de dettes, mais que sa date d’enregistrement est bien conforme aux règlements fédéraux.

 

Si les clubs ne sont pas d’accord avec cette décision, peuvent-ils faire appel ?

Oui, auprès du CNOSF après réception de la décision fédérale. Mais ce dernier n’a qu’un rôle de conciliateur et donc la FFFA n’est pas obligé de suivre son avis qui est consultatif ; et dans un ultime temps, les clubs pourront faire une requête auprès du tribunal administratif.

 

Si on met de côté ces 3 réclamations dont nous suivrons les éventuelles suites, n’y a-t-il pas derrière tout cela un problème par rapport aux pôles comme Amiens qui sont perçus comme « favorisant » certains clubs avec l’aval du système fédéral?

Il faut bien comprendre que le rôle de la DTN est de mettre en place un parcours de l’excellence sportive (PES), eu égard à la reconnaissance de haut niveau du football américain. Ce dispositif, validé par le Ministère des sport pour l’olympiade doit permettre de trouver le meilleur point de chute « performance » pour un athlète. Au travers de cela notre objectif est bien d’avoir une Equipe de France junior et senior performante et de pouvoir offrir à des joueurs des conditions optimums pour réaliser leur rêve de pratique de haut niveau. Alors évidement certains clubs vivent mal cela car ils ont l’impression que les joueurs leur  appartiennent  et que les clubs support bénéficient  d’apport de joueurs issues de leur « vivier ». Cela est en partie le fait d’un manque de partage des objectifs du PES et des athlètes concernés puis d’un déficit de communication fédérale sur le rôle des pôles et leur finalité qui est avant tout aider le jeune à réaliser ses potentialités et à aller vers sa plus haute performance possible.  De plus le fait de regrouper ensemble des athlètes ayant un même objectif sportif  apporte forte émulation et une dynamique de travail qu’il ne retrouve pas spécialement auprès de leurs partenaires de club.

L’objectif principal des pôles,  c’est de regrouper le maximum de joueurs de l’équipe de France junior pour leur donner une culture de l’entraînement et de la performance sportive pour  que cette équipe pèse encore plus sur la scène internationale. Pour être performant et s’approcher du niveau nord-américain, il faut garder à l’esprit que pour développer un athlète de haut niveau c’est 10 ans et 10.000 heures de travail … or pour la grande majorité de nos cadets et juniors, ils s’entrainent 2 fois par semaine … il faudra donc des décennies pour arriver à ce volume d’heure. L’organisation dans les pôles avec au moins une pratique quotidienne nous rapproche de cette exigence.  Le jour où tous les clubs auront un créneau quotidien à proposer à leurs jeunes qui veulent réussir dans notre sport, il n’y aura plus besoin des pôles. Ces derniers ne sont pas une finalité et ils restent couteux, mais tant qu’il n’y aura pas de clubs performances,  ils sont indispensables pour suivre notre objectif qui est de mettre l’athlète au cœur du système et nullement de favoriser la propriété de tel ou tel club.

 

Les clubs performances, on en entend parler, mais qu’est-ce-que c’est ?

La reconnaissance « club performance » vise à inciter les clubs à s’inscrire dans démarche de pratique sportive compétitive en ouvrant des créneaux quotidiens d’entrainement. Notre rôle à la DTN sera de labelliser ces clubs en tenant compte de ses créneaux d’entrainement, du niveau de son encadrement, de la formation des joueurs … et grâce à ce label il aura droit à des subventions régionales, voir nationales au travers de la convention d’objectifs passée avec le Ministère des Sports. L’objectif final de ce projet qui a été relancé cette saison est que les clubs qui veulent faire du haut niveau dispose d’une structure d’entrainement et d’encadrement qui permette à chaque jeune qui le souhaite de pouvoir tendre vers son plus haut niveau de performance. Il y aura toujours des clubs qui veulent rester sur une pratique plutôt loisir, mais pour les joueurs qui souhaitent tenter de réaliser leur rêve de performance, il y aura des structures adaptées proche de chez eux. A terme, la DTN souhaite qu’il y ait le plus possible de clubs performances car c’est comme cela que nous sortirons des jeunes performants et capable de se frotter au niveau nord-américain ; nous ne sommes donc pas pour une centralisation autour de 3-43-4
formation défensive avec 3 linemenLinemen
littéralement, les hommes de la ligne (de scrimmage). Il y a les linemen offensifs et les défensifs. Ils s'opposent dès le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.
donné.
et 4 linebackers.
pôles, mais pour une nombre important de clubs s’inscrivant d’eux même dans une démarche performance.

 

Les pôles France jeune et espoirs ne sont donc pas indispensables à moyen/long terme?

Ces structures permettent d’accélérer les progrès des joueurs et de leur faire réaliser leur potentiel, leurs limites, de mieux se connaitre.  Mais à la fédération on pense que les clubs performances au sein des clubs existant peuvent prendre le relais et peut être qu’à terme les pôles ne seront plus présents. L’objectif c’est que tout le monde comprenne que c’est le désir de l’athlète qui prime et que l’on doit favoriser et accompagner  le parcours de ceux qui souhaitent évoluer vers le plus haut niveau. Et si l’on comprend cela, on doit aussi comprendre que la fierté d’un club c’est d’avoir accompagné à un moment un joueur dans son développement mais aussi de partir pour passer un nouveau cap dans une structure plus adaptée à son projet : la possibilité de jouer en Amérique du Nord est une expérience fantastique scolairement,  humainement et sportivement, et les clubs qui le veulent doivent tout faire pour que les joueurs qui le souhaitent et le peuvent tentent cette expérience. C’est notre rôle à la DTN d’aller dans ce sens, et comme je le dis souvent nous n’avons pas d’intérêt à savoir qui sera champion élite, ce qui nous intéresse c’est le niveau la trajectoire de nos athlètes à fort potentiel qui ont un moteur interne fort pour payer le prix du haut niveau et bien sûr aussi les résultats des bleus.

 

Nous parlons de parcours de réussite en Amérique du Nord, mais en étant sincère actuellement à part l’exemple Marquignon cela est peu fréquent.

Alexandre Marquignon est un bon exemple de ce que je disais précédemment : il vient de Caen, il est passé par le Pôle France jeune d’Amiens, dès junior il a joué en Elite aux Spartiates et aujourd’hui il tente sa chance en NCAA grâce à une bourse d’étude offerte par l’université de Sioux falls. Les Conquérants de Caen son club formateur et les Spartiates d’ Amiens où il a ensuite évolué n’ont pas essayé de le retenir, ils l’ont laissé partir et évoluer vers son haut niveau même s’ils avaient investi du temps, de l’énergie et peut être de l’argent sur lui… c’est l’athlète qui a primé et son rêve et ce devrait être toujours comme cela.

Maintenant c’est vrai que s’il y a eu quelques réussites en Amérique du Nord et essentiellement au Québec au CEGEP et en université, il faudrait une belle réussite pour donner un exemple fort pour les jeunes. Ceci dit, seulement un très faible pourcentage des joueurs NCAA , 3% je crois,  qui vont en NFL donc cela montre la difficulté de ces parcours et donc la nécessité pour les pôles et/ou les clubs performances de mieux armer nos jeunes aussi bien physiquement, techniquement, tactiquement et psychologiquement afin qu’ils puissent être mieux préparés à aller se frotter aux joueurs nord américains. Je me répète mais en France, un Junior qui est doué va faire 2 entrainements par semaine et s’en sortir avec son club, même jusqu’en en Elite… mais le même junior qui évolue en Amérique du Nord va se retrouver confronter à 90 gars dans son équipe qui s’entrainement 2 fois par jours depuis leur le lycée et qui ont un mental prêt à tous les sacrifices. Le chemin est encore long pour rivaliser avec les meilleurs de notre sport, mais l’exemple d’Alexandre et des nombreux français dans les écoles d’Amérique du nord nous montre que nous sommes sur le parcours.

... chargement de la zone de commentaire ...

 10.000 dollars à celui qui le sort du match. Ca m'est égal la manière, même si c'est en le frappant avec une bouteille de whisky lorsqu'il sortira du bus.  – Le défenseur des Bears Steve McMichael parlant à ses coéquipiers de Joe Montana.

En VO :  Ten thousand bucks if 'ya knock him outta the game. I don't care if ya hit him with a whiskey bottle when he gets off the bus. 

Suggérer une citation réelle ou fictive pour 10 Bzh !