Le Bilan de l'Euro Junior 1Olivier Moret : « On peut être satisfaits ! »

Olivier Moret, sélectionneur
Olivier Moret, sélectionneur
le 11/09/2011 à 20:35 par Thomas Deligny

Le sélectionneur de l’Equipe de France junior est revenu sur la campagne sévillane qui s’est achevée par une médaille d’argent pour les Bleuets. Une juste récompense pour un groupe qui s’est formé et qui aura pour objectif de devenir la première nation européenne lors de la prochaine compétition, les Mondiaux à Austin en 2012.

 

M. Moret, quel bilan tirez-vous de cet Euro 2011 en Espagne ?

Ce n’est pas mitigé, c’est positif puisque l’objectif, fixé par le DTN et le président, était une médaille. En 2008 on avait fait bronze, là on fait argent donc on peut être satisfaits. Le petit goût amer dans la bouche reste la finale dans le sens où on mène à la mi-temps et on sent qu’on n’est pas mal. En début de match on est dominé, ils nous mettent sous pression, sur le deuxième quart-temps on est présent. En deuxième mi-temps on passe à travers mais sur le tournoi en lui-même, on ne peut être que satisfaits. On a très bien réussi notre entame contre l’Espagne et nous avons gagné le match qu’il fallait contre la Suède. 

La Suède, c’était un test plutôt psychologique ?

Effectivement, c’était un match particulier pour nous même si ce ne sont pas les mêmes joueurs que j’ai tous les 2-3 ans. Certains jeunes avaient effectivement perdu contre eux l’année dernière à Strasbourg au mois de juillet. D’autres avaient déjà perdu à Canton aux Mondiaux, comme Yoan Boireau, et ils avaient bien fait passer le message. Et puis pour nous, la défaite de 2008 était encore très claire dans notre esprit. La difficulté était de dire aux joueurs qu’il fallait passer ces suédois même si ce n’était pas directement leur histoire mais celle de l’EDF junior : il fallait qu’on brise le signe indien. Cela a été fait, même si cela s’est fait dans la douleur.

Les bleuets dominent la Suède
Les bleuets dominent la Suède (Site internet EJC 2011)

 

Ce match contre la Suède n’a-t-il justement pas pesé lors de la finale ?

On s’était vraiment bien préparé pour ce match contre la Suède car on savait qu’une victoire contre eux signifiait l’atteinte de notre objectif. Après ce match, nous avons eu un jour pour préparer la finale. Les Autrichiens ont eu, quant à eux, quatre jours pour se préparer contre nous : ils avaient déjà joué leurs deux premiers matches que nous n’avions pas encore joué notre première rencontre. Leur coordinateur offensif nous a d’ailleurs dit après la finale qu’ils pensaient que nous battrions la Suède et ils avaient axé leur préparation contre nous.

 

« Les équipes sont plus homogènes »

 

Comment avez-vous trouvé le niveau de cette compétition ?

Il y a deux niveaux. On peut vraiment mettre d’un côté l’Autriche, l’Allemagne, la France, la Suède qui se bagarrent clairement dans un mouchoir de poche et qui sont au-dessus de l’Espagne ou du Danemark. Cette année, l’Autriche disposait dans ses rangs d’un quart-arrière et d’un porteur d’un niveau très élevé. Ce n’est pas pour rien que ces deux-là font partie de la Team monde. Je pense vraiment que le niveau de cet Euro était supérieur à 2008 dans le sens où les équipes étaient mieux préparées.

C’était étonnant de voir l’Allemagne sortie par l’Autriche et absente de la prochaine coupe du monde ?

Oui. Cette équipe possède beaucoup de joueurs de qualité mais ils doivent moins bien préparer leur compétition. Avant cela passait, plus maintenant. On voit que les groupes de l’Autriche ou de la Suède - on peut se mettre dedans également - ont progressé, qu’il y a beaucoup plus d’unité, de travail, d’homogénéité dans leur préparation physique. Auparavant, seuls 3-43-4
formation défensive avec 3 linemenLinemen
littéralement, les hommes de la ligne (de scrimmage). Il y a les linemen offensifs et les défensifs. Ils s'opposent dès le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.
donné.
et 4 linebackers.
joueurs faisaient la différence, ce n’est plus le cas maintenant.

Vous aviez aussi bien préparé votre sujet avec un stage de cinq jours avant la compétition ?

Ce dernier stage faisait partie d’un long processus et s’est déroulé 20 au 25 août à Boulouris, pour se mettre dans des conditions se rapprochant le plus possible de celles de Séville. C’était parfait sur cet aspect là car on a presque eu plus chaud pendant la préparation qu’en Espagne. Nous n’avons fait qu’enrichir le groupe depuis le premier rassemblement en février. Je me faisais la réflexion que d’avoir dû se qualifier grâce à un match de qualification nous a fait gagner du temps pour la constitution de l’équipe car à quelques éléments prêts, le roster du match France-Serbie disputé en avril était le même que celui du tournoi. On a perdu des éléments au dernier moment comme Etienne Roudel du pôle de Toulon - un joueur très complet – ou notre starter QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
Mathias Soller. Les deux autres QB ont plutôt bien pris le relais : un signe que l’on a de la richesse dans notre football américain. Avant, lorsque l’on perdait notre titulaire on était très mal.

Guiterembi Vickos (45)
Guiterembi Vickos (45) (Site internet EJC 2011)

Y a-t-il des joueurs qui se sont justement révélés sur la compétition, des joueurs sur lesquels vous ne comptiez pas forcément ?

Oui, il y a eu des bonnes surprises et certains sont passés un peu à travers. Je ne voudrais pas citer de noms, certains étaient là physiquement et ont franchi un cap. Larry (Legault, sélectionneur de l’EDF Sénior) était là lors de la finale pour observer et nous pensons que certains juniors vont vite intégrer l’équipe sénior, d’autant que pas mal de cadres ont joué leur dernière campagne cet été. Plus les juniors arriveront vite chez les Bleus et plus ce sera simple pour eux. La prochaine échéance pour les séniors n’a lieu que dans trois ans. Cela laisse du temps pour la préparer et intégrer la relève.

 

Les mondiaux d’Austin en vue

 

Quels sont les chantiers auxquels vous allez devoir vous atteler désormais ?

Le souci c’est que nous allons être encore contraints par les âges. Ceux qui vont être nés avant 1992 ne pourront plus faire partie de l’équipe et donc ne pas participer à la prochaine coupe du monde. On avait un peu anticipé cela de longue date puisque le pari était d’avoir une équipe compétitive pour l’Euro sans avoir à tout remanier pour les Mondiaux en juillet 2012. On est allé chercher des joueurs nés en 93 et 94 en privilégiant les plus jeunes à niveau de jeu égal, lorsque c’était possible. On n’a pas pu le faire pour les linebackersLinebacker (LB)
joueur de la défense polyvalent qui constitue le 2ème rideau défensive.
, on devra donc reconstituer un groupe sur cette position. En revanche sur la ligne offensive, 6 des 9 linemen sont rééligibles. C’est intéressant car le travail sur cette position demande de la cohésion, de la répétition.

L’équipe ne peut donc pas avoir d’expérience à cause du renouvellement constant du roster ?

C’est exactement cela le problème. Une équipe gagne en repères et en confiance lorsque les joueurs jouent ensemble, dans la difficulté… C’est difficile collectivement pour mes joueurs d’obtenir des repères et de l’expérience car nous ne jouons pas beaucoup de matches, deux-trois matches par an tout ou plus. Ce n’est pas une question de talents car nous n’en manquons pas.

Sofiane Mahmoudi et son homologue autrichien
Sofiane Mahmoudi et son homologue autrichien (Site internet EJC 2011)

Les rencontres amicales ne pourraient pas permettre cet apport d’expérience ?

Si mais c’est compliqué de les organiser, financièrement notamment, en se déplaçant en Allemagne ou en Suède. On travaille actuellement sur une autre piste. On a noué des contacts avec des High schools aux Etats-Unis qui viendraient pour agrémenter un voyage d’étude et en profiteraient pour étrenner notre équipe junior. Maintenant le problème, et c’est notre principal chantier avec le DTN, c’est de faire coïncider les calendriers. Il nous faut dans tous les cas, un match pour se mettre dans le dur, avoir des repères. L’avantage c’est que l’on a un groupe dont la moitié est rééligible. Cependant il ne faut surtout pas que les juniors qui ont été finalistes cette année s’arrêtent de travailler. J’espère que leur dynamique ne sera pas « cassée », qu’il n’y aura pas de frein à leur progression et qu’ils pourront intégrer l’équipe sénior de leur club car certains juniors ont clairement le niveau de joueurs Elite. Quatre de nos joueurs font partie de l’équipe étoile du tournoi ! *

On a fait passer une consigne aux équipes qui vont participer au Junior Bowl début octobre d’avoir un maximum de 8 joueurs nés en 93 dans leur équipe. Ils seront obligés d’intégrer des joueurs de 94 et 95.

Prochaine échéance, les mondiaux à Austin l’an prochain, quel sera l’objectif ?

Etre la meilleure nation européenne en étant devant l’Autriche et la Suède, l’Allemagne n’étant pas qualifiée. Sauf bonne surprise, on devrait rester derrière les Etats-Unis, le Canada, le Japon et le Mexique.

 

* Nicolas Khandar (RB), Guillaume Ahuma (DE), Remi Bertellin (K/P) et Guiterembi Vickos (LB) ont été sélectionnés dans l’équipe étoile du tournoi. Ce dernier a été élu meilleur joueur de l’équipe de France.

 

 

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