Selim Baccouche : "C’est un sport qui nous surpasse"La parole au "frenchy" champion de Californie
Depuis quelques mois, nous vous donnons régulièrement des nouvelles de Selim Baccouche qui est le "frenchy" de Santa Monica College. Alors que la saison californienne touche à sa fin, il était temps d'aller reprendre des nouvelles de notre "frenchy" tout auréolé d'un titre d'Etat gagné sur le terrain ce week-end.
Lorsque l'on a échangé en avril dernier, tu venais tout juste de gagner ta place en équipe première. Rétrospectivement quels souvenirs te reste-t-il de la présaison et du camp où tu as gagné ta place?
Pour être honnête j’ai très peu de souvenirs de cette présaison, je me rappelle que l’on souffrait à la musculation, aux entrainements d’équipes mais aussi aux entrainements qu’on se rajoutait individuellement pour faire l’équipe. J’ai beaucoup aimé la préparation en avril mais je préfère clairement le terrain avec mon casque et mon épaulière.
Comment s'est déroulée votre saison ? Êtes-vous montés en charge au fil des matchs ou très vite avez-vous senti que Santa Monica pouvait aller chercher un 3ème titre en 3 ans ?
La saison s’est très bien déroulée car même si nous avons commencé par une défaite nous avons su nous relever très vite. Sur notre début de saison, nous étions un peu en dedans car nous avions besoin de nous trouver en défense et en attaque car pour beaucoup comme moi c’était la première saison ; on avait une toute nouvelle équipe et plein de nouveaux joueurs à intégrer. Mais après 3 matchs, nous sommes montés en puissance car nous avions de bien meilleurs automatismes. Nous n’avons jamais douté d’avoir l’effectif suffisant pour ravir à nouveau ce titre.
Lors d'une semaine de match, à quoi ressemblaient tes journées?
Le lundi nous faisions surtout des runs : nous devions courir 20x100 yards en 15 secondes avec entre chaque tour, 45 secondes de récupération. Si on dépassait les 15 secondes cela ne comptait pas et on devait recommencer la série. Pour ma part je coure entre 11 et 13 secondes donc je n’ai jamais dû recommencer. Nous nous dirigions ensuite vers la salle vidéo pour environ 2 heures de scouting vidéos. Le mardi c’était de la musculation durant 2 heures puis 3 heures de pratique sur le terrain. Le mercredi on avait 2 heures de meeting et de video puis 3 heures de pratique sur le terrain. Le jeudi le staff baissait à 2 heures le temps passé sur le terrain et on enchainait avec deux heures de musculation. Et le vendredi était réservé à la préparation du match.
A quel moment avez-vous senti que le titre était à votre portée?
Le moment où toute l’équipe a réalisé que le titre de champion de Californie était à notre portée c’est quand Quice (un joueur de la ligne offensive) a lancé la balle sur le receveur et que ce dernier a capté le cuir pour marquer un touchdownTouchdown (TD)
c'est l'essai qui vaut 6 points et qui peut être transformé au choix à 1 ou 2 points. Il suffit que le ballon pénètre dans la endzone. (pas besoin d'aplatir). On était alors devant au score 36-13 et vu qu’il ne restait que 5 minutes à jouer il était clair que le titre était pour nous. Mais sincèrement, on ne l'a jamais su avant, car durant toute la saison nous avons joué contre des grosses équipes. Dans le football on ne sait jamais si on va gagner avant le coup de sifflet final.
Le week-end dernier, vous avez accroché le titre de champion de Californie avant même la dernière rencontre de la saison... quel a été ton premier sentiment après le match ?
Honnêtement je n’en croyais pas mes yeux, je croyais que c’était un rêve. J’étais tellement content. Je ne peux pas décrire ceux qu’on ressent car c’est indescriptible.
Tu as donné de ta personne sur le dernier match d'après ce que j'ai compris, vu que tu ressors avec pas mal de blessures ? Comment es-tu physiquement aujourd'hui ?
J’ai commencé le premier match avec le muscle de l’aine déchiré : les médecins m’ont annoncé que je serais indisponible pour au moins 7 voire 8 semaines. Mais je me suis beaucoup entrainé et fait tout pour revenir le plus vite possible : deux semaines plus tard j’étais sur le terrain même si j’avais toujours mal et que je devais porter une protection. C’était ma plus grosse blessure sur la saison car sinon je n’ai eu qu’un pouce cassé et déboité, et un petit doigt lui aussi cassé. Pour revenir sur le dernier match, je ne sais pas si j’ai donné de ma personne car j’étais déçu de moi. J’ai manqué d’attention sur un jeu et cela m’a causé une grosse blessure à savoir un déboitement total de l’épaule droite, un poignet cassé et mes deux doigts sur la partie droite eux aussi cassés. Les docteurs m’ont remis mon épaule mais ne m’ont pas autorisé à revenir dans le match après la mi-temps alors que je le voulais. Aujourd’hui je suis totalement guéri de mon problème à l'aine, mon épaule me fait encore un peu mal, mais sinon tout va bien. Quand on joue au football on a toujours quelque chose de cassé ou de « wrong » comme dit mon coach mais l’essentiel c’est que l’on serre les dents et l’on continue de jouer. C’est un sport qui nous surpasse et qui nous surprend tous les jours.
Avec le recul quel est le meilleur et le pire moment de ta saison?
On va commencer par le pire moment : le pire moment de cette saison a été de savoir que Joel Ramos, mon meilleur ami avec qui j’étais en ligne défensive a dû arrêter le football : cela m'a fichu un sacré coup, et clairement ça a été pour moi l’une des pires choses de cette saison. On se comprenait, on savait ce que l’on devait faire à chaque jeu, on se sacrifiait l’un pour l’autre on était une seule et même personne sur le terrain… Quand il est parti cela a fait un vide dans l’équipe de la ligne défensive de savoir qu’il ne pourra plus jouer. Il m’a dit : « Frenchy tu peux aller en Div 1, pour moi le football c’est fini, alors je veux que ce soit toi qui joue et je veux te rendre visite où que tu ailles » : en réponse je lui ai promis que j’allais aller en D1, je tiens toujours mes promesses ! Donc ce n’est pas aujourd’hui que je ne vais pas la tenir et surtout celle-là.
J’ai eu trois meilleurs moments, le premier a été bien sûr de gagner le championnat de Californie.
Le deuxième a été quand je me suis blessé et que le docteur m’a expliqué que j’étais out pour le match : lorsque le docteur est allé le dire au coach, le coach a vu que je n’étais pas bien du tout, il est venu me voir et me dire « Ne t’inquiète on va gagner ce match ». Peu à peu quand les joueurs avaient le temps, ils sont venus me voir en me disant qu’on allait gagner et qu’il ne fallait pas s’en faire ; puis un corneback a fait un pick et m’a dit « celui-là est pour toi » et à ce moment j’ai su que tout le monde était là pour moi, et que l’on était plus qu’une famille.
Le troisième moment dont je me souviendrai a été quand le coach a crié mon nom, et m'a dit exactement : « Frenchy, we need you right now, make the fucking play. Tackle me the RBRunning Back (RB)
Terme générique qui englobe les HB et les FBFullback (FB)
coureur puissant et polyvalent. Il joue le rôle de bloqueur, de receveur et de bulldozer balle en main. Constitue avec les halfbacks (HB), les running backs (RB).. !» : je suis alors rentré sur le terrain, je me suis remis en position, le guardGuard
homme de la ligne offensive placé à droite et à gauche du center. Il doit protéger le QB et creuser des brèches aux RB. et le centre m'ont mis la pression mais j’ai poussé le guard et j’ai vu le RB arriver : je l’ai alors tacklé de toutes mes forces. Tous mes coéquipiers sont venus vers moi et pour la première fois en deux ans, mon coach défensif m’a dit que j’avais fait un bon travail.
Certains joueurs ont connu le succès et des facs de div IA en sortant de Santa Monica.... pour toi c'est quoi l'avenir ?
Cette semaine j’ai eu 4 offres qui sont venues d’équipe de NCAA DivII, mais je sais que je suis aussi suivi de très près par des universités de DivI. Mais chaque chose en son temps : j’ai encore un an à faire au sein de Santa Monica College, et comme je me le répète « c’est bien d’avoir des universités qui te suivent, mais je veux avoir un papier qui confirme que l'on m’offre une bourse d’études pour jouer avant de m’enflammer ».
Et les études dans tout cela ? Arrives-tu à cumuler jeu sur le terrain et études ?
Côté études tout va très bien, j’ai actuellement 3,9/4 de moyenne donc c’est bien. C’est des fois très dur, mais je sais que c’est vraiment le plus important d’être bon à l’école si l’on veut recevoir des offres de scolarship : les écoles qui m’ont approché ont toutes demandé mon bulletin scolaire en premier. La plupart des universités regardent les notes puis ensuite les highlights des joueurs, donc j’essaie d’être toujours le meilleur de ma classe et ce, même si des fois je ne dors que 2 heures du fait du football. Mais la fin de saison approchant, cela va se calmer et je vais pouvoir me relaxer et surfer.
Articles liés
- Selim Baccouche : le "frenchy" de Santa Monica (20/04/13 00:04)