Le réfrigérateur a perdu son chemin (2/4)Les dangers du succès

Perry et les dangers de la notoriété
Perry et les dangers de la notoriété
le 19/02/2014 à 08:38 par Thomas Savoja

Les plus jeunes de nos lecteurs ne s’en souviennent certainement pas, mais William « The Fridge » Perry fut une icône du Football Américain dans les années 80. Je suis tombé il y a quelques semaines sur un reportage d'ESPN retraçant son parcours et j'ai décidé de vous proposer un retour sur la carrière édifiante de ce géant au physique hors norme dont la chute fut au moins aussi spectaculaire que son ascension fut fulgurante (Voir les liens en bas de l'article pour les épisodes précédents ...).

Les dangers du succès

Ce coup d’éclat lui vaut une nouvelle notoriété. Il apparait dans le « Tonight show » de David Lettreman et est contacté par une marque de soda pour devenir leur égérie. Et du coup, voilà que Buddy Ryan souhaite maintenant l’intégrer dans ses schémas défensifs. Le gamin discret de Clemson avec son physique ingrat est devenu soudainement une icône. Tous les jeudis soir, ses coéquipiers de Chicago l’embarquent pour une virée en ville. Etre au milieu de cette bande et aligner les tournées de bière, c’est tout ce dont il n’avait jamais rêvé.

« Je n’étais pas capable de dire non » aime-t-il à répéter. Dikta a vent de ces virées alcoolisées. « Je ne réalisais pas combien de bières il pouvait ingurgiter dans l’espace d’une soirée ».

Lors du Super Bowl XX où les Bears affrontent les Patriots, Perry termine une nouvelle fois dans l’en-but sur une course de 1 yards orchestrée par Dikta qui le préfère à Payton ! Il ne pouvait pas savoir qu’il priverait ainsi le grand Walter de toute chance de signer un Touchdown lors d’un Superbowl. C’est en tous les cas le signe que Perry a atteint un statut hors norme dans l’équipe des Bears.

155 kg sur la balance !
155 kg sur la balance !
Pour fêter cette victoire, Perry décide de prendre du recul et retourne à Aiken se ressourcer et se consacrer à la pêche. Il reste de longues heures seul sur les rives du lac, seul avec quelques cannettes de bière.

De retour à Chicago en 86, il affiche 155 kg sur la balance. Les Bears sont clairement mécontents de sa forme physique et ce sera d’ailleurs le sentiment qui prédominera à son encontre pour le reste de sa carrière. Car le buzz qu’il a créé autour de lui ne sera finalement jamais en ligne avec sa production sur le terrain. Alors qu’il monnaie ses apparitions télévisées jusqu’à 25 000 $, son salaire de Rookie s’élevant à près de 138 250 $ par an, on ne peut donc pas dire que Perry soit à plaindre financièrement. Mais sportivement, il n’aura pas atteint le niveau d’un Pro Bowler ne dépassant par exemple jamais la barre des 6 sacksSack
plaquage du QB dernière la ligne de scrimmage (perte de terrain).
sur une saison. D’un autre côté, il aligne les pubs et devient même une figurine des célèbres GGuard
homme de la ligne offensive placé à droite et à gauche du center. Il doit protéger le QB et creuser des brèches aux RB.
.I. Joe !

Mais les Bears n’ont pas besoin d’un personnage de carnaval, ils veulent un vrai joueur, un plaqueur capable d’arrêter des courses ou de chasser les QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
. Son surpoids devient un sujet de polémique et en 1987 Mike Dikta, l’homme qui avait fait de lui une star, commence à s’en irriter.

« Nous avons commencé à le peser régulièrement et à le mettre à l’amende » raconte Dikta « Mais cela s’est rapidement révélé inutile. Je n’avais pas envie de lui prendre son argent et de toutes façons, il n’était pas capable de redescendre au poids de forme que nous estimions être le sien ».

Le management de la franchise de l’Illinois est persuadé que ses soucis de surpoids proviennent de ses problèmes d’alcool. Perry est désormais passé de la bière à la vodka et cela commence à vraiment préoccuper ses proches et particulièrement sa compagne Sherry. En 1988, sous la pression de cette dernière, Perry admet enfin avoir un problème et il décide d’aller voir son préparateur physique Fred Cairo.

« C’était devenu un gros souci. J’avais ma famille et ma carrière et c’était comme si j’étais perdu au milieu des deux, complètement bloqué. Il fallait vraiment que je fasse quelque chose et que j’obtienne de l’aide ».

Besoin d’aide

Après leur entrevue, Cairo monte immédiatement voir le coach Dikta et l’organisation des Bears décide d’envoyer Williams dans un centre de réhabilitation pour alcooliques. Dikta prend alors Perry entre quatre yeux : « Big guy, tu dois faire face à cette situation et te faire aider. Tu n’es pas le seul à avoir ce type de problème. Ne t’inquiète pas, on va te sortir de là. » Le Fridge passe alors 28 jours de traitement et commence à fréquenter les réunions des Alcooliques Anonymes, même s’il est très loin d’être un anonyme !

« Mon nom est William et je suis alcoolique »

C’était un véritable déchirement pour lui que d’admettre son état. Et il n’assistera d’ailleurs qu’à une dizaine de ces réunions. Ensuite, il niera cette évidence pendant de longues années.

Perry aux London Monarchs
Perry aux London Monarchs
Jusqu’à la fin de son passage chez les Bears, Perry continue à boire plus que de raison et son poids s’en ressent puisqu’il atteint désormais 175 kg. Malgré cela, Dikta reste jusqu’au bout un soutien fort pour lui au sein de l’organisation et pas question pour le coach de transférer Perry. Mais en 1993, lorsque Dave Wannstedt remplace Ditka à la tête de la franchise de l’Illinois, le Fridge quitte Chicago pour Philadelphie, laissant un gout amer au staff des Bears tant l’impression de gâchis prédomine.

« Je crois vraiment que s’il avait été capable de travailler sérieusement pendant la trêve comme beaucoup de joueurs le font de nos jours, il aurait pu atteindre des records uniques, tant sur le plan défensif qu’offensif » admet aujourd’hui Ken Vladiserri, responsable des relations publiques des Bears dans les années 80. « Pour moi, il avait le potentiel d’un Hall of Famer ».

Au lieu de cela, il quitte la NFL en 1994 avec un total modeste de 29,5 sacks en carrière. Mais Il ne semble néanmoins pas trop marqué par cette issue et étonnamment, il parait convaincu d’avoir atteint son plein potentiel. De plus, les London Monarchs de la World League l’appellent pour un juteux contrat tout comme la Fédération Mondiale de Catch. Tout semble alors devoir lui sourire. Il réalise d’ailleurs une saison pleine aux Monarchs avant de passer définitivement à l’après-football et le moins que l’on puisse dire c’est que ce ne sont pas les pistes de reconversion qui manquent.

A suivre ...

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 Si Marc Bulger lance une interception dans un stade Sun Devil vide de tout spectateur, est-ce encore une interception ?  – Jeff Gordon, journaliste au Saint-Louis Post suite à un match face aux Cardinals

En VO :  If Marc Bulger throws an interception in Sun Devil Stadium and nobody is there to see it, is it still an interception ? 

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