Seahawks : Les défenses gagnent les Championnats... mais pas qu'ellesSeattle, meilleure candidate à sa propre succession ?

La D des Seahawks : construit pour durer ?
La D des Seahawks : construit pour durer ?
le 07/02/2014 à 00:28 par Pierre-François Flores

La défense des Seattle Seahawks a procédé à la destruction méthodique de l'attaque des Denver Broncos lors du 48ème Super Bowl qui s'est joué dimanche dernier. Mais Denver a en réalité pris l'eau dans tous les compartiments du jeu, sa défense ayant maintenu le bateau à flot avant de sombrer également sous les assauts répétés de la bande à Russell Wilson. Si la plupart des médias (nous compris) s'attardent sur l'impact de cette déroute sur l'héritage de Peyton Manning, il est temps de faire le point sur ce que nous ont offert les hommes des Pete Carroll.

Victoire logique d'après l'histoire des Super Bowls

Cette finale était la première opposant la meilleure attaque à la meilleure défense que ce soit en matière de points et de yards. L'attaque des Broncos avait de surcroit battu à peu près tous les records majeurs durant la saison régulière et n'avait jamais marqué moins de 20 points lors de ses 18 premiers matchs. Pourtant, elle a sombré dimanche dernier, n'inscrivant que 8 points en fin de 3ème quart-temps, perdant 4 ballons (2 interceptionsInterception
passe du QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
rattrapée par un défenseur (un adversaire).
et 2 fumblesFumble
quand le porteur du ballon laisse échapper celui-ci par maladresse ou suite à un choc. Le ballon est alors à terre mais vivant et c'est la 1ère équipe qui le ramasse qui en prend la possession. Avec les interceptions, le fumble est la seconde façon de rendre le ballon à l'adversaire. Ensemble, ils constituent des Turnovers (pertes de balle). C'est souvent cette stat. qui décide de l'issue de la rencontre.
) et concédant le safetySafety
Signifie deux choses différentes :
1- c'est le plaquage du porteur du ballon dans sa propre zone d'en-but. Cela rapporte 2 points à l'équipe qui l'effectue et elle récupère la possession du ballon. L'équipe victime du safety va alors dégager depuis ses 20 yards au moyen d'un botté façon puntPunt
action utilisée en 4ème tentative et x yards à parcourir. Plutôt que de tenter les x yards, l'attaque choisit de botter le plus loin possible pour faire reculer son adversaire.
.
2- c'est un poste en défense. Le safety est en quelque sorte le dernier rempart. Il tient en quelque sorte le rôle d'un libéro en football européen.
dès le premier jeu du match.

Toutefois, l'issue ne devrait pas nous surprendre si l'on se base sur ce qui s'est passé dans l'histoire du Big Game. Pour la 5ème fois, la meilleure attaque jouait la meilleure défense en points. La défense mène désormais 4 victoires à 1 :

  • Super Bowl XIII : les Steelers gagnent leur 3ème finale derrière leur Steel Curtain (12,2 ppm) face aux Cowboys, 35 à 31.
  • Super Bowl XIX : San Francisco a une bonne attaque mais ça défense est encore plus redoutable avec 14,2 ppm. Face à une exceptionnelle attaque des Dolphins menée par Marino (48 TD, un record qui a tenu 20 ans !), elle a concédé 0 point en 2ème mi-temps. 38-16 49ers.
  • Super Bowl XXIV : C'est le seul Super Bowl où la meilleure défense a perdu. Mais quelle déroute. Les Broncos sont dépecés par l'attaque des San Francisco 49ers menée par une légende : Joe Montana. C'est à ce jour le plus gros écart et le plus grand nombre de points marqués dans une finale : 55-10.
  • Super Bowl XXV : L'année suivante, la no-huddle offenseOffense
    escouade spécialisée dans l'attaque.
    des Bills doit battre la défense rigoureuse de Bill Parcells et de son coordinateur défensif, un certain Bill Belichick. Tout se joue sur un field goalField Goal (FG)
    coup de pied à 3 points effectué le plus souvent en 4ème tentative quand l'attaque a été bloquée. Il est joué depuis l'endroit où la dernière action c'est achevée. En cas de réussite c'est 3 points et engagement. En cas d'échec, la possession change de camp mais il y a deux possibilités : avant le snapSnap
    signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.
    , la balle était à l'intérieur des 20 yards, on replacera alors la balle sur la ligne des 20 yards ou elle était placée au-delà des 20 yards, on la replacera au même endroit.
    décisif manqué par Scott Norwood. NY gagne 20-19.

Si l'on ajoute le duel entre la meilleure défense 2002, les Tampa Bay Buccaneers, et la 2ème attaque, les Oakland Raiders, on constate un nouveau naufrage des seconds, 48-21, avec 5 interceptions du pauvre Rich Gannon, pourtant MVP de la saison (Super Bowl XXXVII).

En cumulé sur ces 6 matchs, la défense gagnent 194 à 150 : Defense wins Championships.

Un QB au sommet ? Pas vraiment l'assurance d'un Lombardi

Alors que l'on est dans une ligue qualifiée de "Pass Happy" (qui adore la passe), avoir un QB au sommet de son art n'est pas l'assurance de brandir le trophée Lombardi, au contraire. A quatre reprises, le meilleur passeur de la ligue en yards et en TD a joué le Big Game. Dan Marino a subi les foudres de la défense des Niners en janvier 1984 puis "The Greatest Show on Turf" a été stoppée par la défense des Patriots (2002). En février 2008, la meilleure attaque de l'histoire à cette époque est contrée par la défense, pourtant moyenne en saison régulière, des Giants qui battent les Patriots des Brady ou autre Moss. Enfin depuis 5 jours, il faut ajouter l'offensive des Broncos 2013 au registre des attaques enrayées. Au total, nous avons 4 victoires pour la défense en autant de matchs sur un score cumulé de 118 à 55 (cumul certes largement creusé par le match du week-end dernier).

La défense des Seahawks et sa désormais légendaire Legion of Boom s'inscrivent donc dans la grande lignée des meilleures défenses de l'histoire avec les Baltimore Ravens de 2000 (34-7 sur les Giants lors du Super Bowl XXXV) ou les Bears '85 (46-10 sur les Pats, SB XX).
Caractérisée non seulement par son intelligence tactique mais aussi (surtout ?) par son intensité physique, cette équipe évolue dans une division Ouest qui n'en est pas avare (49ers, Cardinals), elle-même faisant partie d'une Conférence Nationale qui aime l'engagement. La NFC est sur une série de 4 victoires sur les 5 derniers Super Bowls. Une division de l'AFC a gagné 3 titres sur ces 9 dernières années, le Nord : 2 fois les Steelers et l'an dernier les Ravens, deux équipes également réputées pour leur jeu rugueux. Seule exception, les Colts de Manning (AFC Sud) ont gagné la 41ème finale, et encore, leur défense était aussi montée en puissance durant les playoffs (avec le retour de leur meilleur défenseur, le safety Bob Sanders).
En clair, il faut savoir défendre mais également être très dur physiquement pour aller au bout. C'est ce qu'il semble manquer aux équipes de l'AFC, souvent qualifiées de "soft" outre-Atlantique en ce moment. La ligne offensive de Denver par exemple a été complètement dépassée par le seul front four des Seahawks, elle qui n'avait laissé que 18 sacksSack
plaquage du QB dernière la ligne de scrimmage (perte de terrain).
en 18 matchs cette saison.

Ce qui est très intéressant avec la franchise de l'état de Washington est qu'elle ne l'a pas emporté qu'avec sa "D".

Equipes spéciales attendues, Equipes spéciales au rendez-vous

Comme nous l'écrivions dans notre preview du Super Bowl XLVIII, les équipes spéciales des Seattle Seahawks étaient parmi les meilleures de la NFL cette saison. Un bon kicker, Steven Hauschkaun bon relanceur de punt, Golden Tate, elles étaient en dedans en ce qui concerne les relances de kickoffKickoff
coup de pied d'engagement en début de mi-temps. Effectué balle à terre depuis la ligne des 30 yards de l'équipe qui engage.
. Pourquoi ? Tout simplement parce que leur meilleur relanceur en 2011 et 2012, Percy Harvin, était blessé quasiment toute la saison.
En face, les Broncos étaient réputés pour leurs erreurs sur ces phases jeux. Dimanche dernier, l'équation n'a pas compliquée : "Harvin+défense hasardeuse=touchdown Seahawks".

Une attaque prometteuse

Les Seattle Seahawks ont gagné aussi offensivement même si l'impact de l'attaque menée par Russell Wilson ne s'est traduite au score qu'en fin de match. A 8-0, Marshawn Lynch, seulement 39 yards en 15 courses, pénètre dans la end zoneEnd Zone
Zone d'en-but de 10 yards située de chaque côté du terrain.
pour donner 15 points d'avance aux Hawks. Puis Malcolm Smith et Harvin achèvent les Chevaux Sauvages de 2 touchdownsTouchdown (TD)
c'est l'essai qui vaut 6 points et qui peut être transformé au choix à 1 ou 2 points. Il suffit que le ballon pénètre dans la endzone. (pas besoin d'aplatir)
. Le score est donc de 29-0 quand Wilson passe ses 2 TD pour Jermaine Kearse et Doug Baldwin qui se promènent dans une défense qui a déjà rendu les armes.

Sans véritable receveur n°1 à la Demaryius Thomas, ni de tight end type Rob Gronkowski, la jeune attaque est championne. Avec quelques choix de Draft intelligents ou un bon recrutement lors de la Free Agency du mois prochain, elle peut se mettre au niveau de sa défense.

 

Vous l'aurez compris, cette jeune équipe a un bel avenir devant elle. Forte dans tous les compartiments de jeu, elle gagne des matchs en jouant son football. De là à dire que nous tenons la dynastie de cette décennie, il y a un pas qu'il est trop tôt pour franchir, mais les ingrédients ne sont pas loin d'être tous présents.

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 Si je pouvais recommencer ma vie du début, je souhaiterais être joueur de foot et vous pouvez être certain que je voudrais être membre des Steelers de Pittsburgh.  – Jack Lambert

En VO :  If I could start my life all over again, I would be a professional football player, and you damn well better believe I would be a Pittsburgh Steeler. 

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