Tout simplement trop forts
Les superlatifs ne sont pas assez nombreux pour qualifier la prestation des New England Patriots dimanche après-midi.
Abordant cette rencontre décisive avec quelques soucis de blessures et des Indianapolis Colts au sommet de leur art, les Patriots ont montré à tout la ligue qu'ils étaient bien les mieux armés pour assurer leur propre succession.
Ball Control Time
Pour ce match, les données étaient claires pour les hommes de Bill Belichick. Il fallait imposer le jeu au sol et maintenir Manning sur le bord du terrain en faisant tourner l'horloge. Facile à dire mais loin d'être évident à mettre en place quand on affronte la 5ème meilleur attaque de l'Histoire, dirigé par un quarterback double-MVP à 49 touchdownsTouchdown (TD)
c'est l'essai qui vaut 6 points et qui peut être transformé au choix à 1 ou 2 points. Il suffit que le ballon pénètre dans la endzone. (pas besoin d'aplatir) sur la saison !
Pourtant, c'est bien ce que les Patriots ont réussi à faire. Avec quasiment 38 minutes de possession et une défense d'une insolente facilité, ils domptent les Poulains pour la sixième fois consécutivement, sur le score sans appel de 20 à 3.
Une rivalité est bien née
Pour les Colts, la saison s'achève comme elle a commencé, par une défaite à Foxboro. Manning chute pour la 7ème fois en 7 déplacements en carrière au Gillette Stadium tandis que son désormais plus grand rival en est à 7/7 en playoffs ! Rendez-vous compte : Tom Brady, 27 ans, termine sa 4ème saison en tant que titulaire, a à son palmarès deux bagues de champions assortis deux titres de MVP du Super Bowl et n'a jamais perdu en post-saison ! Ca laisse rêveur.
La NFL hérite d'un duel de Star rappelant un certain Marino-Montana. Le premier empilant les records les uns sur les autres, le second préférant la douceur de quatres titres de champion. Nous souhaitons tout de même plus de réussite à Manning qu'à son glorieux ainé.
Dillon au rendez-vous
Si Brady (18/27 144 yards, 1 TD et un autre à la course) a été le métronome du plan de jeu de Belichick, distillant ces passes courtes à la perfection (67% de lancers complétés, la plus longue de 17 yards), rien n'aurait été possible sans la recrue de New England à l'intersaison. Le running backRunning Back (RB)
Terme générique qui englobe les HB et les FBFullback (FB)
coureur puissant et polyvalent. Il joue le rôle de bloqueur, de receveur et de bulldozer balle en main. Constitue avec les halfbacks (HB), les running backs (RB).. Corey Dillon a parfaitement justifié son transfert dans le Massachussets en établissant le jeu de course. Il termine avec 144 yards en 23 portés dont l'un de 42 yards. Bien suppléé par Kevin Faulk (53 yards), il a permis à son équipe de contrôler la possession les 2 tiers du match. Les Patriots se payent même le luxe de mener leurs trois plus long drives de la saison, tous terminés par des points. Il y eut tout d'abord le field goalField Goal (FG)
coup de pied à 3 points effectué le plus souvent en 4ème tentative quand l'attaque a été bloquée. Il est joué depuis l'endroit où la dernière action c'est achevée. En cas de réussite c'est 3 points et engagement. En cas d'échec, la possession change de camp mais il y a deux possibilités : avant le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB., la balle était à l'intérieur des 20 yards, on replacera alors la balle sur la ligne des 20 yards ou elle était placée au-delà des 20 yards, on la replacera au même endroit. de 24 yards d'Adam Vinatieri qui mit fin à une série de 9:07, puis la passe de touché de Brady pour Givens couronnant une possession de 94 yards en 8:16 au 3ème quart et enfin une course du QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs. pour clore un drive de 7:24 en dernière période.
Une défense "amoindrie"
A posteriori, les craintes que l'on pouvait avoir pour les champions en titre en raison des blessures de Ty Law, Richard Seymour et Tyrone Poole, font doucement rigoler. Une défense "amoindrie" a maintenue les Colts à un field goal !
Tedy Bruschi, Willie McGinest, Rodney Harrison et même le WR/CB/KR Troy Brown ont montré que New England était une équipe avec un grand "E". Ce n'est pas une somme d'individualités mais un groupe entier qui gagne les matchs. Si une pièce manque, une autre peut la remplacer. Brown a ainsi intégré cette saison la défense au poste de cornerback. Déjà après le Super Bowl en 2001, Brady avait parlé de Most Valuable Team. Avec les Patriots, on est loin du Star Sytem des Vikings ou autres Eagles et c'est certainement leur plus grande force.
Bruschi et consorts ont mis une pression constante sur Manning (27/42 pour 238 yards et 1 interceptionInterception
passe du QB rattrapée par un défenseur (un adversaire).), le sackant à trois reprises et lui faisant commettre un fumbleFumble
quand le porteur du ballon laisse échapper celui-ci par maladresse ou suite à un choc. Le ballon est alors à terre mais vivant et c'est la 1ère équipe qui le ramasse qui en prend la possession. Avec les interceptions, le fumble est la seconde façon de rendre le ballon à l'adversaire. Ensemble, ils constituent des Turnovers (pertes de balle). C'est souvent cette stat. qui décide de l'issue de la rencontre. heureusement pour lui sans conséquence. Ils ont aussi cantonné Edgerrin James à 39 maigres yards. Alignant BlitzBlitz
tactique défensive où les défenseurs sont chargés d'aller sacker le QB ou de plaquer le running back le plus tôt possible afin d'infliger une perte de terrain à l'attaque. Mais il y a un risque : la défense doit être rapide car sinon elle s'expose à une passe longue. et Pass Rush, la défense tricolore n'a pas permis au MVP 2004 de trouver ces cibles favorites. Ainsi, Brandon Stockley est le meilleur wide receiverWide Receiver (WR)
ceux sont les receveurs écartés. Ils sont spécialisés dans les réceptions des passes très longues. Ils sont extrêmement rapide : 40 yards en 5 sec. avec 8 réceptions. Reggie Wayne n'en totalise que trois.
Des Colts hors sujet
Même si la météo s'est magistralement trompée en promettant clémence aux Colts (-4°C et de la neige finalement), ils ne pourront pas s'en servir comme d'une excuse. Le froid et la neige ont certainement géné cette équipe habituée à jouer en dôme mais ils n'expliquent pas la faillite défensive. Echecs sur troisièmes tentatives, peu de pression sur Brady, plaquages manqués et aucun "takeaway" (ballon récupéré sur fumble ou interception) sont les ingrédients d'un match râté.
La meilleure équipe de la ligue sur le différentiel gain-perte de balle finit le match avec un -3. Deux fumbles recouverts par Bruschi est complété par une interception dans la dernière minute de Rodney Harrison.
L'attaque n'est pas exempte de tout reproche. Beaucoup de ballons captables mais relâchés, une incapacité à créer des brêches pour James et plus gênant, un Manning pestant dès la fin du premier quart-temps. Sentait-il déjà le match lui échapper ?
Les Steelers sont prévenus
Le principal doute que l'on pouvait émettre à propos des Steelers était la capacité de Ben Roethlisberger à gérer son premier match de playoffs. Et en effet, il a eu une rencontre très difficile. Mais était-ce dû à l'enjeu ou juste à cause de l'excellente défense des Jets ?
Qu'importe ! Les Patriots savent que Big Ben n'est pas infaillible et il lui faudra de large épaulière pour supporter la pression.
De plus, la revanche de la saison régulière aura une différence de taille. Corey Dillon sera cette fois présent et il faudra compter sur ses courses pour mettre à mal la meilleure défense de la ligue.
Le choc promet d'être énorme. Vivement ce weekend !