Super Bowl LVIPrésentation

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le 12/02/2022 à 21:35 par Blaise Collin

Los Angeles, le 12 février 2022 – À domicile et dans leur antre flambant neuve du SoFi Stadium d’Inglewood, les Los Angeles Rams vont affronter les Cincinnati Bengals le 13 février 2022 lors du Super Bowl LVI.

Un peu d'histoire...

Officiellement équipe visiteuse, les Rams sont seulement la seconde équipe à disputer le SB à la maison, après les Tampa Bay Buccaneers l’an passé. L’expérience s’était révélée favorable aux Bucs qui s’étaient alors imposés à Raymond James Stadium contre les Kansas City Chiefs (31-9).

C'est un retour aux sources pour le Super Bowl dont la première édition s'est tenue en 1967 au Los Angeles Coliseum (qui sert actuellement de stade aux USC Trojans). Les Green Bay Packers y avaient sèchement battu les Kansas City Chiefs (35-10). Le dernier Super Bowl (SB XXVII) disputé à L.A. remonte à 1993 et les Dallas Cowboys avaient atomisé les Buffalo Bills (52-17) au Rose Bowl de Pasadena (qui sert notamment de stade aux UCLA Bruins, donc pas de jaloux entre les deux rivaux universitaires de la ville !). 

En tant qu’équipe qui “reçoit”, les Bengals ont opté pour leur jeu de maillots noirs et les Rams joueront, quant à eux, en blanc. Pour les superstitieux, 14 des 17 derniers SB ont été remportés par l’équipe qui évoluait en blanc. Pour les parieurs, LAR est favori de 4 points.

La dernière apparition des Rams au SB remonte au Super Bowl LIII et une défaite contre les New England Patriots (3-13). Il faut remonter 30 ans plus tôt et le Super Bowl XXIII pour voir Cincinnati au SB, les Bengals avaient alors perdu contre les San Francisco 49ers (16-20) et le quarterback victorieux s’appelait… Joe.

Records en tout genre

Le match marque également deux records pour les quarterbacks : QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
Joe Burrow (366/520, 4611 yards, 34 TD / 40 courses, 118 yards, 2 TD) est le plus rapide à atteindre un SB, après seulement 26 matchs en NFL, et QB Matthew Stafford (404/601, 4886 yards, 41 TD / 32 courses, 43 yards) est le plus lent, avec 182 matchs dans la ligue avant de joueur pour le trophée Lombardi.

Joe Burrow au Super Bowl LVI
Joe Burrow au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Matthew Stafford au Super Bowl LVI
Matthew Stafford au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

En parlant du quarterback des Bengals, il a déjà remporté un titre national en College Football ainsi que le trophée Heisman. Seuls quatre joueurs ont ajouté une bague du Super Bowl à ces deux récompenses universitaires : RB Tony Dorsett, RB Marcus Allen et CB Charles Woodson. En remportant le SB, Joe Burrow deviendrait le premier joueur de l'Histoire à compléter ces récompenses par une sélection comme premier choix de la Draft NFL. Pour ajouter un peu plus de magnitude à toutes ces informations, seuls deux quarterbacks ont réalisé le doublé "champion universitaire + champion NFL" : Joe Namath et Joe Montana. Deux autres Joe...

Au titre des records, les entraineurs en chef des Rams et Bengals, Sean McVay et Zac Taylor, sont les plus jeunes de la ligue à respectivement 36 et 38 ans. Le HC de LAR est donc à peine plus âgé que son quarterback qui vient tout juste de fêter ses 34 ans (le 7 février). Interviewé par FA, Sean McVay a déclaré que les grands entraineurs peuvent avoir des âges et des niveaux d'expérience différents et que bosser dur et bien s'entourer permettent de combler un manque relatif d'expérience. Quoi qu'il en soit, si les Rams remportent ce Super Bowl LVI, Sean McVay deviendrait le plus jeune HC à remporter un SB à 36 ans et 20 jours, battant Mike Tomlin de 303 jours.

Zac Taylor au Super Bowl LVI
Zac Taylor au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Le renouveau de Cincinnati

En 2019, Cincinnati a terminé la saison avec 2 victoires et 14 défaites. En 2020, Cincy a doublé son total de victoires (4-11-1) mais faisait toujours partie du quintet de cancres de la ligue. En 2021, avec un bilan de 10-7 et trois victoires en playoffs pour atteindre le Super Bowl, les Bengals rejoignent trois autres équipes qui sont passées de quatre victoires à une participation au Super Bowl la saison suivante :

1988 Cincinnati Bengals : 4-11 en 1987, 12-4 en 1988 et une défaite au Super Bowl XXIII (16-20 contre les 49ers)

1998 Saint Louis Rams : 4-12 en 1998, 13-3 en 1999 et une victoire au Super Bowl XXXIV (23-16 contre les Titans)

2019 San Francisco 49ers : 4-12 en 2018, 13-3 en 2019 et une défaite au Super Bowl LIV (20-31 contre les Chiefs)

Les Bengals parviendront-ils à répéter l'exploit des Rams de 1999 contre les Rams de 2021 ?

Et à la fin, c'est l'Ohio qui gagne... 

Quoiqu'il arrive lors du Super Bowl LVI, l'état de l'Ohio sortira vainqueur !

Évidemment, une victoire des Bengals donnerait au "Buckeye State" un titre tant attendu depuis la première saison de l'équipe en 1968, voire depuis celle des Cleveland Browns en 1946.

Mais si les Rams sont de retour à Los Angeles depuis 2016 après une interlude d'une vingtaine d'année à Saint Louis (1995-2015), ils ont été fondés à Cleveland en 1936 et ont évolué dans la ville du Rock & Roll jusqu'en 1945 avant de partir s'installer en Californie. Surtout, Sean Mc Vay est natif de Dayton et a joué en universitaire à Miami (Ohio)...

Sean McVay au Super Bowl LVI
Sean McVay au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Le parcours des équipes

Comment les deux équipes ont-elles atteint le Super Bowl LVI ?

Pour les Bengals, c'est ici. Pour les Rams, c'est .

Quelques statistiques

Il est difficile de trouver dans la ligue deux équipes si proches en termes de statistiques offensives et défensives. Les Rams et les Bengals partagent les mêmes forces et les mêmes faiblesses, si l'on en croit ces classements statistiques.

Les deux équipes ont des attaques dans le Top 10 de la ligue, essentiellement orientées vers la passe et avec un jeu au sol moyen voire médiocre.

Leurs défenses sont dans le ventre mou du classement statistique, notamment pénalisées par un secteur aérien très en deçà de leurs performances contre la course.

Attaque

Rams : 372.1 yards par match (9ème) dont 273.1 yards par match à la passe (5ème) et 99.0 yards par match à la course (25ème)

Bengals : 361.5 yards par match (13ème) dont 259.0 yards par match à la passe (7ème) et 102.5 yards par match à la course (23ème)

Rams : 27.1 points par match (8ème)

Bengals : 27.1 points par match (7ème) 

Défense

Rams : 344.9 yards par match (17ème) dont 241.7 yards par match à la passe (22ème) et 103.2 yards par match à la course (6ème)

Bengals : 350.8 yards par match (18ème) dont 248.4 yards par match à la passe (26ème) et 102.5 yards par match à la course (5ème)

Rams : 21.9 points par match (15ème)

Bengals : 22.1 points par match (17ème)

Sept clés pour le septième ciel

Clé nº1 : DT Aaron Donald, LB Von Miller  et LB Leonard Floyd vs. Joe Burrow

La ligne offensive de Cincinnati n'a pas vraiment excellé dans la protection de son quarterback. En saison régulière, Joe Burrow a mordu la poussière à 51 reprises, record NFL de la saison, et la ligne a accordé 55 sacksSack
plaquage du QB dernière la ligne de scrimmage (perte de terrain).
au total.

Les choses se sont améliorées en playoffs contre les Raiders (26-19) et les Chiefs (27-24, OT) avec seulement deux sacks lors de chacun des matchs mais, entre les deux, la défense des Titans a martyrisé Joe Burrow avec neuf sacks.

La mauvaise nouvelle pour les Bengals est que le "front seven" des Los Angeles Rams est d'un calibre semblable à celui de Tennessee. Sa ligne défensive est la plus dominante de la NFL quand il s’agit de mettre la pression sur le quarterback adverse (une statistique mesurée par le "pass rush win rate") et la ligne offensive de Cincy est 30ème de la ligue dans la protection contre ce rush ("pass block win rate"). La (relative) bonne nouvelle est que Joe Burrow semble imperturbable à tous ses sacks...

En saison régulière, LAR a réalisé 50 sacks, le troisième plus haut total de la ligue. En playoffs contre Tampa Bay (30-27), Aaron DonaldVon Miller et Leonard Floyd, les trois fers de lance de cette défense des Rams, ont chacun enregistré un sack sur QB Tom Brady et le premier nommé a également été crédité de trois "QB hits". Il en a ajouté deux à ses statistiques en finale NFC contre QB Jimmy Garoppolo et San Francisco (20-17).

L'enjeu principal de ce match pour Cincy sera donc de garder Joe Burrow debout sur ses deux jambes, surtout pour éviter une potentielle blessure. Le jeune quarterback s’est sorti plus d’une fois de situations délicates en quittant sa poche pour échapper à la pression mais cette option ne fait définitivement pas partie du plan de jeu de Zac Taylor.

À l'inverse, Matthew Stafford n'a subi que 30 sacks lors de la saison régulière et cinq sacks lors des trois matchs de playoffs. Les Rams sont également premiers de la ligue en protection alors que les Bengals sont 25ème en pression défensive avec "seulement" 42 sacks en saison régulière. Même si la ligne défensive de Cincy a prouvé qu'elle pouvait élever son niveau de jeu, avec notamment quatre sacks et une interceptionInterception
passe du QB rattrapée par un défenseur (un adversaire).
sur QB Patrick Mahomes II en finale AFC, l'avantage est clairement pour LAR des deux côtés des tranchées.

Clé nº2 : Joe Burrow contre le secondaire des Rams

Quand sa ligne offensive lui donne suffisamment de temps pour lancer, Joe Burrow est, statistiquement, le quarterback le plus précis de la NFL. 

Contre LAR, il affrontera un des meilleurs secondaires de la ligue, même si la défense contre la passe des Rams est en régression statistique (22ème en 2021) par rapport à l'an passé (1ère) avec plus de 25% de yards supplémentaires accordés (241.7 contre 190.7). Le secondaire des Rams est ancré autour de CB Jalen Ramsey, qui reste le meilleur joueur à son poste, comme le prouvent notamment ses 16 passes défendues (6ème de NFL).

Jalen Ramsey au Super Bowl LVI
Jalen Ramsey au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Joe Burrow n'est pas timide lorsqu'il s'agit de tester le secondaire adverse. Ses 12 passes complétées de plus de 50 yards en saison régulière sont un record des vingt dernières années. Il est l'un des tous meilleurs de la ligue contre une défense jouant avec un seul safetySafety
Signifie deux choses différentes :
1- c'est le plaquage du porteur du ballon dans sa propre zone d'en-but. Cela rapporte 2 points à l'équipe qui l'effectue et elle récupère la possession du ballon. L'équipe victime du safety va alors dégager depuis ses 20 yards au moyen d'un botté façon puntPunt
action utilisée en 4ème tentative et x yards à parcourir. Plutôt que de tenter les x yards, l'attaque choisit de botter le plus loin possible pour faire reculer son adversaire.
.
2- c'est un poste en défense. Le safety est en quelque sorte le dernier rempart. Il tient en quelque sorte le rôle d'un libéro en football européen.
profond. Contre ce genre de défense, il n'hésite pas un instant à jouer les 1-contre-1 sur courses extérieures et fait totalement confiance à ses receveurs (souvent WR Ja'Marr Chase) pour gagner leurs duels. 

La défense la plus utilisée par les Rams cette saison est justement une Cover-3 (un safety profond chargé du milieu du terrain et deux cornerbacks responsables de tout le champ profond le long des ligne de touche), ce qui pourrait avantager les Bengals, au moins sur ces phases de jeu. Si, en outre, LAR est obligé de faire prise à deux sur Ja'Marr Chase, cela pourrait ouvrir des espaces dans la zone courte ou intermédiaire (0-20 yards de la ligne de mêlée) pour des tracés croisés ou pour des courses de Joe Burrow.

D'un autre côté, LAR est adepte de la défense "1.5 gap" dans laquelle les défenseurs sont responsables non seulement du gap défensif en face d'eux mais aussi chargés de garder un œil sur un gap voisin et d'attaquer ledit gap si leur gap principal n'est plus menacé. Cela permet d'avoir moins de défenseurs dans la boite que le nombre de gaps à couvrir et donc de pouvoir dédier plus de personnel à la défense aérienne. Avec potentiellement moins de huit joueurs défensifs dans la boite, les solutions de passe pourraient se retrouver limitées pour Joe Burrow.

Clé nº3 : quelle défense adopter ?

Il est fort probable que les deux équipes adopteront des schémas de défense assez similaires compte-tenu des forces (et relatives faiblesses) de leurs quarterbacks.

Matthew Stafford est, statistiquement, le meilleur quarterback de la ligue contre Cover-0 ou la Cover-1 (deux défenses individuelles avec zéro ou un seul safety) et dans le Top 5 contre la Cover-3. Joe Burrow n'a pas grand-chose à lui envier avec de meilleures statistiques contre des défenses jouant avec un seul safety ou sans safety.

Les Bengals défendent principalement en Cover-3 avec une dose de couverture homme–à-homme, y compris en Cover-1. Les Rams, quant à eux, défendent rarement en individuel et préfèrent la Cover-3.

Les défenses habituelles des deux équipes sont donc mal adaptées pour contrer les deux quarterbacks de ce Super Bowl. Dans les deux cas, le meilleur moyen de contenir l'une ou l'autre des attaques sera vraisemblablement de jouer avec deux safeties dans la profondeur, ce qui devrait amener son lot de Cover-2 (deux safeties en couverture de zone profonde) et Cover-4 (deux safeties et deux cornerbacks qui se partagent le champ profond), ainsi que l'hybride Cover-6 qui consiste à diviser le terrain en deux et à jouer Cover-2 d'un côté et Cover-4 de l'autre.

L'autre grande question de la stratégie défensive est... blitzer ou ne pas blitzer ? Dans le cas de Matthew Stafford et de Joe Burrow, telle n’est pas la question…

Si Matthew Stafford peut découper une défense individuelle, il est encore plus tranchant lorsque ladite défense envoie un ou plusieurs défenseurs à la charge. Lors des trois dernières saisons de NFL, aucun quarterback n'a été aussi efficace (en termes de points marqués résultants) contre le blitzBlitz
tactique défensive où les défenseurs sont chargés d'aller sacker le QB ou de plaquer le running backRunning Back (RB)
Terme générique qui englobe les HB et les FBFullback (FB)
coureur puissant et polyvalent. Il joue le rôle de bloqueur, de receveur et de bulldozer balle en main. Constitue avec les halfbacks (HB), les running backs (RB).
.
le plus tôt possible afin d'infliger une perte de terrain à l'attaque. Mais il y a un risque : la défense doit être rapide car sinon elle s'expose à une passe longue.
que le néo-QB des Rams. WR Cooper Kupp a engrangé un tiers de ses yards de la saison sur des actions de blitz, qui représentent en moyenne un quart des actions défensives.

Le problème du blitz, bien évidemment, est qu'il laisse le secondaire plus vulnérable. Fort heureusement pour les Bengals, leur schéma défensif ne repose pas sur le blitz avec moins de 20% de blitz en 2021 (3ème plus bas total de NFL). Comme contre les Chiefs, Cincy comptera essentiellement sur DE Trey Hendrickson (16.5 sacks) pour perturber Matthew Stafford sans trop découvrir ses arrières, notamment en troisième down où l'ancien Saints est le meilleur joueur de la ligue pour mettre la pression sur le quarterback adverse. Il sera épaulé par DE Sam Hubbard (7.5 sacks), lui aussi dans le Top 10 de la catégorie. 

Joe Burrow est également performant contre le blitz (6ème de NFL) et les Rams qui envoient un blitz sur près de 30% de leurs actions défensives (9ème en NFL) devraient sans doute réduire ce nombre au Super Bowl. Avec Aaron Donald (14.5 sacks), Leonard Floyd (10.5 sacks), Von Miller (7 sacks) et DT Greg Gaines (5 sacks), la ligne défensive des Rams devraient parvenir à mettre la ligne offensive des Bengals sous pression sans envoyer du blitz à outrance. En revanche, lors de leurs trois matchs de playoffs, les Rams ont blitzé sur plus de la moitié des troisièmes tentatives adverses, ce qui se paiera cash contre Joe Burrow et devrait inciter Sean McVay à revoir également ce nombre à la baisse.

Clé nº4 : troisième downs

Il n’y a pas de secret, pour gagner il faut marquer et pour marquer il faut être capable, le plus souvent, de maintenir ses drives. D’où l’importance des 3èmes downs.

Sur trois¡ème down, les Bengals ont un taux de réussite de 41% en attaque et en accordent 41% en défense. Les Rams sont légèrement plus efficaces en attaque (45%) et en défense (38%). Pour référence, les taux de conversion en NFL s'étalent de 35 à 53% en attaque et de 34 à 50% en défense.

En playoffs, LAR a fait mieux des deux côtés du ballon (50% et 26%) en se montrant notamment impitoyable en défense. Cincy a également fait mieux dans les deux secteurs (49% et 39%) mais la statistique défensive est trompeuse du fait de l'incroyable inefficacité de Tennessee dans leur confrontation.

Rams 

Cardinals (34-11) : 6/13 en attaque et 0-9 en défense

Buccaneers (30-27) : 4/11 en attaque et 3/14 en défense

49ers (20-17) : 11/18 en attaque et 3/9 en défense

Bengals 

Raiders (26-19) : 5/12 en attaque et 8/18 en défense

Titans (19-16) : 7/15 en attaque et 1/8 en défense

Chiefs (27-24, OT) : 8/14 en attaque et 6/12 en défense

L'un des facteurs déterminants sera la capacité de Joe Burrow à prendre ses jambes à son cou pour aller chercher des premiers downs lorsqu'il ne trouvera pas de solution dans les airs et que sa poche sera proche de l'effondrement. Contre Kansas City, il y a eu plusieurs telles instances qui ont permis aux Bengals de poursuivre leur effort offensif pour le résultat final qu'on connait.

Clé nº5 : Cooper Kupp vs Ja’Marr Chase

Chacun des deux protagonistes du Super Bowl LVI possède (au moins) un receveur de classe exceptionnelle.

Pour les Rams, Cooper Kupp (145 réceptions, 1947 yards, 16 TD) a remporté la triple couronne des receveurs (plus grand nombre de réceptions, yards et touchdownsTouchdown (TD)
c'est l'essai qui vaut 6 points et qui peut être transformé au choix à 1 ou 2 points. Il suffit que le ballon pénètre dans la endzone. (pas besoin d'aplatir)
) en 2021. En playoffs, il a ajouté 25 réceptions, 386 yards et 4 TD. Pour les Bengals, Ja'Marr Chase (81 réceptions, 1455 yards, 13 TD) a battu le record de yards en réception pour un rookie. Sans être aussi impressionnant que son aîné, il a compilé 20 réceptions, 289 yards et 1 TD en trois matchs de playoffs. Ces deux-là auront donc un rôle déterminant à jouer dans cette rencontre.

Cooper Kupp au Super Bowl LVI
Cooper Kupp au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Cooper Kupp signerait sans doute pour sa performance de 2019 contre Cincy à Londres (7 réceptions, 220 yards, 1 TD). Avec son talent, il n'est pas totalement farfelu qu'il puisse rééditer sa feuille de statistiques londoniennes. Cooper Kupp joue majoritairement en position de "slot", d'où il est, de loin, le meilleur au poste dans la ligue. Il est extrêmement performant sur courtes distances, réceptionnant plus de 80% de ses yards sur des passes courtes et intermédiaires, et létal dans la zone rouge avec 13 réceptions de touchdown. Il est également très consistant avec des statistiques qui varient peu entre les victoires et les défaites des Rams. Seuls les Cardinals l'ont maintenu en dessous de 90 yards (deux fois moins de 70 yards en trois matchs cette saison) en 2021. Du fait de cette constance, son impact sur le Super Bowl pourrait ne pas être aussi important qu'on pourrait l'imaginer. 

Pour Michael Irvin, qui s'y connait un peu en la matière, le principal atout de Cooper Kupp est que, non seulement il est très fort pour se séparer du marquage défensif mais il sait également à quel moment précis le faire. Ce sens du timing lui procure un avantage indéniable. Il est aussi excellent pour choisir ses tracés en fonction de la couverture défensive et de la position de son défenseur.

Michael Irvin au Super Bowl LVI
Michael Irvin au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Le schéma offensif des Rams lui permet d'ailleurs une grande liberté d'action et le cahier de jeux contient nombre de combinaisons permettant de l'isoler pour lui permettre de maximiser ses qualités. Ces mouvements peuvent être un casse-tête défensif puisqu'ils rendent les prises à deux difficiles. Il est aussi costaud, sort rarement en touche de lui-même et ne tombe pas facilement au sol après un premier contact.

C'est CB Mike Hilton qui sera le plus souvent chargé de contenir Cooper Kupp. L'ancien Steeler ne rechigne pas à la tâche, au contraire. Forcément optimiste, il prédit que les Bengals gagneront leurs deux duels, lui contre Cooper Kupp et Ja'Marr Chase contre Jalen Ramsey.

Mike Hilton au Super Bowl LVI
Mike Hilton au Super Bowl LVI (Blaise Collin)
 

Justement, Ja'Marr Chase, quant à lui, possède une vitesse de pointe d'élite qu'il met à contribution à merveille sur tracés verticaux : ses 11 touchdowns sur des tels tracés sont un record en saison régulière. Pour profiter de cette vitesse, il s'aligne plus de 80% du temps à l'extérieur et domine son côté droit depuis la ligne de mêlée jusqu'à 50 yards en aval. Son duel avec Jalen Ramsey sera l'un des moments forts de ce Super Bowl, si toutefois les Rams ne délaissent pas la défense individuelle pour une couverture de zone. En vingt matchs cette saison, Ja'Marr Chase a glané plus de 100 yards à sept reprises mais a également été limité à moins de 80 yards à 12 reprises. Le bilan victoires-défaites correspondant dans les deux cas est de 6-1 et de 6-6. Autant dire que sa prestation pourrait fortement influencer le résultat final du match.

Ja'Marr Chase au Super Bowl LVI
Ja'Marr Chase au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Si tous les yeux seront rivés sur Cooper Kupp et Ja'Marr Chase, la différence dans le match pourrait venir d'un troisième homme. Côté Rams, on pense bien entendu à WR Odell Beckham Jr. (27 réceptions, 305 yards, 5 TD) dont la contribution est en constante augmentation dans ces playoffs, expérience oblige. À l'inverse, on a moins vu WR Van Jefferson (50 réceptions, 802 yards, 6 TD) dans les playoffs alors qu'il est pourtant le deuxième contributeur de l'équipe sur l'intégralité de la saison. Un pépin au genou pourrait expliquer ce rendement moindre. 

Odell Beckham Jr au Super Bowl LVI
Odell Beckham Jr au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Évidemment, LAR sera privé de WR Robert Woods (45 réceptions, 556 yards, 4 TD), blessé à un ligament croisé antérieur en novembre, et de TE Tyler Higbee (61 réceptions, 560 yards, 5 TD) touché à un ligament collatéral tibial en finale NFC. En l'absence de ce second, c'est TE Kendall Blanton qui reprendra du service en playoffs après avoir été très peu utilisé en saison régulière.

Chez les Bengals, WR Tyler Boyd (67 réceptions, 828 yards, 5 TD) et surtout WR Tee Higgins (74 réceptions, 1091 yards, 6 TD) devraient être beaucoup sollicités. TE C.J. Uzomah (49 réceptions, 493 yards, 5 TD) sera incertain jusqu'au coup d'envoi (ligament collatéral tibial) et pourrait être remplacé par TE Drew Sample.

Tyler Boyd au Super Bowl LVI
Tyler Boyd au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Tee Higgins au Super Bowl LVI
Tee Higgins au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Quels que soient les acteurs du match, les Rams essaieront d'ouvrir des espaces dans la couverture en zone des Bengals et de mettre Cooper Kupp en position de les exploiter. Les Bengals, quant à eux, essaieront d'isoler Ja'Marr Chase en 1-contre-1 en forçant les safeties des Rams à défendre bas. Si LAR choisit la prise à deux, cela laissera des possibilités pour Tyler Boyd et Tee Higgins de se mettre en valeur. Évidemment, les Rams tenteront aussi de laisser Ja'Marr Chase en face-à face avec Jalen Ramsey pour libérer un safety.

Clé nº6 : jeu au sol

Si la NFL est devenue une ligue de passeurs, le jeu au sol pourrait néanmoins s'avérer crucial dans ce match. Aucune des deux équipes n'a un jeu de course surpuissant et les Rams ont aussi connu des blessures au poste avec RB Darrell Henderson (149 courses, 688 yards, 5 TD / 29 réceptions, 176 yards, 3 TD) et RB Cam Akers. Ce dernier, blessé au tendon d'Achille en pré-saison, a repris l'essentiel du fardeau pendant les playoffs et connu quelques déboires (e.g., deux fumblesFumble
quand le porteur du ballon laisse échapper celui-ci par maladresse ou suite à un choc. Le ballon est alors à terre mais vivant et c'est la 1ère équipe qui le ramasse qui en prend la possession. Avec les interceptions, le fumble est la seconde façon de rendre le ballon à l'adversaire. Ensemble, ils constituent des Turnovers (pertes de balle). C'est souvent cette stat. qui décide de l'issue de la rencontre.
perdus en contre Tampa Bay) mais il a conservé la confiance de Sean McVay. Malgré une saison honnête dans son rôle de remplaçant appelé à la rescousse, RB Sony Michel (208 courses, 845 yards, 4 TD / 21 réceptions, 128 yards, 1 TD) devrait être relégué à un rôle de remplaçant.

Cam Akers au Super Bowl LVI
Cam Akers au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Pour Cincinnati, le jeu de course a été un one-man-show : RB Joe Mixon (292 courses, 1205 yards, 13 TD / 42 réceptions, 314 yards, 3 TD) a porté l'essentiel du jeu au sol sur ses épaulières avec une contribution limitée de RB  Samaje Perine (55 courses, 246 yards, 1 TD / 27 réceptions, 196 yards, 1 TD).

Joe Mixon au Super Bowl LVI
Joe Mixon au Super Bowl LVI (Blaise Collin)

Les Bengals ont l'avantage dans ce secteur, non pas en raison d'un jeu de course explosif mais parce que les Rams ont été globalement médiocres au sol toute la saison. Joe Mixon a fait le minimum syndical pour Cincy et a l'avantage de ne pas revenir de blessure comme les deux tiers du backfield de LAR. Lors de la finale AFC, Zac Taylor a opté pour beaucoup de courses en premier et deuxième downs, sans grande réussite. On peut s'attendre à ce qu'il mette davantage la balle dans les mains de Joe Burrow et n'utilise le jeu au sol que pour garder la défense adverse honnête. 

Le même scénario devrait être appliqué par Sean McVay en laissant Matthew Stafford lancer le plus souvent possible. L'option course ne devrait être utilisée que si les Bengals délaissent la ligne de mêlée et surchargent leur secondaire. Dans ce cas, Sean McVay pourrait revenir à ses vieilles amours avec une bonne dose de courses en "outside zone". C'est la meilleure option pour les Rams qui peinent contre les lignes offensives très massives à l'intérieur.

Clé nº7 : gestion du match

C'est le nerf de la guerre, le management du match : l'appel des jeux et la gestion des temps morts et de l'horloge pourraient faire la différence dans un match qui pourrait se jouer sur la dernière possession. 

Difficile de prévoir qui aura l'avantage dans cette gestion mais les deux entraineurs en chef ont eu quelques décisions discutables lors de leurs finales de conférence respectives.

Contre Kansas City, Zac Taylor a lourdement insisté sur le jeu au sol avec 23 courses en premier down et deuxième down pour un total de 88 yards et quatre premiers downs résultants seulement.

Contre San Francisco, Sean McVay a perdu ses deux challenges et s'est retrouvé sans temps mort avec encore dix minutes de match à jouer. D'après les statistiques, il est le HC qui utilise le plus de temps morts inutiles...

Prédiction

Les Los Angeles Rams jouent un Super Bowl à la maison, une occasion rare qui ne se représentera plus. Les Cincinnati Bengals sont la belle histoire sportive de l'année, improbables participants à cette finale après n'avoir gagné que quatre matchs en 2020. Les deux équipes ont des tonnes de similitudes, à commencer par leur quarterbacks diablement efficaces et leurs jeux au sol défaillants mais les Californiens ont globalement l'avantage dans les tranchées.

Et puis, comme l'a tambouriné Michael Irvin : "Les Rams ne peuvent laisser personne venir dans leur stade et gagner le Super Bowl. (...) Ce serait comme venir chez vous pour manger votre diner en tenant la main de votre femme et en buvant votre vin."

Rams – Bengals : 27 – 24

Vidéos

Pour quelques interviews (en anglais) des joueurs et coaches des Bengals et Rams, c'est ici !

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 Le football est un sport invraisemblable. Parfois c'est tellement invraisemblable que c'est incroyable.  – Tom Landry, coach légendaire des Dallas Cowboys

En VO :  Football is an incredible game. Sometimes it's so incredible, it's unbelievable. 

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