Seahawks '13 vs Broncos '15 : Legion of Boom ou Orange Crush 2.0 ? 1/3Les candidats

Les coordinateurs défensifs Dan QUINN et Wade PHILLIPS.
Les coordinateurs défensifs Dan QUINN et Wade PHILLIPS.
le 01/03/2016 à 19:00 par Tili

Sitôt le Super Bowl en poche dimanche 7 février 2016, la défense des Broncos 2015 ne manque pas de susciter les éloges et surtout les analogies, tant la manière et la domination rappellent les illustres défenses du passé. Particulièrement celle des Seahawks 2013, encore fraîche dans les mémoires. Comme un air de déjà-vu, deux ans auparavant… L’Orange Crush 2.0 est-il d’ores et déjà en mesure d’éclipser la Legion of Boom ? Un nouveau prétendant dispute-t-il le trône contemporain ? Bienvenue dans la première des trois parties de ce dossier ambitionnant de répondre à ces questions.

 

 

Les comparaisons numériques entre différentes époques s’avèrent risquées tant le jeu évolue. Or, dans le cas présent, seulement deux saisons s’écoulent. Un laps de temps suffisamment court pour rendre caduque la démarche, étant donné l’impact néfaste du renforcement de la politique arbitrale en matière d’interférence de passe, contact illégal et retenue depuis 2014. Pas nécessairement rédhibitoire pourtant, car en dépit des embûches, les grandes défenses parviennent quand même à enregistrer des chiffres bruts solides. Autrement, les statistiques relatives et avancées contextualisent les performances, apportant ainsi un regard intéressant à ne pas omettre.

Avant d’entrer dans le vif du sujet et parcourir les divers chiffres, une présentation des candidats s’impose.

 

DEUX DÉFENSES, DEUX SYSTÈMES, DEUX PHILOSOPHIES…

Les hommes de Pete CARROLL adoptent un style agressif destiné à créer des turnovers, tandis que ceux de Gary KUBIAK adoptent un style conservateur destiné à limiter les yards. Les deux prouvent leur efficacité.

 

Seahawks 2013

Ils se disposent en 4-34-3
formation défensive avec 4 linemen et 3 linebackers.
avec un personnel de 3-43-4
formation défensive avec 3 linemenLinemen
littéralement, les hommes de la ligne (de scrimmage). Il y a les linemen offensifs et les défensifs. Ils s'opposent dès le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.
donné.
et 4 linebackers.
. En base, ils adoptent un alignement de type under : le front four se décale du côté faible de l’attaque et le Sam descend sur la ligne de scrimmage. Le trait distinctif étant que le joueur en bout de ligne côté faible est un hybride mi-defensive end mi-outside linebacker appelé LEO. Celui-ci alterne les alignements debout (d’où l’affinité outside linebacker) et au sol (d’où l’affinité defensive end). Chris CLEMONS, Bruce IRVIN, O’Brien SCHOFIELD et Michael BENNETT partagent ce rôle qui permet de tirer le maximum de leurs capacités tout en intégrant leurs faiblesses. En effet, chacun se montre trop léger pour un defensive end typique de 4-3, pas assez polyvalent et mobile pour un Will. Revers de la médaille : leur gabarit expose le côté faible contre la course. L’alignement under classique vulnérabilise le côté fort car le defensive end se retrouve doublé par l’offensive tackle et le tight end. Raison pour laquelle le coordinateur Dan QUINN sollicite Red BRYANT au profil de defensive tackle, utile en 3-tech ou 5-tech. Tony McDANIEL en defensive tackle 3 ou 4-tech, Brandon MEBANE en nose tackle 0 ou 1-tech complètent un trio de lourds qui bouche rapidement le centre du terrain sur les situations de course, redirigeant le trafic sur les extérieurs vers les défenseurs rapides. Contre la read option et les courses qui exploitent justement ces extérieurs, une simple permutation des côtés faibles et forts de la défense, avec Michael BENNETT en LEO, trouble les prises à deux et écarte le defensive end Red BYRANT, le laissant en un contre un.

La défense contre la passe s’organise selon un schéma simple : couverture 3 profonde, susceptible de se métamorphoser en couverture 1. Elle se distingue par sa rigidité : les cornerbacks restent cantonnés à un côté, non à un joueur. Ces derniers sont plus grands et athlétiques que la moyenne. Ceci afin d’importuner la sortie du receveur de la ligne de scrimmage. Entre la secondary et les linebackers, en fonction des duels, les défenseurs alternent entre l’homme et la zone, suivant des adversaires spécifiques ou se chargeant de parties définies.

Defensive tackles en couverture, linebackers aux quatre coins du terrain, pass rushers à des positions inattendues… Autant d’attributs qui confèrent au front seven ainsi qu’à l’ensemble de la défense une polyvalence rare, délicate à appréhender pour les attaques. Les linemen Red BRYANT et Michael BENNETT jouent à l’intérieur comme à l’extérieur. Chris CLEMONS et Cliff AVRIL pressent ou couvrent les tracés courts de type flat. L’intégralité des joueurs de ligne exécute à partir de différents angles et types d’alignements (deux ou trois points). La qualité de la pression repose sur la rotation des éléments. Elle se veut suffisamment parasite pour permettre à la couverture de festoyer sur les lancers précipités, forcés et/ou imprécis. Les linebackers blitzent, arrêtent les courses (centrales, externes) et couvrent. D’un jeu à l’autre, Bruce IRVIN passe de la pression à la couverture. Les safeties opèrent proche de la ligne ou profond. Les cornerbacks jouent en off, press, zone ou homme. Ils blitzent aussi. Quel que soit le poste, le joueur est athlétique, rapide et sait plaquer. Cela autorise Dan QUINN à varier les schémas de pression, les alignements et les personnels pour semer la confusion, sans abuser du blitz. Ses hommes peuvent exécuter une multitude de tâches en base ou en nickel, en 4-3 ou en 3-4, en under ou en over… Trois principes fondamentaux : éliminer les gros jeux, punir physiquement l’adversaire, chasser le ballon.

Une défense majoritairement sortie de la draft. Une question de talent et d’exécution plus que de schémas révolutionnaires. Une défense historiquement dominante contre la passe, dans la moyenne haute contre la course.

 

Broncos 2015

Disposés en 3-4, ils présentent une défense plus complexe de par la flexibilité que procure ce type de front. Au lieu de se contenter d’un schéma, le coordinateur Wade PHILLIPS varie les apparences. Privilégiant l’homme et la couverture 1, il recourt malgré tout à différents concepts de zone comme les couvertures 2 ou 3, en base ou en nickel, sans entamer la capacité à stopper la course. Chris HARRIS joue alors un rôle essentiel, car le cornerback titulaire excelle aussi bien à l’extérieur que dans le slot. Le duo qu’il forme avec Aqib TALIB est parfois amené à jouer façon Seattle : entre les numéros et la touche. Leur polyvalence permet de les aligner contre différents types de cibles : receveurs petits et rapides, receveurs et tight ends athlétiques.

Wade PHILLIPS possède maints atouts dans sa manche. Face aux quarterbacks mobiles, il n’hésite pas à présenter des fronts à sept ou huit avec un espion, prompts à dissuader la course. Il remplace alors un safety par un lineman. Dans cette configuration, l’incitation à la passe longue comporte un risque mesuré grâce à l’habileté des cornerbacks pour surveiller les receveurs en homme avec régularité et qualité, sans grand soutien. Un véritable piège dont l’étau peut se resserrer à tout moment, car l’alignement permet de défendre la course, mais aussi et surtout de blitzer si le quarterback décide de passer. Une formule rappelant la célèbre défense 46 estampillée Buddy RYAN. Sauf qu’au lieu de placer neuf joueurs dans la boîte, les Broncos utilisent un front plus réduit pour conserver une caution en profondeur missionnée d’éliminer les gros jeux. L’espion en moins, cette approche s’applique aussi aux attaques unidimensionnelles et/ou de type West Coast. Car la forte densité près de la ligne de scrimmage présente l’avantage d’obstruer certaines trajectoires de passes courtes, et de pouvoir doubler plus rapidement le receveur intérieur et/ou le tight end. Autrement, Wade PHILLIPS privilégie une majorité de fronts à cinq et quelques pressions à trois.

De manière plus générale, il concocte des pressions à cinq ou plus approximativement la moitié du temps. Ces jeux sont totalisés comme blitzes ; or l’alignement 3-4 implique un duo phare de linebackers pass rushers, floutant la frontière entre blitz et ligne défensive douée pour générer de la pression par elle-même. DeMarcus WARE et Von MILLER changent parfois de côté pour ajouter de la confusion. Ils sont loin d’être uniquement des pass rushers. Notamment Von MILLER, assez athlétique et dynamique pour couvrir tight ends comme receveurs plus de 15 yards au-delà de la ligne de scrimmage, ou assurer le rôle d’espion. Face à une ligne offensive classique à cinq, vitesse et explosivité leur permettent de prendre l’ascendant en un contre un aux extrémités. Avec pour conséquence d’étirer la ligne offensive, et de laisser leur ligne defensive à trois contre trois. Situation qu’elle exploite couramment, en particulier Derek WOLFE et Malik JACKSON. La pression repose sur l’endurance et la qualité des éléments. Elle se veut tellement dominatrice qu’elle bouleverse un match à elle seule.

Un peu de fantaisie n’est pas à exclure, car Wade PHILLIPS apprécie les schémas de pression et les personnels de blitz créatifs, usant de stunts et autres twists. Il est adepte de plusieurs formations exotiques. Comme une impliquant trois linemen en trois points, dont deux tackles alignés dans les intervalles B et un linebacker en deux points face au centre. Cela étire les intervalles A, garantissant plus d’espace au linebacker pour exprimer son agilité et son explosivité afin de déborder. S’il ne presse pas, il sert de leurre et part en couverture.

De la puissance du pass rush et du calibre de la couverture découle alors une partie d’échecs en faveur de la défense, puisque l’attaque doit déterminer si elle se prive d’une cible pour ajouter une protection, ou si elle continue à prendre le risque de perdre ses duels en protection pour conserver ses cibles. Sachant que dans les deux cas, la défense renferme les armes adéquates pour assaillir une poche renforcée ou gérer des menaces plus nombreuses.

Une défense sortie en partie de la draft, que l’acquisition de trois agents libres à des postes-clés et l’embauche d’un coordinateur réputé propulsent au niveau supérieur. Un mélange de talent, d’exécution et de schémas. Une défense presque historiquement dominante contre la passe, dominante contre la course, historiquement équilibrée.

 

… POUR QUELQUES SIMILITUDES ET UNE MÊME DOMINATION

Malgré les disparités, ces deux défenses partagent certaines similarités, tant dans la performance que dans la manière. Notamment, elles :

  • Sont historiques.
  • Peuvent dominer en base et en nickel.
  • Jouent peu voire pas de dime.
  • Possèdent des linebackers non rushers multifonctions, dans l’ombre des extrémités de leur escouade : Bobby WAGNER et K.J. WRIGHT par rapport à la secondary à Seattle, Brandon MARSHALL et Danny TREVATHAN par rapport au pass rush à Denver.
  • Privilégient la vitesse à la puissance.
  • Embarrassent, en retour de bye et à domicile, un ancien MVP du Super Bowl et futur Hall of Famer en prime time : Drew BREES et ses Saints lors d’un Monday Night pour les bleus marine, Aaron RODGERS et ses Packers lors d’un Sunday Night pour les oranges.
  • Détiennent, contre la passe, deux rideaux influençant la pression temporelle : la secondary offre des secondes supplémentaires à son pass rush grâce à ses aptitudes en couverture, le pass rush est suffisamment efficient pour enlever du temps au quarterback et raccourcir la durée de couverture de la secondary.

 

Par ailleurs, la symétrie du parcours en playoffs ne saurait passer inaperçue et facilite le parallèle, entre ces deux défenses qui :

  • S’octroient la tête de série numéro 1 dans leur conférence, s’assurant l’avantage du terrain.
  • Emmènent leur équipe au titre.
  • Battent deux attaques dirigées par un quarterback ancien vainqueur du Super Bowl et potentiel futur Hall of Famer : Drew BREES et ses Saints puis Peyton MANNING et ses Broncos pour Seattle, Ben ROETHLISBERGER et ses Steelers puis Tom BRADY et ses Patriots pour Denver.
  • Battent une attaque dirigée par un quarterback double menace : Colin KAEPERNICK et ses 49ers pour Seattle, Cam NEWTON et ses Panthers pour Denver.
  • Éliminent, en Championship, possiblement la crème de la ligue avec/après eux, ou du moins l’épouvantail des playoffs : les 49ers au CenturyLink Field, les Patriots au Sports Authority Field.
  • Sont mises au supplice par un adversaire pendant leur campagne, ce qui constitue le point noir majeur de leur parcours. Le collectif du Nord-Ouest Pacifique est exposé contre les 49ers ; l’équipe doit son salut à pléthore d’interventions arbitrales controversées et/ou à quelques jeux miraculeux de l’attaque. Le collectif des Rocheuses est exposé contre une attaque des Steelers décimée, emmenée par un quarterback blessé à l’épaule de lancer, privé du meilleur receveur de la ligue (Antonio BROWN), d’un des trois meilleurs running backs et de son remplaçant (Le’Veon BELL et DeAngelo WILLIAMS).
  • Détruisent, au Super Bowl, le MVP de la saison à la tête de l’équipe marquant le plus de points : Peyton MANNING et ses Broncos pour les Seahawks, Cam NEWTON et ses Panthers pour les Broncos.
  • Produisent un outside linebacker comme MVP de l’évènement : Malcolm SMITH pour la franchise du douzième homme, Von MILLER pour la franchise de Mile High City.

 

 

À suivre…

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 Nous ne pouvons pas courir. Nous ne pouvons pas passer. Nous ne pouvons pas stopper la course. Nous ne pouvons pas stopper la passe. Nous ne pouvons pas botter. En dehors de ça, nous ne sommes juste pas une très bonne équipe de football en ce moment.  – Bruce Coslett, ancien joueur des Jets de New York

En VO :  We can't run. We can't pass. We can't stop the run. We can't stop the pass. We can't kick. Other than that, we're just not a very good football team right now. 

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