Amiens accueille le gratin du Football AméricainReportage au Clinic

Clinic Amiens 2011
Clinic Amiens 2011
le 22/12/2011 à 16:10 par Thomas Deligny

Evénement très attendu de cette fin d’année, le Clinic Amiens a accueilli les 17 et 18 décembre un panel prestigieux de coaches américains venus partager leur expérience du Foot US. A travers des conférences très pointues et essentiellement théoriques, les intervenants ont pu transmettre leur savoir et donner des conseils de management à un auditoire respectueux et demandeur. Reportage au sein de ce clinic très studieux !

 

Dans la salle de conférence du CREPS d’Amiens, l’atmosphère est détendue mais studieuse en ce premier week-end des vacances de Noël. Assis au dernier rang, le « project manager » du « Clinic », Pierre Trochet, savoure le plateau d’intervenants* qu’il a réussi à réunir en ce mois de décembre. Jim Criner, Jim Elam, Gene Dahlquist, Lynn Stiles ou Gary Griffin, la liste des intervenants ferait presque tourner la tête à la cinquantaine de connaisseurs qui se sont déplacés des quatre coins du monde pour écouter les secrets et les conseils de ces pointures du Football américain.

Pierre Trochet, project manager du Clinic
Pierre Trochet, project manager du Clinic (Thomas Deligny)

Devant, carnet à la main pour ne pas perdre un mot, deux membres des Fenris ont fait le voyage de Dijon pour acquérir « la vision du football par les américains et  apprendre des notions de coaching et de management de joueurs largement supérieures à nos compétences ». Alexandre Turpin apprécie, entre chaque conférence, la « disponibilité des coaches, très ouverts » qui « prennent vraiment du temps » pour eux « sans se mettre sur un piédestal. Ils ont l’art et la manière d’expliquer », d’autant que la formation très pointue n’est dispensée qu’en anglais.

Jim Criner présente le jeu de course
Jim Criner présente le jeu de course (Thomas Deligny)
 Un léger et unique « bémol » pour Aurélian Coursière qui tente de faire revivre le club de Brive-la-Gaillarde et qui aurait aimé que la seule intervention du patriote Philippe Gardent soit en français, « pour marquer l’identité du Clinic ». Passé la barrière de la langue qui l’a « remis dans le bain en anglais », le dirigeant briviste souligne la qualité de l’organisation : « C’est bien structuré et organisé, il n’y a pas de pertes de temps entre les interventions ».

Pour dynamiser la restructuration de son club, Aurélian a besoin de « développer son réseau ». La présence d’une grande partie des membres du staff de l’équipe de France aujourd’hui est donc pour lui une aubaine. Les sélectionneurs des équipes nationales Larry Legault (sénior) et Olivier Moret (junior) prennent des notes et Paul Durand, receveur chez les Bleus, sert de cobaye lors de démonstrations. « J’ai appris quelques combines intéressantes », raconte le briviste, notamment comment ses voisins, les Ours de Toulouse, ont fait fabriquer leurs propres poteaux. Seul représentant des Fellows, il aurait aimé que d’autres l’accompagnent car « un club ne repose pas sur une personne. On ne sait jamais ce qui peut arriver : le vécu doit être transmis à d’autres et l’expérience partagée entre joueurs », explique-t-il, restant persuadé qu’une « dynamique de formation amènera les autres à se mobiliser ».

Alexandre Turpin, « impressionné par le côté cosmopolite de l’assistance », va débriefer avec son collègue Olivier pour rapidement mettre à profit les précieux conseils prodigués. Si beaucoup de notions sont « très théoriques », le secrétaire des Fenris a noté l’importance du management dans une équipe. « Il faut rassurer les joueurs et les mettre en confiance, leur faire comprendre ce dont ils sont capables ou non, revoir d’une certaine façon leurs objectifs. Nous allons organiser des meetings par position en début de saison, instaurer des séances de blackboard, expliquer un peu comment ça se passe le foot. C’est important pour les joueurs parce qu’ils sont parfois perdus sur le terrain », souligne celui qui porte également la casquette de coach. Il ne serait d’ailleurs pas contre d’organiser un mini-clinic interne mais « on n’en est pas encore là par rapport à notre niveau de développement », reconnaît le responsable du club de D3.

 

Des clinics pointus

Pierre Trochet s’interroge sur ce manque d’investissement de la part du public français. Avec une assistance composée de 60% de Français et de 40% d’étrangers, l’organisateur aurait aimé un engouement plus important des passionnés de l’hexagone, surtout ceux évoluant dans le « Nord ». « Heureusement que la fédération a déplacé son staff sinon on aurait eu plus d’étrangers que de Français. Je crois que c’est culturel : quand je vois que le dernier clinic organisé par la Fédé à Eaubonne avec la présence de Roméo Bandison**, n’a regroupé que 10 personnes en plus des invitations de Larry Legault ! On est à deux heures de route de la plupart des clubs d’Ile de France et cependant il y a des personnes qui ont traversé l’Atlantique ou l’Europe en venant des USA ou de  Hongrie pour assister au Clinic ! », s’exclame-t-il, en pointant aussi du doigt sur le listing, des membres d’un club suisse ou encore le président de la ligue belge, Lesley Moreels.  

Un auditoire rempli d'internationaux
Un auditoire rempli d'internationaux (Thomas Deligny)

Comment motiver les joueurs et coaches français à venir se former ? Pour la prochaine édition, déjà programmée en 2012, l’organisateur réfléchit à la meilleure prestation : une formule bi-annuelle à deux niveaux différents avec un module pratique ? « Cet aspect pratique était prévu mais il a été annulé à cause des conditions climatiques. En juin, cela prendrait toute sa dimension », reconnaît-il. Comme il conçoit que la complexité de certaines conférences théoriques  peuvent en rebuter certains : « Je peux comprendre qu’un coach français d’un club de D3 ait du mal à parler avec des coaches de High Schools. Il y a des disparités qui peuvent effrayer ».

Autre difficulté, le calendrier qui s’avère être un véritable casse-tête. «  Le mois de décembre est avantageux car c’est le seul moment où majoritairement les grands championnats européens n’ont pas démarré et où les coaches sont également disponibles. On pourrait essayer de faire ça en septembre mais les équipes de NFL sont en préparation. Février-mars serait une bonne période pour les coaches de NFL mais moins pour nous. A Pâques, les championnats européens auront démarré ! ».

Pierre Trochet garde néanmoins son objectif principal en tête : développer le Football US en France en développant d’abord le Football européen. « La plus grosse difficulté est d’attirer un public large sur toute l’Europe. On remarque que si on est sur des villes frontalières, on arrive à attirer des publics des pays limitrophes. La bonne formule ne serait-elle pas de changer de places de temps en temps. Ne vaut mieux-t-il pas le faire à Vienne pour avoir du public allemand ou autrichien, à Londres, en Espagne ou à Stockholm ? »

 

Les pôles, centres de ressources ? 

Aurélian Coursières, quant à lui, ne serait pas contre de se déplacer en Europe pour se former car il est en demande. « Ce clinic était pour moi l’occasion de me former et de m’informer puisque j’attendais des formations fédérales mais les ligues sont en train de tout chambouler avec l’arrivée du CQP (NDLR : Contrat de qualification professionnel), et il n’y a rien pour l’instant », explique-t-il, regrettant même d’avoir « raté le clinic sur les hommes de lignes à Eaubonne début décembre ».

Gary Griffin en démonstration
Gary Griffin en démonstration (Thomas Deligny)

Cette absence de ressources doit être comblée si l’ensemble des acteurs du Foot Us en France souhaite que les clubs soient mieux structurés. Le choix d’Amiens avec la proximité du Pôle France pour accueillir le Clinic n’est pas anodin. Pour Pierre Trochet, « il est important que le Pôle, et dans une plus commune mesure les autres Pôles d’Excellence Sportives (PES) deviennent des centres de ressources pour toutes les équipes de l’Hexagone. Ces structures ne sont pas forcément faites pour accueillir uniquement les jeunes dans de bonnes conditions : elles doivent également être là pour accueillir les entraîneurs qui ont besoin de se former et qui cherchent de la compétence ».

Lui même coach chez les Spartiates, il avance que « les formations d’initiateurs qui sont proposées en six jours actuellement ne sont pas faites pour acquérir les compétences nécessaires au développement d’une équipe dans de bonnes conditions. Toute la filière des PES doit devenir des pôles de ressources. On pourrait se servir de ces institutions pour rassembler des coaches de hautes compétences et en former d’autres. Elles doivent servir d’académie de foot américain et bénéficier aux clubs alentours ». Faire des pôles et des grands clubs des modèles pour les autres, voilà l’objectif, prenant ainsi l’exemple du Flash de la Courneuve qui « avait organisé l’an passé un mini-clinic avec ses coaches américains ».

En attendant le « feedback » positif de tous les participants, Pierre Trochet, au dernier rang, se projette donc déjà sur la prochaine édition de « son » Clinic. Il pourra probablement encore compter sur l’appui des coaches de l’équipe de France, Larry Legault en tête, qui « a élaboré les questions techniques de l’événement ». Jim Criner, « l’ambassadeur », pourrait encore l’aider à parcourir « les réseaux assez confidentiels des coaches américains » et persuader d’autres intervenants. Pierre n’a pas abandonné l’idée de faire venir la légende Dick Vermeil***, avec l’espoir que celui-ci, cette fois, attirera un public français plus nombreux.

 

* Le plateau des coaches présent (dont vous retrouverez les interviews exclusives sur FootballAmericain.com dans les prochaines heures/jours) :

Jim Criner

Scout universitaire pour de nombreuses franchises NFL (Chiefs et Broncos), il a coaché dans les universités de UCLA, Iowa State ou Boise State. Pendant la NFL Europe, il était chez les Scotish Claymores et est déjà venu chez les Spartiates d’Amiens ou les Argonautes d’Aix-en-Provence. 

Jim Elam

Spécialiste du « Youth Football » pendant 40 ans, il a exercé dans de nombreuses facultés NCAA : Rice, West Texas State, Baylor, Houston. Il a remporté le Cactus Bowl en 2011.

Gene Dahlquist

Coordinateur offensif pour les facultés de Illinois, Iowa State et Texas State, il est un spécialiste du football universitaire et plus particulièrement des QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
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Lynn Stiles

Spécialiste du Management, il a œuvré pour les Eagles, les 49ers, et a gagné deux titres de champion NFL. Coach des TE en 1999 avec Dick Vermeil*** chez les Rams lors de leur titre, il a été vice président en charge des opérations football pour les Chiefs de Kansas City et les Rams de St-Louis.

Gary Griffin

Spécialiste de la défense, il a passé 30 ans en High School et NCAA. En 2010 et 2011 il était coach de la ligne défensive pour le Cactus Bowl.

 

** Roméo Bandison : Ancien joueur défensif des Browns de Cleveland et des Redkins de Washington, il a fait partie du staff de l’équipe de France pendant la Coupe du Monde de 2011 en Autriche. 

 

*** Dick Vermeil : Détenteur du titre de coach de l’année à tous les échelons du football (High School, junior College, NCAA D1 et NFL), Dick Vermeil a remporté le titre de champion NFC en 1980 avec les Eagles et avec les Rams de St-Louis en 1999 avant de gagner le Superbowl XXXIV la même année.

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En VO :  Steroids are for guys who want to cheat opponents. 

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