Gardent toujours la passion du Foot US
Grenoblois d’origine, ancien joueur des Centaures et du Flash, Philippe Gardent sera un témoin privilégié de la prochaine finale Elite qui voit s’affronter les clubs de Grenoble et de la Courneuve. Désormais préparateur physique de l’équipe de rugby de Marseille, l’ancien joueur de NFL ne reste jamais loin du milieu footballistique. S’il a aidé le club isérois l’an dernier, il se consacre, dès qu’il le peut, au développement de son sport fétiche. Il nous parle de ses différents projets, nous explique sa passion sans oublier d’évoquer le sommet de cette fin de saison.
Même s’ils ne gagnent pas leur prochain match samedi prochain à Charléty, les Centaures auront déjà réalisé une époustouflante saison en étant le premier club français à se hisser en finale l’année suivant leur accession en Elite. « Ce que le club a réussi à faire est exceptionnel. Je suis heureux de voir les Centaures à ce niveau et cela a été une vraie récompense de les voir évoluer devant 4000 spectateurs lors de la demi-finale », explique Philippe Gardent, ancien joueur du club. « J’ai toujours répondu aux questions que les dirigeants ou coaches se posaient depuis que j’ai quitté Grenoble en 2000. J’ai aidé et corrigé les cahiers de jeu que l’on m’envoyait, tout le temps par amour pour mon premier club. »
L’Isérois aime son club et sa ville, à laquelle il a laissé son image il y a 5-6 ans, afin de promouvoir le sport qui lui a permis de devenir un athlète accompli et de motiver les jeunes. « Je pense que certains ont commencé le football en entendant parler de ce que j’ai fait et qu’ils se sont dits qu’ils pouvaient en faire de même. Bien sûr, ce n’est pas la seule raison mais je pense que c’est l’un des moteurs. Ils sont encadrés par des personnes qui ont réussi et ont envie de faire mieux qu’eux. Il faut essayer de transmettre au maximum de personnes toute l’expérience que l’on a vécue », relate l’ancien joueur de NFL* en citant d’autres référents tels l’actuel président de la fédération française de football américain (FFFA) Marc-Angelo Soumah, ou bien Sébastien Sejean, linebackerLinebacker (LB)
joueur de la défense polyvalent qui constitue le 2ème rideau défensive. des Spartiates.
Philippe Gardent a toujours suivi plus ou moins de près l’évolution de son club formateur et a pu en apprécier le développement. Les dirigeants sont aussi motivés que ceux de son époque mais « l’encadrement actuel a réussi à regrouper toutes les générations de Centaures qui se sont succédés de la création du club à nos jours. Un engrenage positif s’est créé. Les joueurs ne sont pas forcément plus physiques mais plus techniques », dit-il en mentionnant l’importance de la venue du duo québécois Sinotte-Lucka à l’intersaison.
L’an passé, quand l’équipe a eu besoin de ses conseils, il n’a pas hésité : « J’ai surtout participé, en tant que conseiller technique, à l’élaboration du cahier de jeux défensifs car c’est un ami, Laurent Ferando, qui s’en occupait. Il travaillait à l’époque avec l’actuel coordinateur des Centaures qui a repris ce système, » explique-t-il en précisant bien qu’il n’intervient plus du tout cette année. « Je parle beaucoup à Paul Braisaz, le receveur et punter des Centaures, essentiellement sur la préparation physique », ajoute celui qui aime à croire qu’il a « indirectement une infime part de responsabilité dans la remontée de Grenoble en Elite ».
« La compétition, un peu comme une drogue »
Philippe Gardent le reconnaît : il est très difficile de se détacher du football. « Ce sport m’a beaucoup apporté et j’ai lui rendu tout ce que je pouvais. Aujourd’hui ce qui me fait vivre, c’est la préparation physique de l’équipe de rugby de Marseille et je n’ai plus le temps, pour l’instant, de m’occuper d’autre chose. » Juste avant d’occuper ce poste, il s’était engagé comme responsable des Linebackers de l’équipe de France juniors mais il a dû se retirer de ce projet « moins par envie que par devoir professionnel ». Le manque de temps et l’éloignement géographique ont donc fait avorter un projet mais il continue d’être impliqué par les dirigeants de la fédération, notamment par le président puisque « c’est un pote » ou par Thierry Soler, son premier coach lorsqu’il était junior, et lui-même grenoblois. « Je suis tout ce qui se passe car les racines sont profondes. Je parle avec Larry Legault, je suis l’actualité du foot en France, en Europe, en NFL... » Il a cependant décliné une proposition des Argonautes avec qui il a gagné deux titres de Champions de France. « Si mon emploi du temps et surtout ma situation géographique me permettent de m’impliquer au quotidien, alors je le ferai », prévient-il.
Il a laissé le sport de compétition car « c’est un peu comme une drogue. Si je m’écoutais, je continuerais mais ce serait en contradiction avec tous les projets que je fais. J’ai décidé de mettre un arrêt à ma carrière et même si dès fois ça picote, je ne reviendrai pas dessus. » Aujourd’hui, à 32 ans, c’est « sport plaisir ! » s’exclame-t-il. Au programme : course, musculation, squash, bateau et golf : « Certains diront que je m’entraîne comme un fou, je dirais plutôt que je me maintiens en forme », précise-t-il, rieur.
Une mission : développer le foot US en France
Moins sur les terrains, il essaie du mieux qu’il peut de développer « son » sport. « Je suis impliqué avec Teamcolors (un partenaire de la FFFA) dans la fourniture du matériel de football américain en Europe. Nous essayons de le rendre plus accessible en termes de prix, de choix et de délais de livraison : un travail de longue haleine. » Du haut de sa riche « carrière », Philippe Gardent aimerait « voir plus d’implication autour des clubs et de la fédération, surtout plus de média, plus de personnes également et de revenus qui pourraient être réinvestis au niveau des joueurs. Il faut pouvoir aider les athlètes au sein des clubs dans leur progression, pas tant dans le sens du professionnalisme mais plus dans une mise à disposition de matériels et de lieux d’entraînements par les clubs et les collectivités pour une accessibilité plus facile pour tous ».
Il pense surtout que « la reconnaissance de notre sport passera par une mise en avant de notre équipe nationale. Les joueurs de l’Equipe de France doivent devenir des modèles : l’équipe de France n’est pas assez médiatisée et ne possède donc pas d’icônes auxquelles les jeunes pourraient s’identifier. Il n’y a pas un joueur qui sorte du lot si ce n’est d’anciens qui jouaient en NFL Europe (Sandino Octobre, Laurent Marceline). La fédération essaie de communiquer justement sur ces événements internationaux » et insiste sur le côté patriotique alors que la NFL Europe, lorsqu’elle existait, permettait de gagner sa vie en jouant. « On ne peut pas aller jusqu’à dire que la disparition de la NFL Europe ait appauvri le niveau du championnat de France, mais cela a sûrement éloigné le rêve de beaucoup d’avoir une porte européenne dans le professionnalisme et la NFL. »
L’appel du « 18 juin »
Même s’il regrette que le public ne soit « pas encore assez présent sur les matches de saison régulière malgré les efforts des clubs en général », il sait que la finale pourrait amener beaucoup de spectateurs : « Je ferai tout pour être là samedi prochain » et répondre à l’appel envoyé par cette finale. « Le match des demi-finales contre Aix était déjà pour moi une affiche exceptionnelle. Je ne pensais pas qu’une rencontre entre mon premier et mon dernier club arriverait aussi vite en finale et je suis très heureux que cela arrive cette année ».
Alors quand on lui demande quel rôle il aimerait avoir lors de ce sommet, joueur Centaure, joueur Flash ou arbitre, il préfère « punter » en touche : « Le rôle du supporter du plus beau match que j’aie jamais vu en France ». Moins actif cette année, il a cependant pu voir certains matches, connaît la plupart des joueurs et les faiblesses et forces de chaque équipe.
Du côté Centaures, « ne pas avoir de coach sur le bord de la touche » pourrait se révéler un handicap mais « n’avoir peur de personne cette année » leur a permis d’obtenir le précieux sésame pour Charléty. Dans le camp Flash, « la culture de la gagne » symbolisée par les huit titres de Champions est forcément un avantage à moins que certains joueurs n’ait « gagné le match avant de l’avoir joué ». Philippe Gardent, dont le palmarès** ferait pâlir n’importe quel joueur Elite, est trop habitué des finales et sait donc que cela se jouera sur des détails : « Dans une finale tout peut arriver ». De sa carrière sportive, il a surtout retenu qu’« avoir du plaisir en jouant, c’est la clef ! »
* Philippe Gardent s’est entraîné avec les Washington Redskins et a participé aux camps d’été des Carolina Panthers. Il jouera plusieurs matches de pré-saison contre les New York Giants, les Pittsburgh Steelers, les Philadelphia Eagles, les Cincinnati Bengals et les New England Patriots mais n’est pas retenu. Il est « coupé », et a rejoint sur la fin le championnat canadien (CFL) en 2007.
** Palmarès : Philippe Gardent a gagné 3 titres de champions de France avec les Argonautes en 2001 et 2002 et avec le Flash en 2009. Il a été élu meilleur défenseur de NFL Europe en 2006 et a gagné un World Bowl en 2004 avec le Berlin Thunder