Les Centaures se restructurentLeur président Cédric Esserméant laisse sa place

Les Centaures
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le 10/04/2012 à 02:20 par Thomas Deligny

C’est devenu officiel, le président des Centaures Cédric Esserméant cède sa place à la tête du club. Grenoble, qui vient de gagner son premier match européen de son histoire, va prochainement devoir entrer dans une nouvelle ère suite à une AG et une restructuration. Les explications de son désormais ex-président.

 

Cédric Esserméant, vous avez quitté la présidence du club des Centaures. Pouvez-vous nous expliquer votre décision ?

Il y a deux choses importantes. Premièrement, je me réoriente sur un projet professionnel et c’est beaucoup plus difficile pour moi de fournir le temps nécessaire aux Centaures. Ce projet n’a plus de lien avec le sport ni avec le monde des associations. Autant avant j’avais fait un démarrage en parallèle car il y avait un lien direct, autant maintenant il n’y en a pas, c’est donc mon travail qui passe en premier. Deuxièmement, depuis 2009 et que je suis chef d’entreprise, j’ai développé une certaine vision du développement de l’organisation, qui n’est pas une vision associative : les décisions doivent être prises rapidement et par une personne. Il faut produire de la croissance. Le monde associatif est un monde de collaboration où les gens veulent comprendre : on passe donc du temps à expliquer les choses et malheureusement, c’est du temps que je n’ai plus à donner. Il y a donc une divergence de vision. Ces derniers mois, cela commençait à être compliqué de se comprendre avec les autres dirigeants. On a la même vision sur l’objectif à atteindre mais pas sur le chemin à emprunter. C’est plus contextuel qu’un conflit.

 

Le début de saison agité* a-t-il également influencé votre choix ?

Non, ça a révélé en fait le problème. Quand tout va bien, tout va bien. Il y a un proverbe qui dit : « Tout le monde est un bon capitaine quand la mer est calme ». C’est exactement ce qui s’est passé l’année dernière lorsque l’on a surfé sur la vague de réussite et que tout allait bien. C’est quand on s’est retrouvé à gérer des problèmes sérieux que l’on s’est rendu compte de nos divergences. Ces troubles ont été révélateurs d’un certain nombre de choses : quand il a fallu prendre une décision quant à la situation et prendre des positions, cela a été beaucoup plus compliqué. Je voulais aller aussi plus rapidement au but car j’avais moins de temps à passer pour le club et expliquer les choses.

 

Allez-vous garder un rôle de conseiller auprès du club ou allez-vous couper les ponts ?

Non, je ne vais pas couper les ponts. Je peux effectivement garder un futur rôle de conseiller si les nouveaux dirigeants me sollicitent ou me demandent mon avis tout simplement. Ce sera avec plaisir mais je ne donnerai que mon avis, après ils feront comme ils veulent.

 

Concrètement, comment cela va se passer ?

Ce trouble que l’on avait depuis cet hiver a montré aussi que l’on avait atteint un certain niveau de plafonnement du modèle de fonctionnement ; les dirigeants se rendent compte qu’on ne peut plus évoluer comme ça et qu’il faut faire évoluer les statuts du club. La réflexion a donc commencé depuis plusieurs semaines et il y aura une assemblée générale en avril pour mettre un nouveau modèle de gouvernance dans le club avec une nouvelle équipe. Par contre, ce qui est une très bonne chose pour les Centaures, c’est que les partenaires privés sont très investis, ils n’amènent pas seulement que de l’argent, ils donnent des conseils et activent leur réseau. La structuration du club doit évoluer pour plus d’efficacité. On a amélioré les Centaures autant que l’on pouvait dans le modèle existant et il faut maintenant amener des améliorations dans les fondements pour faire grandir.

 

Allez-vous prendre exemple sur un modèle existant, celui du Flash ou des Spartiates ?

Non, parce qu’on a un modèle économique complètement différent. Le Flash se fait arroser par de la subvention ; les Spartiates ont un modèle beaucoup plus équilibré mais gardent environ 50% de subventions dans leur budget. Nous en avons seulement 18% aux Centaures. Les budgets ne sont pas du tout les mêmes, 120 000 euros pour nous, les Spartiates c’est trois fois plus. On a une relation avec les politiques qui est très récente également du fait que le club soit reparti de zéro dans les années 2000. Monter en subventions dans le contexte actuel, ce n’est pas simple à faire.  

 

Quel bilan tirez-vous de ces années passées à la tête du club ?

Je suis arrivé en juin 2010 à la tête du club. Je suis très content d’avoir porté le projet car cela a montré que l’on pouvait vraiment faire des choses importantes sans beaucoup de moyens financiers. Par contre, dès que les gens se mobilisent et que les moyens humains sont là, on est capable de faire des trucs incroyables ! On a doublé le budget en une seule saison, on a multiplié par 10 le nombre de bénévoles. On a jamais eu autant de sponsors, de licenciés et d’aussi bons résultats sportifs donc c’est très valorisant d’avoir représenté ce club qui a gagné beaucoup de crédibilité au niveau local. C’est rendre aussi un peu aux Centaures ce que ce club m’a apporté lorsque j’y ai joué sans m’occuper forcément de grand chose.   

 

Avec le recul, auriez-vous aimé faire quelque chose autrement ?

Non, si ce n’est que j’aurais aimé terminer la saison. Le timing est celui qu’il est. Je travaille sur la passation : mieux vaut presque le faire maintenant qu’à la fin de la saison. L’été, les gens sont à droite à gauche, c’est plus difficile.

 

Que pensez-vous du début de championnat de votre désormais ex-équipe ?

Je pense que les Centaures ont le calibre pour faire un beau milieu de tableau voire un tour de Playoffs ; ils en sont capables. C’est compliqué pour les deux canadiens présents de faire aussi bien que la paire Sinotte-Lucka car on avait deux perles l’an passé. Ce qui est un peu dommage, c’est que les coaches de nos équipes jeunes soient des joueurs de l’Elite qui ont un match par week-end en ce moment. Autant l’équipe B a des coaches indépendants, autant je tire mon chapeau à ceux qui tiennent la barre des équipes jeunes car les staffs sont dépouillés. C’est un sujet sur lequel il faudra vraiment travailler. L’équipe des cheerleaders, emmenée par un coach canadien qui fait un travail remarquable, va également faire un beau championnat.

 

Pensez-vous reprendre un jour un autre club ou participer à son développement ?

Ce n’est pas du tout quelque chose à écarter. Je me laisse trois ans pour créer une société et gagner de l’argent avec. Si dans trois ans, tout va bien et que j’ai envie de prendre du temps pour aider une organisation associative, on verra. Je ne ferme pas du tout cette porte. 

 

* Les Centaures avaient renvoyé leur QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
Jesse Andrews juste avant le début du championnat et leur coach David Marticorena une semaine plus tard avait démissionné.

 

Le logo des Centaures utilisé en illustration est l'oeuvre d'Eric Serouart.  

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 Je vous l'échange contre un pack de bière et elles n'ont même pas à être fraiche.  – Le coach des Eagles Buddy Ryan à propos de son coureur Earnest Jackson.

En VO :  Trade him for a six pack ; it doesn't even have to be cold. 

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