Olivier Moret : la construction de la sélection (2/3)Head-Coach de l'Equipe de France Junior

Les Bleuets face à la Serbie l'an dernier
Les Bleuets face à la Serbie l'an dernier
le 07/06/2012 à 17:13 par Thomas Depaepe

Aprés avoir parlé hier du niveau et des Juniors en général, aujourd'hui Olivier Moret nous explique finement comment se compose sa sélection nationale, pourquoi certains clubs sont absents et il aborde la question du championnat à 9 et à 11.

 

Concernant la sélection, on a souvent dit que jouer dans un « gros club » égal jouer en EDF, c’est fini ?

Oui, mais surtout la mentalité a et doit continuer à évoluer. L’Equipe de France ce n’est pas une récompense : cela se paye et cela doit être un début pas une fin. Avant le passage entre club et EDF était trop court et beaucoup de joueurs pensaient en avoir fini dès qu’ils étaient sous le maillot bleu ; mais l’objectif c’est de remporter des titres et pour cela les joueurs doivent rentrer dans le système et être humble. Le succès se construit dans le temps.

 

En France, il y a 2 championnats : Junior à 11 et Junior à 9. On ne retrouve que prés peu de Junior  9 dans votre liste…

Peu ou pas car Whitfield Mandane des Diables Rouges s’entraine avec le Flash à 11, même s’il joue à 9 avec l’équipe de Villepinte.  Il faut tout de suite dire que le football à 9 est important car cela a sauvé le foot us junior en France : beaucoup de clubs ont pu maintenir les sections Junior par le passage à 9 ; sans le passage à 9, notre sport serait bien moins implanté chez les jeunes en France. Mais ceci dit, il faut aussi dire que pour l’Equipe de France nous n’avons pas forcément le temps de transformer des joueurs de 9 en joueur de 11 ; avec 2 stages de 5 jours, il est presque impossible d’intégrer des joueurs qui jouent à 9 en club car il y a des énormes différences entre les deux.

 

Pour ceux qui ne sont pas familiers du jeu à 9, qu’est-ce qui change ?

A 9 tu as une palette tactique bien plus restreinte qu’à 11. Par exemple en défense les joueurs sont beaucoup plus habitués à blitzer qu’à être dans la lecture du jeu et la réaction ; en attaque, le quarterbackQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
étant bien moins protégé, il va très peu lancer et la course est la base. C’est d’ailleurs un problème à terme car cela ne permet pas forcément de sortir des joueurs performants en sénior à 11 et cela n’aide pas à développer une filière de passeur français ; de ce fait nous réfléchissons à faire des préconisations tactiques afin de développer le jeu de passe en interdisant les blitzsBlitz
tactique défensive où les défenseurs sont chargés d'aller sacker le QB ou de plaquer le running backRunning Back (RB)
Terme générique qui englobe les HB et les FBFullback (FB)
coureur puissant et polyvalent. Il joue le rôle de bloqueur, de receveur et de bulldozer balle en main. Constitue avec les halfbacks (HB), les running backs (RB).
.
le plus tôt possible afin d'infliger une perte de terrain à l'attaque. Mais il y a un risque : la défense doit être rapide car sinon elle s'expose à une passe longue.
massifs par exemple ; c’est essentiel d’éviter les effets tactique collatéraux que l’on voit nettement apparaitre car sinon nous allons appauvrir nos championnat Senior et la réussite du foot us français.

 

Malgré cela, il y a eu par le passé des joueurs qui ont bien réussi en EDF alors qu’ils venaient du jeu à 9.

Tout a fait, mais ce sont des contre-exemples et des exceptions. Romuald Fontaine des Mousquetaires en fait partie et c’était un joueur très intelligent qui savait s’adapter très vite et transformer son jeu. Mais c’est forcément rare, et cela explique par exemple qu’il n’y ait aucun joueur des Mousquetaires dans la pré-liste pour Austin.

 

Il n’y a pas non plus de joueur des Blacks-Panthers qui sont les autres finalistes en championnat à 9.

2 joueurs de Thonon ont été invités en stage, mais l’un pour une raison physique et l’autre pour une question de cahier de jeu à 11 qui est différent et pas évident à assimiler pour un joueur à 9. Les 2 n’ont pas été retenus en EDF après les stages, mais ils ont eu leur chance.

 

Une autre équipe du Sud qui est totalement absente est Nice, bien qu’ils soient triple finaliste Junior (à 11).

Les Dauphins n’étaient pas ou peu présents dans la sélection PACA au dernier Junior Bowl. De plus les meilleurs joueurs de l’équipe Junior de Nice ne sont plus éligibles pour la sélection nationale car ils sont trop « vieux » selon les règles internationales. Cela explique que Nice ne soit pas représenté alors même qu’il s’agit d’une excellente école de foot us et d’une équipe qui a un savoir-faire indéniable notamment en terme d’exécution qui lui permet de bien réussir dans le sud. Enfin, leur principal problème reste leur « densité physique ». Ce sont des joueurs techniques mais relativement « faibles » physiquement au regard des standards internationaux. Ceci explique leurs défaites en championnat face aux équipes du Nord plus physiques.

 

Concernant le Pôle France et les Pôles Espoirs, beaucoup de joueurs sont pré-sélectionnés, ce qui fait dire que la sélection favorise ces joueurs. Est-ce le cas ?

Pour un joueur être dans un pôle est à double tranchant : il est sans cesse observé et on le connait parfaitement ce qui fait qu’il ne peut cacher ses défauts. On voit l’implication d’un joueur de pôle, son potentiel sportif et sa maturité… beaucoup de choses que l’on ne peut totalement connaître sur un joueur de club. Je rappelle quand même que les Parcours de l’Excellence Sportive instaurées par le ministère et les fédérations a pour objet de préparer les équipes de France pour avoir des résultats. Il est logique que les joueurs des pôles soient en majorité en équipe de France car ils ont en ont fait le choix et s’entraînent plus que tous les autres. Après outre le sportif, je tiens à dire que les pôles ont aussi permis d’aider beaucoup de gars qui avaient du mal à l’école car n’oublions pas que l’aspect éducatif est essentiel dans ces structures : les jeunes veulent venir au pôle pour le sportif, mais les parents posent sans cesse des questions sur l’aspect éducatif et c’est cela qui fait le choix.

 

Plus généralement, comment un jeune joueur est-il repéré ?

Le cœur de l’équipe de France se compose lors du Junior Bowl qui est la pierre angulaire de notre système de détection, en plus d’être une fête du football ; les clubs le savent et c’est pourquoi il est nécessaire que le meilleur des jeunes soit présent au Junior Bowl. Après les ligues nous aident à la détection en faisant remonter des joueurs qu’elles ont identifié avant ou durant la saison car on sait que des joueurs se révèlent au fil de l’année ; c’est une aide très importante car le staff de la sélection nationale ne peut pas être sur tous les terrains en permanence.

 

Dans un ultime article, Olivier Moret nous parlera plus directement de la compétition a venir et de la "stratégie" des Bleuets.

 

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 Un coach qui a du succès est un coach qui est toujours sous contrat.  – Ben Schwartzwalder, coach, Syracuse

En VO :  A successful coach is one who is still coaching. 

Citation décalée proposée par micky pour 10 Bzh. Suggérer une citation réelle ou fictive pour 10 Bzh !