Seconde chanceFlorida Football Tour 2011 - Episode 3 : LeGarette Blount ou la rédemption d'un homme blessé

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LeGarette Blount en action
LeGarette Blount en action
le 15/11/2011 à 15:18 par Thomas Savoja

Après cette belle entrée en matière à Tallahassee, il est temps de mettre le cap plein Sud direction le Raymond James Stadium de Tampa Bay où j’ai assisté dimanche au match entre les Buccaneers et les Houston Texans.

C’est la seconde fois que j’avais l’avantage de shooter les Bucs. L’an dernier, lors de leur déplacement à Candelstick Park face aux 49ers, j’avais été bluffé par le culot de cette équipe pleine de jeunesse et de certitudes qui avaient donné la leçon aux Californiens incapables de scorer le moindre point à domicile durant la rencontre. Après avoir été l’équipe surprise de 2010, le plus difficile pour les Bucs restait de confirmer ce statut. Le match du jour confirmera d’ailleurs mes doutes, peut être d'ailleurs lié à un pêché de jeunesse.

Un joueur m’avait néanmoins particulièrement tapé dans l’œil lorsque j’ai suivi l’an dernier Tampa Bay depuis le bord du terrain et j’avais un regard particulier sur sa prestation ce Dimanche même s’il était de retopur de blessure et que je ne m'attendais pas à une perstation hors norme. Il s’agit de l’un des symboles de cette équipe d’outsiders : son coureur titulaire, pur produit Floridien au parcours chaotique mais qui semble disposé à s’imposer dès sa seconde saison chez les pros. Son nom : LeGarette Blount.

Sous le maillot des Ducks d'Oregon
Sous le maillot des Ducks d'Oregon (SI.com)
Né à Madison dans la banlieue de Tallahassee, Blount touche ses premiers ballons à la Perry High School ou il évolue au poste de HB. Titulaire pendant les 4 saisons du cursus, il dépasse à 3 reprises la barrière des 1000 yards. Valeur sure à son poste, il est considéré comme un prospect 2 étoiles mais il était écrit que rien ne serait simple pour lui et il ne se voit pas offrir la moindre bourse universitaire à cause de performances académiques insuffisantes.

Il est donc contraint de s’exiler dans un Junior College pour tenter d’attirer les Facs de Division I FBS. Cette période délicate s’avère finalement utile puisque Blount flambe littéralement. Il passe deux années à l’East Mississippi Community College et devient le prospect le plus courtisé du pays. Il reçoit des offres de Florida State, West Virginia ou encore Mississipi mais c’est Oregon qui emporte finalement la mise et il s’y engage en 2007.

Dans sa première année à Oregon en tant que Junior, il partage son temps de jeu au poste de RBRunning Back (RB)
Terme générique qui englobe les HB et les FBFullback (FB)
coureur puissant et polyvalent. Il joue le rôle de bloqueur, de receveur et de bulldozer balle en main. Constitue avec les halfbacks (HB), les running backs (RB).
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avec Jeremiah Johnson qui sera son mentor. Blount signera une saison à 17 TD (record de l’école) et 1002 yards alors que Johnson dépasse de son côté les 1200 yards formant ainsi double menace inégalée dans l’histoire des Ducks. Mais ses relations avec le coach vétéran Mike Belloti sont assez tendues et il est même suspendu une rencontre à cause de son comportement parfois jugé égoïste. Lorsque Chip Kelly débarque en mars, l’épisode est oublié et les attendes sont très élevées pour la saison à venir.

Le premier match de cette saison 2009 face à Boise State est une affiche majeure mais Blount sera en grosse difficulté tout au long du match puisque qu’il termine avec -8 yards et un SafetySafety
Signifie deux choses différentes : 1) c'est le plaquage du porteur du ballon dans sa propre zone d'en-but. Cela rapporte 2 points à l'équipe qui l'effectue et elle récupère la possession du ballon. L'équipe victime du safety va alors dégager depuis ses 20 yards au moyen d'un botté façon "punt". 2) c'est un poste en défense. Le safety est en quelque sorte le dernier rempart. Par analogie avec le football "européen", on le qualifie de "libéro".
à son encontre ! Chambré par le DE des Broncos Byron Hout, il pète littéralement les plombs et lui assène un coup de poing en plein visage. On connait la suite de l’histoire, la suspension et la déprime qui s’en suivit …

Parfois c’est une excellente idée d’accorder une seconde chance. Personne ne voulait plus de Blount qui avait été virtuellement blacklisté par l’ensemble des Franchises NFL après ce fameux coup de poing. Suspendu par sa Fac, il n’est pas drafté et les Titans avec lesquels il a fait tout de même les camps d’été le libèrent fin août sans même l’ajouter au Practice Squad. On se dit alors que la carrière de Blount est proche de la fin.

Mais c’est sans compter sur une dernière main tendue, celle des Bucs et de leur coach Rahim Morris qui n’auront pas à regretter ce geste puisque titularisé dés sa première saison, Blount saisi pleinement sa chance et dépasse la barre des 1000 yards au sol lors de son année de Rookie.

The punch !
The punch ! (ESPN)
Lorsqu’il revient sur son parcours et sur le fameux épisode face à Boise state, Blount admet avoir traversé une période de profonde dépression. « J’étais arrivé à un point où je n’ai pas quitté ma chambre pendant plus d’un mois après l’incident. Je n’ai pas mis le moindre pied dehors. J’avais vraiment l’impression que tout le monde m’en voulait ».

« Je n’ai plus envie de regarder en arrière » assène-t-il désormais. Blount a entamé sa reconstruction et les 1007 yards enregistrés l’an dernier montrent qu’il est en bonne voie. Cette saison, après un début incertain, il franchi un cap mi Octobre lors d’un Monday Night face à Indianapolis où il crève littéralement l’écran grâce à deux « big plays » mémorables qui remettent les siens dans le droit chemin. Célèbre pour ses franchissement de haies en mode jeux olympiques, actions ou il confond les défenseurs adverses avec des obstacles qu’il faut surmonter, Blount est diamant qu’il faut encore polir.

« C’est un talent brut. Vous ne trouverez pas beaucoup de type de ce calibre dans la ligue. Je ne comprends pas comment il a pu être a ce point ignoré et c’est tant mieux pour nous ! » affirme le CB Ronde Barber un des joueurs avec lequel il est le plus proche. « Je crois franchement que LeGarette est dans le vrai » répète Barber. « Il est avec un coach qui sait le gérer, qui le comprend et qui le laisse être lui-même ».

Blount est connu pour être réservé et distant mais ce n’est pas un faiseur de trouble. C’est vrai que ses coaches doivent souvent simplifier son rôle en attaque ce qui limite sa capacité à devenir plus qu’un coureur puissant capable de big play, mais ses difficultés pour assimiler rapidement ses cahiers de jeu ne justifie en rien sa réputation. 

Le WR Mike Williams qui est devenu l’ami intime de Blount révèle que les Bucs dans l’intimité du vestiaire évoquent souvent l’épisode du coup de poing, faisant comprendre à LeGarette qu’avec eux il ne pourra pas jouer les durs mais le fait même de pouvoir évoquer ce sujet démontre la proximité du groupe de jeunes joueurs.

Blount en action
Blount en action (AP)
« Cet incident a provoqué la fuite d’un paquet de dollar de mes poches » rappelle Blount « Mais j’ai eu l’opportunité de venir ici à Tampa et de prouvé que j’avais bien le niveau d’un premier tour de draft »

Avec un salaire de 320 000 $ l’an dernier et de 405 000 $ cette année, Blount est clairement passé à côté d’un gros pactole de billets verts s’il avait été drafté dans les premiers tours. Les Bucs l’avaient d’ailleurs initialement dans leur radar pour un second tour mais son histoire extra sportive a fait de lui un risque que personne n’a voulu assumé. Blount devrait redevenir free agent en fin de saison avec à la clé la possibilité de renégocier ses émoluments soit un facteur de plus pour motiver notre homme revanchard.

Plus fondamentalement, Blount comprends désormais que tout acquis est précaire. C’est peut être pour cela qu’il aimer rester dans les vestiaires après le match comme pour mieux savourer ces instants. Blount a appris a ses dépends comme il est facile de sa tailler en un clin d’œil une mauvaise réputation. Il a également appris combien il était long de se refaire une virginité. Mais à travers cette épreuve, il a surtout pris conscience de son potentiel footballistique. Et son début de saison est une preuve de cette résurrection.

« J’ai eu très longtemps des doutes » admet-il «  En fait, je n’ai pas réalisé que j’aurais une nouvelle chance. Finalement on me l’a donné et je ne pense plus qu’à une chose c’est de la saisir à fond »

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  1 2 3 4 OT Final
Tampa Bay 0 3 0 6 0 9
Houston 9 7 14 7 0 37
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 Quand tu gagnes, ne dis rien. Quand tu perds, dis-en encore moins.  – Paul Brown

En VO :  When you win, say nothing. When you lose, say less. 

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