L'histoire des Philadelphia Eagles : l'éternelle attenteDe 1933 à nos jours...

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le 31/01/2018 à 23:10 par Pierre-François Flores

Dans 4 jours, les Philadelphia Eagles disputeront leur 3e Super Bowl, le second contre les New England Patriots qui les avaient terrassés lors de la 39e finale en 2005. C'est l'occasion de vous présenter l'autre franchise de Pennsylvanie, bien moins titrée que les Pittsburgh Steelers (6 Super Bowls), et qui attend un sacre depuis 1960. 

Naissance sur fond de banqueroute et invention du principe de la Draft

L’histoire de cette franchise ne s’est pas faite de façon conventionnelle. A la base, la ville de Philadelphie avait depuis 1899, un club surnommé les Frankford Yellow Jackets et vainqueur du championnat en 1926. Toutefois en 1931, la franchise fait banqueroute et doit fermer boutique.
Après une année de recherche sans trouver de repreneur, la NFL autorise la création d’une nouvelle franchise à un syndicat d’ancien coéquipiers de l’université de Pennsylvanie Lud Wray et Bert Bell. En contrepartie de 2500 dollars le groupe Bell-Wray récupère tout le passif des Yellow Jackets. Les deux hommes font table rase du passé et fondent comme prévu une nouvelle franchise. Inspirés par le logo de l’Aigle du plan de Roosevelt baptisé le New Deal, les deux hommes forment les Philadelphia Eagles en 1933.
Les premières années sont relativement calmes. L’équipe gagne rarement plus de trois matchs par saison jusqu’au début des années 40. La seule chose intéressante à retenir de cette période est le fait que Bell, General Manager de la franchise en 1935, propose à la NFL le principe d’une draft annuelle pour recruter les meilleurs joueurs universitaires en précisant que les choix seraient déterminés par les résultats des franchises la saison précédente. Son idée était de permettre aux plus mauvaises équipes de recruter en priorité les meilleurs joueurs afin d'avoir une chance.
Ce principe est toujours autant d’actualité presque un siècle plus tard.

Le logo des Eagles de 1948 à 1968
Le logo des Eagles de 1948 à 1968

Les 40's : les années dorées

Les années '40 vont être bien meilleures pour les Eagles. Cependant en raison de la guerre et du manque de joueurs disponibles les Eagles vont devoir s’associer avec les Steelers de Pittsburgh pendant une saison en 1943 pour fonder les "Steagles" (lire  l'histoire des Steelers).
Puis sous l’impulsion du coach Greasy Neale et de leur recrue de choc lors de la draft en 1944, le RBRunning Back (RB)
Terme générique qui englobe les HB et les FBFullback (FB)
coureur puissant et polyvalent. Il joue le rôle de bloqueur, de receveur et de bulldozer balle en main. Constitue avec les halfbacks (HB), les running backs (RB).
.
Steve Van Buren, les Eagles accèdent rapidement au succès et deviennent des candidats au titre. Ainsi en 1947, les Eagles disputent le championnat face aux Cardinals de Chicago et s’inclinent 28-21.

1948 et 1949 : le doublé

Le 9 décembre 1948, les Aigles accueillent dans leur Shibe Park ces mêmes Cardinals pour la 16e finale NFL. Sous une tempête de neige impressionnante, ils s'imposent 7-0 et décrochent leur premier titre. L'année suivante, En 1949, Philadelphie remet le couvert cette fois contre les Rams de Los Angeles et s'impose dans la boue du Los Angeles Memorial Coliseum sur le score de 14-0. En 2 finales, leurs adversaires ne leur auront donc pas inscrit le moindre point.

La même année les Eagles choisissent à la Draft un certain Chuck Bednarik (surnommé Concrete Charlie) de l'Université de Pennsylvanie, qui occupera la position de centre en attaque et de linebackerLinebacker (LB)
joueur de la défense polyvalent qui constitue le 2ème rideau défensive.
en défense et qui reste encore à ce jour un des joueurs les plus populaires des Aigles.

Les années 50 : retour en enfer et renouveau

Après cette éclaircie, les Eagles chutent brutalement et retombent dans les bas-fonds de la ligue. En 1958, ils ont une équipe jeune et prometteuse et décident d'acquérir le fameux QB star des Rams de l’époque Norm Van Brocklin.

1960 : l’année sacrée

Sous l’impulsion de Van Brocklin, de Bednarik, du WR Tommy McDonald, du TE Pete Redzlaff et du coach Buck Shaw, Philadelphie renoue avec le succès et retrouve en finale les Packers de Green Bay de Vince Lombardi. A cette époque, les Packers courent après un titre depuis 1944 et Lombardi n'est que dans sa 2e saison d'head coach. Grâce à l’énorme Bednarik, les Eagles battent les Packers 17-13 pour s’assurer un 3e titre championnat. Ce sera la seule défaite des Packers de Lombardi en playoffs.

1961-1975 : la risée de la ligue et Santa Claus

Après une saison énorme, les Eagles vont de nouveau rapidement retomber dans les rangs et même plus. Pendant seize saisons, l’équipe de Philadelphie va être tout simplement la risée de toute la ligue finissant très régulièrement leurs saisons avec seulement deux ou trois victoires, la faute à des général managers et des entraîneurs incompétents sans compter le propriétaire Wolman qui fait faillite en 1969. Ce dernier est contraint de revendre le club à Leonard Tose pour 16 millions de dollars (environ 108M$ actuels), un record pour une franchise de sport aux USA.

La saison 1968 va même marquer l’humiliation suprême. Les Eagles sont clairement en lice pour le premier pick à la Draft et le choix du très prometteur running-back O.J. Simpson. Mais alors qu’ils n’ont pas gagné de la saison, ils remportent deux de leurs trois derniers matchs et voient s’envoler le premier choix ! Les fans furieux décident lors du dernier match le 15 décembre 1968, de siffler leur équipe, certains allant jusqu’à lancer des boules de neige sur un acteur qui était venu faire un spectacle déguisé en Père Noël.
Bien qu’anecdotique ce moment à définitivement forger la réputation des fans des Eagles. Depuis ce jour ils passent pour faire partie des fans les plus mauvais de la NFL.

Dick Vermeil et son <span class='glossary'><a href='/glossaire#quarterback'>QB</a><span class='explanation'><b>Quarterback</b><br/>c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.</span></span> Ron Jaworski
Dick Vermeil et son QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
Ron Jaworski

1976-1980 : nouvelles promesses et premier Super Bowl perdu

Après une nouvelle saison calamiteuse en 1975, Les Eagles engagent au poste d'entraîneur Dick Vermeil. Celui-ci va reconstruire une équipe en pleine dérive. Il commence par la défense, acquière le quarterback des Rams Ron Jaworski et drafte en 1977 le coureur Wilbert Montgomery. Vermeil réussit surtout à changer la culture de la franchise et l'équipe progresse saison après saison. En 1980, ils terminent avec un bilan de 12-4, battent les Cowboys 20-7 lors de la finale NFC et se qualifient pour le Super Bowl XV. Malheureusement, les Oakland Raiders sont trop forts et ils s'inclinent 27-10.

1981-1985 : encore un passage à vide

Après cette superbe saison tout part à nouveau en vrille. Les Eagles retournent en playoffs l'année suivante mais se font sortir dès le premier tour. Complètement lessivé émotionnellement Vermeil raccroche après la saison 1982 et les Aigles décrochent. Toutefois la draft de Reggie White en 1984 et de Randall Cunningham en 1985 constituent déjà les bases de la nouvelle génération. En 1985, Norman Braman et Ed Leibowitz, qui ont fait fortune dans l'automobile en Floride, rachète le club à Tose pour 65 millions $ (environ $148M actuellement).

1986-1998 : les années gâchées

C'est l'arrivée de Buddy Ryan, fraichement vainqueur du Super Bowl XX avec les Bears, qui relance la franchise. Celui-ci apporte avec lui sa fameuse 46 defense et sa mentalité de dur à cuir. Avec de bonnes drafts et de bons joueurs tels que Reggie White, Seth Joyner, Clyde Simmons, Wes Hopkins, Andre Waters, Eric Allen, Jerome Brown, le coach bâtit une véritable défense de fer qui va semer la terreur dans toute la ligue.
Cela dit l'attaque aérienne ne l'intéresse pas. Il donne quelques armes à son QB Cunningham (TE Keith Jackson, RB Keith Byars, WR Calvin Williams et Fred Barnett) mais ne renforce pas sa ligne offensive. Du coup, Philadelphie retrouve les playoffs mais se fait sortir à chaque fois au premier tour. Ryan se fait viré après la saison 1990 et son successeur Rich Kotite ne fera pas mieux.

De plus, la pingrerie du proprio de l'époque Braman fait fuir de nombreux joueurs lors de la création de la Free Agency à l'issue de la saison 1992. Le plus connu restant Reggie White qui part pour Green Bay avec qui il gagnera son seul et unique Super Bowl en 1996.
En 1995, Ray Rhodes redonne brièvement de l'espoir à une franchise qui redevient moribonde mais ne parvient ni à garder le contrôle de son équipe, ni à se trouver un QB compétent. Limogé fin 1998, il aura néanmoins posé les bases du succès de son successeur avec des recrues de qualité (draft de Bobby Taylor et de Bryan Dawkins, Troy Vincent en Free Agent, draft de Tra Thomas entre autre).

1999-2012 : la meilleure ère de la franchise mais toujours pas de titre

Donovan McNabb, le seul QB des Eagles a avoir son numéro retiré
Donovan McNabb, le seul QB des Eagles a avoir son numéro retiré
Jeffrey Lurie, propriétaire de la franchise depuis 1994, a de l'ambition et souhaite construire une franchise victorieuse sur le long terme. Il se tourne alors vers les Packers de Green Bay et déniche Andy Reid le coordinateur de QB de l'époque. Lurie ne le sait pas encore mais son choix va se révéler être le meilleur possible.
Reid va d'abord faire appel à un véritable gourou défensif Jim Johnson pour gérer une défense qui a de très bons éléments. Reid n'a plus qu'à se contenter d'aller chercher haut à la draft le quarterback Donovan McNabb. Le duo va vite se révéler explosif. Les Eagles, avec une défense de fer menée par Bryan Dawkins et une escouade offensive orchestrée de main de maître par McNabb, entament une domination sur la NFC Est et la NFC pendant quatre ans. De 2001 à 2004, les Aigles remportent leur division NFC est et se retrouvent en finale NFC. Toutefois, la dernière marche est dure à franchir. Ils commencent par trois défaites. La quatrième sera la bonne mais les Eagles retrouvent les Patriots et s'inclinent 24-21 lors du  Super Bowl XXXIX.

La réussite n'est plus la même les saisons suivantes et l'opus 2008 ressemble à un baroud d'honneur. Qualifiées pour la finale NFC, ils perdent face aux Cardinals. Ensuite McNabb finit par vieillir et se fait trader chez les Redskins en 2010. Reid, lui, commence à se lasser. Les années folles sont terminées. Les Eagles tombent dans la facilité pour essayer de retourner au Super Bowl mais le scénario est écrit d'avance et l'inévitable finit par arriver : ils finissent 2012 avec un record de 4-12 et Reid se fait remercier.

2013-2015 : des années à oublier

Exit Reid et entrée fracassante de Chip Kelly, le coach d'Oregon, courtisé par la NFL depuis quelques années. Il amène avec lui son attaque révolutionnaire. Si sa première saison est un succès (les Eagles remportent la NFC Est en 2013), il va vite déchanter. D'une part les équipes NFL vont s’ajuster à ses schémas offensifs. D'autre part Kelly (qui devient général manager) va casser toute l'équipe avec des trades stupides. Conséquence, les résultats chutent de 10-6 à 7-9 en 2015. Pire encore les joueurs n'adhérent plus à la philosophie de Kelly. Il se fait donc logiquement remercier.

2016-2017 : arrivée de Doug Perderson et 3e participation au Super Bowl

Doug Pederson devient le nouvel head coach des Eagles. Lurie veut revenir aux sources du succès obtenu 15 ans plus tôt et Perderson est un protégé de Reid. Mais à l'époque Pederson semble être un choix curieux. Il n'a aucune expérience en tant qu'entraîneur en chef. Il s'impose progressivement dans l'équipe et forme son QB rookie Carson Wentz qui démontre déjà son énorme potentiel malgré une saison mitigée. Pederson se débrouille au mieux compte tenu des circonstances et Philadelphie perd 6 matchs avec moins d'un touchdownTouchdown (TD)
c'est l'essai qui vaut 6 points et qui peut être transformé au choix à 1 ou 2 points. Il suffit que le ballon pénètre dans la endzone. (pas besoin d'aplatir)
d'écart, démontrant au passage une belle combativité.

Bien que les espérances semblent plus élevées en 2017, personne ne rêve encore d'une participation au Super Bowl mais c'est pourtant là où sont les Eagles désormais. Après une saison qu'ils ont dominés de bout en bout dans la NFC et malgré la perte de bon nombre de joueurs (Jason PetersDarren Sproles, Wentz et Jordan Hicks), les hommes de Pederson ont gardé le cap. Outsiders de leurs deux matchs de playoffs à la maison, ils ont battu les Falcons (finalistes du dernier Super Bowl) et atomisé les Vikings, gagnant le droit d'aller chez ces derniers pour jouer le Super Bowl LII, le 3e de leur histoire.

13 ans après leur défaite contre les Patriots à Jacksonville, les Eagles ont droit à une revanche. Pourront-ils enfin décrocher ce premier Super Bowl et ce premier titre après 57 ans d'attente ? Sauront-ils cette fois empêcher les Patriots de réaliser un nouveau "3 en 4 ans" ? Réponse : lundi 5 février vers 4h30 du matin.

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  1 2 3 4 OT Final
New England 3 9 14 7 0 33
Philadelphia 9 13 7 12 0 41
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 Rappelez vous qu'il faut 9 mois à une femme pour faire un bébé, peu importe le nombre d'hommes que vous y mettez au travail.  – Lou Holtz, coach, Notre Dame

En VO :  Remember, it takes a woman nine months to have a baby, no matter how many men you put on the job. 

Citation décalée proposée par micky pour 10 Bzh. Suggérer une citation réelle ou fictive pour 10 Bzh !