Qui pourra arrêter les Patriots ?Une formidable machine à gagner

Depuis 16 ans, Brady et Belichick écrivent l'histoire de leur sport
Depuis 16 ans, Brady et Belichick écrivent l'histoire de leur sport
le 11/01/2017 à 00:48 par Pierre-François Flores

Ce week-end, les New England Patriots (14-2) débuteront leurs playoffs face aux Houston Texans. Une nouvelle fois, ils abordent ce dernier mois de compétition en favoris, cette année peut-être plus encore. Avec l'avantage du terrain, la meilleure défense de la NFL et bien sûr Tom Brady, on voit mal qui pourrait les priver d'un 7e voyage au Super Bowl en 15 ans. Analyse d'une suprématie orchestrée par Bill Belichick.

Un palmarès impressionnant

Depuis la saison 2001, les Pats ont participé à 6 Super Bowls et en ont gagné 4. Après 3 succès en 4 saisons (un record, XXXVI, XXXVIII, XXXIX), ils doivent patienter 10 ans avant d'enfin décrocher ce 4e titre, qui les mets à égalité avec les grandes dynasties qu'ont été les Steelers dans les années 70 et les 49ers dans les années 80.
Dans l'intervalle, ils ont aussi perdu 2 finales, à chaque fois contre les Giants de coach Tom Coughlin (XLII, XLVI), ce qui les mets à égalité avec les Bills et les Vikings pour le plus grand nombre de défaites au Super Bowl (4). 

Adam Vinatieri offre le 1er Super Bowl aux Patriots
Adam Vinatieri offre le 1er Super Bowl aux Patriots
(vidéo highlights)

Bill Belichick, le cerveau de la franchise du Massachussets

L'ancien coordinateur défensif des Giants de Bill Parcells, champions du Super Bowl XXV, a poussé l'analyse de l'attaque adverse à des niveaux jamais atteints. Ses joueurs racontent qu'il n'est pas rare, qu'en les croisant dans un couloir, il leur demande un positionnement, une habitude d'un adversaire, et gare à celui qui ne le sait pas par cœur.

Belichick a compris depuis longtemps que ce sont les défenses qui gagnent les championnats (Defense wins championships). En janvier 1991, les Giants affrontent l'attaque de Jim Kelly, Andre Reed et Thurman Thomas. Les Bills sont favoris, d'autant qu'en face, le QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
est Jeff Hostetler. Il remplace pour ces playoffs, le futur hall of famer Phil Simms, blessé en fin de saison. La défense new-yorkaise est intraitable et ne concède que 19 points.
Onze ans plus tard, le head coach de Patriots affronte en finale The Greatest Show on Turf de Kurt Warner et Marshall Faulk. Son QB est le jeune Tom Brady qui joue sa première saison en tant que titulaire (Drew Blesoe se blesse en week 2). Les Rams de Saint Louis sont limités à 17 petits points et Adam Vinatieri offre le premier Super Bowl au club sur un field goalField Goal (FG)
coup de pied à 3 points effectué le plus souvent en 4ème tentative quand l'attaque a été bloquée. Il est joué depuis l'endroit où la dernière action c'est achevée. En cas de réussite c'est 3 points et engagement. En cas d'échec, la possession change de camp mais il y a deux possibilités : avant le snapSnap
signal de départ de l'action, quand le centre transmet la balle au QB.
, la balle était à l'intérieur des 20 yards, on replacera alors la balle sur la ligne des 20 yards ou elle était placée au-delà des 20 yards, on la replacera au même endroit.
à la dernière seconde.

En 17 saisons à la tête des Patriots, il remporte 13 titres de l'AFC Est, atteint les finales de conférence à 10 reprises pour 6 victoires et remporte le Super Bowl 4 fois. Les 3 fois où il n'atteint pas les playoffs sont :

  • En 2000 lors de sa première saison où NE finit 5e de l'AFC Est avec un bilan de 5-11.
  • En 2002, l'année qui suit le Super Bowl gagné, NE est 2e avec un bilan correct de 9-7 mais ne se qualifie pas. C'est l'unique fois où le duo Belichick-Brady ne joue pas en janvier !
  • En 2008, Brady se blesse gravement au genou et est fini pour la saison. Matt Cassel assure un bon intérim et NE finit avec un bilan de 11-5 (2e AFC Est) qui ne leur permet toutefois pas d'accéder aux playoffs.

 

La page 2016 devrait, selon toute vraisemblance, les voir atteindre une 11e finale de conférence, la 6e consécutive.

"Nombre de victoires" : il côtoie les Légendes de la NFL

Bill Belichick vient d'enchainer une 16e saison régulière avec un bilan positif, une 13e avec au moins 10 victoires ! Seul Tom Landry fait mieux avec 20 de 1966 à 1985.
Avec 237 victoires en saison régulière (carrière chez les Browns de 1991 à 1995 incluse), il se classe 4e derrière Don Shula (328), George Halas (318) et Tom Landry (250). Il a actuellement un pourcentage de victoire de 67,3%, battu uniquement par Don Shula (67,7%).
Belichick n'a par contre pas de rival quand il s'agit des playoffs : 23 victoires et 69,7% de succès.

La saison 2007 : si prêt de la perfection

Avec le temps, la défense de Belichick ne faiblit pas tandis que l'attaque monte en puissance, derrière un quarterback de plus en plus performant. L'apogée est certainement atteint lors de la saison 2007. Après les Dolphins de 1972, les Pats sont les seconds à réussir une saison régulière parfaite, la première à 16 matchs (16-0). On ne voit pas qui pourra les arrêter.

Leur attaque évolue sur une autre planète. Elle a pulvérisé le record de points marqués (589 soit 36,8 ppm), de touchdownsTouchdown (TD)
c'est l'essai qui vaut 6 points et qui peut être transformé au choix à 1 ou 2 points. Il suffit que le ballon pénètre dans la endzone. (pas besoin d'aplatir)
(75), Brady a lancé 50 TDs (bat les 49 de Peyton Manning) et Randy Moss a capté 23 TDs (plus que Jerry Rice). En défense, la copie est aussi impressionnante avec seulement 274 points concédés (17,1 ppm) soit la 4e place de la ligue (Colts n°1 avec 16,4 ppm). Les piliers sont Junior Seau, Tedy Bruschi ou Mike Vrabel.

Après deux victoires faciles en playoffs contre les Jaguars (31-20) et les Chargers (21-12), ils deviennent les premiers à avoir un bilan de 18-0 et atteignent le Super Bowl XLII. Ils y affrontent les Giants, un mois après les avoir battus chez eux au terme d'un match épique 38 à 35.
Déjà mis en difficulté par l'équipe de Tom Coughlin, la meilleure attaque de tous les temps n'a marqué qu'un touchdown en 53 minutes mais trouve la faille à 2:42 de la fin. Brady et Moss combinent et semblent rejouer le même coup qu'en décembre. Mais cette fois-ci Eli Manning a encore une chance. La série est marquée à jamais par la réception avec le casque de David Tyree et conclut par le TD de Plaxico Burress. Les Patriots ne s'en relèveront pas. Ils sont les premiers à finir la saison avec un bilan de 18-1 sans pour autant gagner le Big Game. Certains y verront une certaine justice après l'affaire du Spygate (espionnage vidéo face aux Jets) qui avait entaché le début de saison. 

SB XLII : David Tyree réussit le Helmet Catch
SB XLII : David Tyree réussit le Helmet Catch
 (vidéo highlights)

Tom Brady cherche à être seul au Monde

Tom Brady est un compétiteur hors pair. A bientôt 40 ans, celui qui dit qu'il pourra jouer jusqu'à 45 ans, est en quête d'un 5e Super Bowl. Finis les 4 titres partagés avec Bradshaw et Montana. Avec 5, il serait seul sur le trône de la NFL.
Privé des 4 premiers matchs de la saison à cause de son implication supposée dans le Deflagate, il est revenu meilleur que jamais. Il termine la saison avec 28 touchdowns pour 2 INT, soit le meilleur ratio TD-INT (14) de l'histoire.

Samedi, il jouera son 32e matchs de playoffs soit l'équivalent de 2 saisons régulières complètes (P.Manning est 2e avec 27). Il en a gagné 22, là aussi un record, et devance les 16 du grand Joe Montana.

Le QB choisi au 6e tour de la Draft 2000 doit sa carrière à Belichick. Le rapport des scouts étaient peu élogieux : Faible constitution, Maigre, Manque de stature et de qualité physique, Manque de souplesse, Manque d'un bras puissant, Ne peut pas mener un groupe sur le terrain.
Quand il a pris connaissance par accident d'une note d'un coach qui listait ses qualités en terminant toutefois par un(il) fait tout lentement, Brady a commencé à travailler sans relâche.

Celui qui était au départ le 4e QB des Patriots a finalement été choisi par Belichick comme remplaçant n°1 avant de faire oublier Bledsoe. On connait la suite.

Belichick-Brady : le duo Coach-QB le plus performant de toute l'histoire de la NFL

Avant eux, il y avait Chuck Noll et Terry Bradshaw chez les Steelers, Bill Walsh et Joe Montana chez les 49ers, Don Shula et Dan Marino chez les Dolphins. Ces duos mythiques ont fait rêver 2 générations de fans mais celui qui sévit du côté de Boston les supplante tous.

Avec 186 victoires ensemble, ils sont à des années lumières devant Shula et Marino (116 victoires). Ensemble, ils ont gagné 22 matchs de playoffs sur 31 (deux records).

Les deux fonctionnent en symbiose, soit selon le mode du bénéfice réciproque. L'attaque a été façonnée autour de Brady et lui a permis de devenir ce qu'il est aujourd'hui ; Belichick n'aurait jamais eu le même succès sans son QB fétiche.

Les Patriots : plus qu'un club, une machine à gagner

Bon partout. C'est le crédo de Belichick. De la défense à l'attaque en passant par les équipes spéciales, rien n'est laissé au hasard.

Josh McDaniels et Matt Patricia, les disciples de Belichick
Josh McDaniels et Matt Patricia, les disciples de Belichick

Défense : Matt Patricia

Le coordinateur défensif Matt Patricia a, à 42 ans, déjà 13 saisons derrière lui chez les Pats. Autant dire qu'il a été élevé au biberon par son head coach. Sa défense est actuellement la meilleure de la NFL avec 15,6 ppm et est 3e avec un turnover ratio +12 (Chiefs, Raiders +16). Rappelez-vous : "Defense wins championships" !

Attaque : Josh McDaniels

McDaniels (40 ans) a été également formaté par Belichick. Il est déjà dans le staff des champions 2001, il n'a que 25 ans. Il est l'architecte de l'attaque de 2007. Cette saison, l'offensive des Pats est classée 3e avec 27,6 ppm. Ce classement est exceptionnel compte tenu de la perte de Rob Gronkowski en court de saison.

Mais ce qui impressionne le plus chez les Patriots, c'est leur capacité à être performant en toute circonstance. En 2008, Brady est blessé mais ils finissent quand même avec un bilan de 11-5 derrière Matt Cassel (il ne se qualifie toutefois pas).
Cette saison, Brady est suspendu 4 matchs. Jimmy Garoppolo assure l'intérim avant de se blesser à la fin du 2e quart-temps lors de la week 2. Les Patriots gagnent les deux matchs, Garoppolo lance 4 TD pour aucune interceptionInterception
passe du QB rattrapée par un défenseur (un adversaire).
et poste un rating de 113,3. Brady a fini la saison avec un 112, 2.

Avec 32 TD et 2 INT, les Patriots ont à la fois le meilleur ratio de TD/INT et le plus petit nombre d'interceptions de l'histoire. Encore une preuve du perfectionnisme voulu par Bill Belichick qui a une sainte horreur des pertes de ballons

Un bémol ?

C'est le même que celui avancé par les détracteurs des 49ers dans les années 80 : les Patriots évoluent dans une division plutôt faible depuis 15 ans. Ce constat est incontestable. Hormis les Pats et depuis 2003, seules 5 équipes de l'AFC Est ont joué les playoffs (4 fois les Jets, 1 fois les Dolphins). Les Bills attendent quant à eux depuis 1999 et est la seule équipe à n'avoir pas connu les phases finales ce millénaire.

En 2016, New England a le plus faible strength of schedule de la ligue avec 43,9%. Cela signifie que le bilan cumulé de leurs adversaires cette saison a 43,9% de victoires. A titre comparatif, les N°1 NFC, les Dallas Cowboys, ont un SOS de 47,1% ; les Chiefs de 50,8% !
Cette "faiblesse" permet à New England de gagner quasi-systématiquement sa division en s'assurant, toujours depuis 2003, un minimum de 4 victoires sur 6 possibles. Après il faut quand même les gagner les 10 suivant me direz-vous. Oui, mais il fallait bien un bémol non ?

 

Vous l'aurez compris, cette année comme à chaque fois depuis 2001, les Patriots seront durs à arrêter. La route vers un 7e Super Bowl semble assez dégagée même si les Chiefs ou les Steelers ont des arguments. A se risquer à un pronostic, on miserait plutôt sur l'une des équipes de la NFC pour les faire tomber : Falcons, Packers, Cowboys ou Seahawks ? Faites vos jeux.

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 Rappelez vous qu'il faut 9 mois à une femme pour faire un bébé, peu importe le nombre d'hommes que vous y mettez au travail.  – Lou Holtz, coach, Notre Dame

En VO :  Remember, it takes a woman nine months to have a baby, no matter how many men you put on the job. 

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