Gary Griffin : une vie dédiée au football défensif
Gary Griffin est né à Odessa… Texas. Il a fait ses études à Odessa et a joué au sein des Marshall Mavericks (que certains d’entre vous connaissent peut être) ; il est ensuite passé du côté des terrains NCAA sous les couleurs de l’université d’Angelo State, tout en passant en parallèle un diplôme d’informatique à Texas A&M. Depuis, Griffin c’est investi durant près de 30 ans dans le coaching des défenses. Il a coaché pendant 10 ans en high-school, puis pendant 18 saisons en universitaire.
Sans le savoir certain l’ont peut-être déjà vu : en effet, il joue dans Friday Night Lights ou il incarne le head-coach des Midland High School Coach. C’était pour les scénaristes un moyen de rendre hommage à un ancien des Marshall Mavericks d’Odessa (son école).
Qu’est-ce qu’un bon coach ?
C’est quelqu’un qui est enthousiaste et qui le transmet à ses joueurs. Un coach ne doit jamais avoir les mains dans ses poches comme si cela ne l’intéressait pas ; le football est un jeu formidable, c’est un plaisir de chaque instant. C’est aussi quelqu’un qui est proche de ses joueurs et qui les maintiens dans un cocoon. Je dis toujours « keep the buisness of the team, in the team »; c’est essential de maintenir le contrôle de l’information et de l’équipe. Si vous laissez les joueurs parler de ce qui se passe dans l’équipe à l’extérieur, vous aurez toujours des joueurs blessés, embarrassés ou qui se sentiront trahi. Rien de ce qui se passe dans l’équipe ne doit filtrer… c’est aussi cela le rôle du coach.
Vous êtes très attaché à la motivation des joueurs, comment transmet ton l’envie ?
Je dis toujours « Great players makes coach great », c’est un ensemble… et beaucoup de coachs semblent l’oublier car je vois souvent des joueurs qui n’ont pas beaucoup d’attentions de la part du staff et ce dernier qui se contente de les gérer comme des « robots » qui sont là pour apprendre et faire ce qu’on leur dit. Or il est nécessaire de prendre le temps avec chacun, de lui fixer des objectifs personnels qui vont dans le sens de l’équipe ; il faut insuffler à chaque joueur la volonté d’être le meilleur de l’équipe, mais il faut le faire de manière constructive, ludique et personnalisée. Pour cela j’instaure de nombreux jeux dans mes équipes ; par exemple, j’avais instauré avec une Défensive Line que je coachais un jeu qui consistait à noter les réactions du coach de la ligne offensive : si par notre jeu à l’entrainement, nous arrivions à le faire dire « merde » on gagnait 5 points, s’il disait des plus grosses insultes c’était quoté à 10, 20, 30 points et s’il jetait son cahier de jeu d’énervement c’était 50 points. Et les joueurs appréciaient beaucoup au point que si j’oubliais de noter des points, ils venaient me voir pour me les faire rajouter. C’était un compte que l’on tenait qu’entre nous de la DL… le coach offensif n’était pas au courant. Un autre jeu que j’ai instauré dans beaucoup d’équipe était le « Tackle for Loss Count » : En début de saison on prenait une corde par joueur et on disait à chaque fois que vous faites un tackles avec perte de terrain, on coupe la corde de la distance équivalente… celui qui a la plus petite corde en fin de saison gagne ! ce qui est amusant c’est que c’était un jeu de la D-Line, mais des joueurs d’autres postes sont venus me voir et on dit : « nous aussi on veut notre corde car on a reussi un tackle for loss ». Cela a fait de l’émulation et c’était ludique.
Les joueurs aiment qu’on leur donne de l’attention et que l’on puisse voir ce qu’ils ont fait car ils le font aussi pour se mettre en avant et en valeur. C’est d’ailleurs l’objectif avec les stickers sur les casques : montrer à tous ce que l’on a accomplis. Maintenant moi je préfère que ce que l’on fasse reste visible que des autres membres de l’équipe, même si je n’ai rien contre les Stickers de casques.
Dans votre carrière vous avez eu à coacher des joueurs qui étaient au-dessus du lot en termes de talent, comment on les gère ? De la même manière que les autres joueurs ?
Un grand joueur, il faut lui laisser davantage d’indépendance sur le terrain que les autres ; un bon joueur sait prendre des risques, et les évaluer pour qu’au global ses risques soient payant. Mais s’il y a beaucoup de bons joueurs, il y a peu de grands joueurs.
Justement, comment reconnait-on un grand joueur ? Par rapport à un bon joueur ?
Un grand joueur est d’abord quelqu’un qui fait quelque chose mieux que tous les autres ; cela peut être sa vision, sa vitesse de bras, son jeu de jambe… mais en tout cas personne ne le fait mieux que lui. Un grand joueur peut exprimer ce « don » dans le football, mais il pourrait aussi bien l’utiliser a bon escient en golf, tennis, boxe… car ce qu’il a est unique et transforme ce qu’il fait. On le voit tout de suite quand quelqu’un sort du lot. Maintenant, c’est avec le travail et un bon coaching qu’un grand joueur exprime son potentiel. Moi j’aime mon sport pour cette possibilité de découvrir des gens qui sortent du lot.
Vous êtes un spécialiste de la défense, comment contreriez-vous les attaques actuelles très aériennes si vous étiez coach défensif en NFL ?
La défense a beaucoup changé ces dernières années car elle a doit faire face à une attaque qui élargie de plus en plus le terrain a force de Spread offenseOffense
escouade spécialisée dans l'attaque.. On n’aime peut être pas les évolutions, mais on doit faire avec. Lorsque l’on coach la défense, on en vient presque a regretter les formations d’avant qui étaient très concentrées dans l’axe (rires)… mais la Spread est une évolution logique pour les attaques : elles concentrent maintenant des athlètes impressionnants en terme de vitesse et de gabarit et donc elles cherchent au maximum le man-to-man d’où leur recours récent aux Spread offenses. En plus la Spread permet aux attaques d’attaquer le terrain dans la largeur mais aussi dans la profondeur ce qui étire les défenses et met au plus loin l’aide.
Contrer une Spread offense nécessite donc d’avoir des athlètes impressionnants sur la ligne, mais aussi de recourir davantage à des formations en nickels et DimeDime
tactique de défense contre la passe consistant à aligner 6 defensive backs.. Vos linebackersLinebacker (LB)
joueur de la défense polyvalent qui constitue le 2ème rideau défensive. doivent aussi être très rapides et capable de couvrir autant que de blitzer… mais c’est dur pour eux car ils se retrouvent en man-to-man face aux coureurs et prennent de plein fouet la ligne offensive en cas de course axiale.
Enfin, pour contrer les nouvelles attaques, il est nécessaire de ne pas complexifier les travail de la défense avec des tactiques très compliquées ; vous allez de toute manière vous retrouver en individuel avec des ajustements à faire directement sur la ligne, donc le coach doit simplifier leur jeu et s’en remettre à leur intelligence.
Quels sont les éléments essentiels pour être un bon défenseur ?
En défense, il faut être prêt sans cesse… c’est-à-dire toujours en alerte, ne pas aller nonchalamment à sa position par exemple. Ensuite il faut connaître parfaitement son assignement sur le jeu, connaître par cœur les distances ou se placer en début de jeu et surtout garder toujours à l’esprit durant le jeu les distances importantes : cela ne sert à rien de défendre à 15 yards sur une troisième et 7… ça parait simple, mais vous verrez beaucoup de joueurs qui dans l’action ratent la maîtrise des distances. Il faut aussi parfaitement connaitre son adversaire ; c’est-à-dire connaître ses tendances, identifier ses petits mouvements qui donnent des indications sur son jeu.
Vous avez coaché en universitaire et en high-school, maintenant vous connaissez aussi la NFL, qu’est-ce que vous préférez ?
La NCAA ! C’est ce qu’il y a de plus fun, c’est une atmosphère unique avec des traditions, des matchs historiques… il n’y a pas cela en NFL malgré le niveau de jeu qui est bien sûr meilleur. La NCAA c’est du fun à l’état pur, des actions de folies, des athlètes qui se révèlent et cela est au-dessus du reste. Après même si j’aime les Bowl, je regrette le système du BCS ; j’aimerais des playoffs afin que la NCAA soit plus lisible, qu’elle est un sens plus clair et immédiat.
Personnellement, je vais très souvent voir les matchs de Texas Tech qui sont une équipe que j’aime bien, et à chaque fois je trouve l’ambiance superbe et agréable. La NCAA c’est vraiment une expérience unique.
Concernant la NCAA, le Heisman vient d’être remis à Griffin III, et Andrew Luck est annoncé numéro 1 de la draft… qui sera a votre avis le joueur NCAA qui réussira le mieux en NFL au poste de QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs. dans les années à venir ?
Je pense que Luck est surcoté. C’est sûr que c’est un bon quarterback mais je pense qu’il y a mieux en universitaire : Matt Barkley d’USC. Ce jeune homme peut réussir davantage que les autres car c’est un super QB et qu’il a un jeu qui va très bien s’adapter à la NFL. Donc mon pronostique c’est Barkley.
Articles liés
- Jim Elam : Une passion pour les DB et le Texas (27/12/11 19:19)
- Gene Dahlquist, quarterback dans l’âme (23/12/11 22:12)
- Amiens accueille le gratin du Football Américain (22/12/11 16:10)