Interview de Phelan Ebenhack photographe NFL pour AP"J’ai toujours voulu immortaliser l’action décisive d’un match"

Photographe de l
Photographe de l
le 18/05/2013 à 20:45 par Thomas Savoja

Comme vous le savez certainement, FA.com organise pour la seconde année de consécutive un grand concours photo sur le thème du Football Américain en France. C'est pour nous l'occasion de découvrir quelques personnalités médiatiques US du monde de la photo qui nous ont fait l'amitié d'accepter nos sollicitations pour devenir membre de notre Jury. Après Paul Spinelli et Bob Leverone, découvrons désormais Phelan Ebenhack qui couvre les Bucs et les Jaguars pour le compte de Associated Press. Pour rappel vous avez jusqu'au 11 Juin pour nous envoyer vos clichés et participer à notre concours.

 

Phelan Ebenhack
Phelan Ebenhack

Footballamericain.com : Pour débuter un grand merci d’avoir accepté de jouer le jeu de ce concours et d’être l’un de nos éminents membres du Jury. Les photographes français qui couvrent nos championnats hexagonaux vont être extrêmement honorés d’avoir un œil aussi prestigieux posé sur leurs travaux. Pouvez-vous nous dire quelques mots en guise d’introduction sur votre expérience globale en ce qui concerne la photographie de Football ?

Phelan Ebenhack : Je photographie le Football Américain depuis plus de 25 ans. J'ai toujours été un fan de ce sport depuis que je suis enfant. Je savais que je n'étais pas assez bon en tant qu'athlète pour le pratiquer, mais quand je regardais les matchs à la télévision, je rêvais d'être l'un des photographes sur le terrain. Quand j'ai commencé dans la photographie, j'ai postulé pour un poste de photographe pour réaliser l’annuaire des étudiants et le journal de mon université à Texas A&M. C’était principalement dans l'espoir de pouvoir photographier par la suite les matchs de Football. Le nombre d’accréditations pour les rencontres étaient limitées, de sorte que les photographes ayant plus d'ancienneté et d'expérience les obtenaient en premier. J'ai donc parcouru mon petit bout de chemin, et une fois que l’on m’a donné l'occasion, j’ai pu rapidement montré que j’avais quelques qualités pour photographier des rencontres sportives. Peu de temps après, j'ai commencé à shooter du sport pour des journaux professionnels.

Après l’université, l’expérience acquise en photographie de Football a été l'une des raisons pour lesquelles j'ai obtenu un poste à temps plein pour l’Orlando Sentinel. C'est l'un des 20 journaux les plus importants du pays en termes de tirage et le journal couvre de façon très complète le Football professionnel, universitaire et le Football de lycée.

Une de mes premières missions au journal a été de photographier les matchs de championnat de l'ancienne World Football League à Montréal. Depuis lors, j'ai photographié de nombreux matchs, et je photographie actuellement les équipes NFL des Jaguars de Jacksonville et des Buccaneers de Tampa Bay pour l'Associated Press.

Shooter des matches de Football est une expérience merveilleuse, que j'apprécie vraiment et qui me pose toujours un sacré challenge car chaque match est différent et passionnant.

 

NFL
NFL (Phelan Ebenhack, AP)

FA.com : Selon vous, quelles sont les principales qualités requises pour devenir un bon photographe de Football ?

PE : Je dirais la patience et l’organisation. Pour un novice en photo de sport, on a vite fait d’être rattrapé par l’excitation et de finir par shooter sans vraiment réfléchir tout ce qui bouge sur le terrain. Alors que les meilleurs photographes sont capables d’apporter un regard plus aiguisé sur l’évènement sportif. Combiné avec un peu d’organisation et de planification, notamment en se positionnant au bon endroit sur le terrain, cela leur permet de produire des photos capables de gagner des concours !

 

FA.com : Pour vous, quelle est la différence principale entre shooter une rencontre NFL et une rencontre de College ?

PE : Les facilités d’accès. Les matchs NFL sont par exemple bourrés de restrictions sur ce que vous pouvez photographier tant en terme de sujets que de positions et de timing. On a l’impression que plus l’évènement est d’importance, plus le nombre de restrictions est élevé. En fait, j’adore photographier les matchs de High School ou de College car je suis finalement beaucoup plus libre de mes faits et gestes. En High School par exemple, on peut se mouvoir où bon nous semble en dehors des limites du terrain et shooter là où le souhaite. En NFL par exemple, beaucoup de stades interdisent de photographier dans le tunnel qui mène au terrain, d’autres vous interdisent d’être sur le terrain lors de l’entrée des équipes et l’ensemble des franchises vous interdisent de photographier les joueurs derrière leur bancs.

 

FA.com : Quel est le joueur le plus photogénique que vous ayez shooté dans votre carrière ?

PE : Chaque joueur de Football a des caractéristiques qui lui sont propres donc je considère qu’ils sont tous photogéniques d’une certaine façon. Mais s’il fallait faire un choix alors évidemment le nom de Ray Lewis me vient à l’esprit. Il jouait en permanence avec une immense émotion qui permettait de réaliser de superbes clichés de lui.

 

Bucs v Saints
Bucs v Saints (Phelan Ebenhack, AP)

FA.com : Quelle serait pour vous la photo de Football idéale, celle dont vous avez toujours rêvé mais que vous n’avez jamais pu réaliser ?

PE : J’ai toujours voulu immortaliser l’action décisive d’un match, disons une réception à une main du bout des doigts sur la dernière action de la rencontre, si possible en suspension avec le bras tendu tout en réussissant à capter les expressions de l’ensemble des visages des protagonistes.

 

FA.com : Quel est votre stade favori pour shooter du Football et quel est votre plus grand souvenir sur un terrain de Football en tant que photographe ?

PE : Vous savez les stades de Football se ressemblent tous pour moi et pour être honnête, c’est assez difficile de retenir un moment plus marquant que les autres. Sur le terrain, je suis tellement concentré sur le match que je reste dans ma propre bulle et j’ai du mal à me rappeler du score au-delà de la rencontre. Et ensuite, je passe au match suivant ! Je suppose que ce serait la même chose si vous demandiez à un joueur de Football quel est son match préféré. C’est le genre de sujet auquel vous pensez bien après la fin de votre carrière. C’est un peu pareil pour un photographe.

 

FA.com : De nombreux photographes campent derrière la « end zone » avec un puissant téléobjectif mais indépendamment de toute contrainte d’assignation, quel positionnement sur le terrain privilégiez-vous pour réaliser les plus belles photos ?

PE : Il y a de superbes clichés à réaliser sur toutes les positions et il n’y a pas vraiment de positions que je privilégie par rapport à d’autres. En fait, je cherche toujours à regarder les joueurs sous un angle différent donc généralement j’aime bien changer ma position à chaque rencontre. J’y vais au feeling pendant la rencontre. J’essaye de deviner où l’action risque de se dérouler et je me positionne en conséquence sur le terrain. Lorsque vous suivez une équipe toute une saison, c’est bien évidemment plus facile de deviner ce qui va se passer, le choix des jeux en fonction des conditions et de miser sur le bon joueur qui va avoir la balle.

 

FA.com : Si vous aviez le choix pour vous concentrer sur une position spécifique que ce soit en attaque ou en défense, lesquelles choisiriez-vous pour réaliser une bonne photo ?

PE : J’essaie généralement de suivre le QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
en attaque. S'il transmet la balle au Running Back, alors je suis logiquement le RBRunning Back (RB)
Terme générique qui englobe les HB et les FBFullback (FB)
coureur puissant et polyvalent. Il joue le rôle de bloqueur, de receveur et de bulldozer balle en main. Constitue avec les halfbacks (HB), les running backs (RB).
.
. S'il conserve la balle, je tente de deviner à son attitude s’il va courir ou passer et surtout où il peut envoyer le ballon. En défense, les Defensive End sont les joueurs capables d’action d’éclat sur le QB, et donc j’ai toujours un œil sur eux et notamment pour ce qui est de leurs célébrations souvent spectaculaires. Sinon, je suis simplement la balle mais je reste concentré sur les joueurs bien après la fin de l’action pour pouvoir capter une scène de joie ou un lancé de ballon.

 

FA.com: Dans la photo de sport, le matériel est crucial. Quel est votre combinaison favorite de boitier et d’objectif pour le Football ?

PE : J’ai toujours utilisé des boitiers et des objectifs Nikon même si Canon propose également du très bon matériel. J’ai donc un D4 qui est mon boitier principal que j’utilise avec un objectif Nikon 200-400 f/4. Je le trouve vraiment très polyvalent. Et avec les nouveaux boitiers, il n’est plus aussi fondamental de disposer d’objectifs ultra lumineux. Si vous être positionné dans la end zoneEnd Zone
Zone d'en-but de 10 yards située de chaque côté du terrain.
, un 500mm ou un 600mm serait même plus adapté pour capter l’action de l’autre côté du terrain. Mon second boitier est un D800 que j’utilise avec un objectif 70-200 2.8, bien utile lorsque l’action se rapproche. Enfin, j’ai également un objectif grand angle que j’utilise avec mon D300s autour du coup et qui me sert lorsque l’action est vraiment tout près.

 

D4 et 200-400 f/4
D4 et 200-400 f/4 (Nikon)

FA.com : Parlons de votre batch de post traitement, quel logiciel utilisez-vous et quelles sont vos principales étapes ?

PE : Je passe en revue mes clichés en utilisant PhotoMechanic, pour l’édition et la capture. Ensuite j’utilise Photoshop pour recadrer et retravailler les couleurs et la lumière. J’envoie alors mes clichés en utilisant le logiciel Transmit.

 

FA.com : Pour clore l’interview, pouvez-vous donner 3 conseils aux photographes français pour améliorer leur productions en sachant que les stades français ne proposent pas les mêmes arrières plans qu’en NFL !

PE : Pour nettoyer les arrières plans, je photographie toujours avec une ouverture maximale, même lorsque les conditions de lumière sont optimales. Donc avec mon objectif 200-400mm, je shoote toujours à f/4. Cela permet d’isoler l’action et de masquer également l’arrière plan en le floutant. Je crois qu’il ne faut pas avoir peur d’utiliser le mode Automatique de votre appareil. Par exemple, lorsque je shoot de jour, j’utilise le mode automatique que j’ajuste ensuite en fonction du rendu. Franchement les nouveaux boitiers sont tellement performants pour déterminer la bonne exposition que cela peut être une base excellente qui peut être ajustée en fonction du flouté escompté pour ce qui est de l’arrière plan. Franchement lorsque les conditions de lumière sont changeantes, mon nouveau boitier est capable de s’ajuster automatiquement beaucoup plus rapidement que ce que je pourrais faire manuellement. Pour ce qui est du Football nocturne, là c’est une autre histoire et c’est toujours beaucoup plus difficile côté lumière. Il m’arrive toujours de photographier des matchs de lycée dans des conditions de lumière très limites. Mais pour les nouveaux appareils, même dans les pires conditions, ils permettent des photos très lumineuses. Pour vous dire il m’est arrivè de shooter à plus de 50 000 ISO et tant que je n’ai pas besoin de recadrer, les photos sont tout à fait exploitables !

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 Je n'irais jamais vers quelqu'un pour le blesser délibérément à moins que ça ne soit, vous savez, important… comme un match de championnat ou quelque chose comme ça.  – Dick Butkus, ancien linebacker des Chicago Bears (1960/70)

En VO :  I wouldn't ever set out to hurt anyone deliberately unless it was, you know, important… like a league game or something. 

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