Cleveland ville maudite ?FA.com Football Roadtrip 2013 - Episode 7

Dur d'être fan des Browns
Dur d'être fan des Browns
le 16/11/2013 à 06:14 par Thomas Savoja

Downtown Cleveland
Downtown Cleveland (T.Savoja, FA.com)
Cleveland, Ohio – Il ne faut qu’une heure pour rejoindre Cleveland depuis Kent où je résidais depuis deux jours. La ville n’a pas très bonne presse en France mais ce que je découvre me surprend agréablement. Je gare ma Chrysler en plein centre ville afin d’y vagabonder quelques temps. Au Visitor Center, un senior ravi de voir débarquer un étranger me renseigne longuement sur les choses à voir et à faire dans la plus grande ville de l’Etat. Il m’apprend que la cité est en fait née de la réunion de deux villes : Cleveland et Ohio City et il m’invite à découvrir les deux ! Je traverse une élégante galerie du début de siècle pour débouler sur l’une des grandes artères qui mène au Lac Erie. Depuis le rivage, on a une vue imprenabls sur les skyscrapers de downtown. C’est vraiment impressionnant ces grands lacs ! L’eau à perte de vue donne l’impression de se retrouver à la mer. C’est au bord de l’eau, à deux pas du Rock and Roll Hall of Fame, que se trouve le First Energy Stadium, l’antre des Cleveland Browns. Le propriétaire du club a annoncé hier à la radio qu’il souhaitait investir plus de 20 millions de dollars pour moderniser l’enceinte. L’objectif est notamment de la doter d’un écran géant digne de ce nom et de plus d’escalators pour accéder aux tribunes. Les Browns ont un match clé dimanche face aux Bengals, leur rivaux de l’AFC North. En jeu : la première place qualificative pour les playoffs.

Pas facile d’être un fan des Browns, et cela ne date pas d’hier. Tellement de déceptions, je dirais même de désillusions ont marqué l’histoire de la franchise de l’Ohio que cela en est devenu presque pathétique. Pire, l’histoire récente semble s’acharner puisque la dernière apparition en play-off remonte à 2002 autrement dit une éternité. Et cette saison ne semble pas devoir être placée sous de meilleurs auspices.

Je vous propose un retour sur quelques-uns des plus cruels évènements de l’histoire des Cleveland Browns.

La retraite de Jim Brown

En 1965, Jim Brown a 29 ans et vient tout juste d’être nommé MVP de la ligue sous le maillot de Cleveland. C’est assurément le meilleur RBRunning Back (RB)
Terme générique qui englobe les HB et les FBFullback (FB)
coureur puissant et polyvalent. Il joue le rôle de bloqueur, de receveur et de bulldozer balle en main. Constitue avec les halfbacks (HB), les running backs (RB).
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que la NFL n’ai jamais connu quand soudainement il annonce sa retraite sportive, attiré par les sirènes d’Hollywood et laissant les Browns orphelin d’un futur « Hall of Famer ». Je pense sincèrement que cette retraite anticipée a couté quelques Superbowls à Cleveland qui aurait pu à cette époque voler la vedette aux Packers de Vince Lombardi.

L’incompréhensible départ

Les Browns disposent sans conteste des fans parmi les plus passionnés de la NFL. Cleveland s’est définie elle-même pendant des années comme «la ville des Browns». Le Pro Football Hall of Fame que j’ai visité hier se trouve à quelques dizaines de miles de là, et toute la région, y compris Canton, est en permanence derrière ses Browns, qu’ils gagnent ou qu’ils perdent. A ce titre, penser que quelqu'un ait pu avoir l’idée de dépouiller cette ville de sa franchise historique de Football pendant quatre ans est tout simplement incompréhensible ! Le coupable de cet odieux forfait se nomme Art Model, la même personne qui a viré sans ménagement le légendaire entraîneur Paul Brown. Pour ajouter l'insulte à l'injure, ce même Model a remporté un titre NFL avec les Ravens en 2000. Les Browns attendent toujours.

Les Playoffs face aux Steelers

Nous sommes en 2002 soit à peine 3 années après que les Browns aient fait leur réapparition en NFL. L’équipe a obtenu le droit de jouer une rencontre cruciale de playoffs face aux rivaux de toujours les Steelers de Pittsburgh. Le début du match est d’ailleurs en faveur des Browns qui mettent la main d’entrée sur la partie et semblent se diriger avec autorité vers une victoire assez nette. Sauf que les Steelers vont réaliser l’un des plus impressionnants comeback de leur histoire. Menés 24 à 7 dans le 3ème quart temps, ils vont finalement s’imposer 36 à 33. Ce qu’il y a de très douloureux dans cette histoire c’est que l’équipe des Steelers de l’époque coachée par Bill Cowher était loin d’être imprenable et que les Browns ont fait un temps renaitre l’espoir auprès des fans après une longue domination historique des Steelers sans pouvoir pour autant concrétiser ces espoirs.

Le First Energy Stadium
Le First Energy Stadium (T.Savoja, FA.com)

Red Right 88

L’équipe la plus populaire que les Browns n’aient jamais connus est peut être celle des fameux « Cardiac Kids » qui dans les années 80 ont bâti pas à pas leur réputation en gagnant des rencontres à l’arrachée de façon souvent fort improbable.

Ainsi, on les retrouve face aux Raiders d’Oakland dans l’un des matchs dont ils avaient le secret. Ce fut l’une des rencontres  les plus froides de l’histoire de la NFL avec des rafales de vent et une température ressentie de -35° ! Les Browns ont le ballon pour un dernier drive qui peut être victorieux. Sur la dernière action du match dont les fans aiment à se rappeler de façon affectueuse sous le quolibet « Red Right 88 », le QBQuarterback
c'est le stratège de l'équipe. Il décide des tactiques avec ses coachs. Il est chargé de transmettre la balle à ses coureurs et de distiller les passes à ses receveurs.
de l’époque Brian Sipe lancera une interceptionInterception
passe du QB rattrapée par un défenseur (un adversaire).
alors que ce ballon décisif aurait pu envoyer les Browns à leur premier Super Bowl. Ce sont donc les Raiders qui y sont allés à leur place et qui d’ailleurs l’ont gagné mais quelle terrible fin de saison pour Cleveland présente encore dans toutes les mémoires.

Il semblerait que Brian Sipe ait effectué une mauvaise lecture du jeu et aurait du lancer une balle beaucoup plus courte sur un joueur démarqué où au pire balancer en touche s’il se sentait sous pression. Encore une fois Cleveland était si proche …

Le Drive

Si il y a un nom à ne surtout pas prononcer ici à Cleveland, c’est bien celui de John Elway. Bien sûr Michael Jordan est aussi détesté à cause de tout le mal qu’il a fait aux Cavaliers mais ce n’est rien comparé à la haine farouche que les fans des Browns vouent au QB des Broncos dans les années 80 et 90. Pourquoi cela me direz-vous ? Peut-être y a-t-il un rapport avec les trios défaites subies face aux Broncos en finale de Conférence AFC ?

Ce fameux “Drive” représente parfaitement toutes les tragédies sportives qu’a connue la ville de Cleveland. Rappelons le contexte: Les Browns sont à 12-4 en saison régulière et ce sont les favoris logiques pour représenter l’AFC au Superbowl. On a ici à faire à l’une des plus forte équipes de l’histoire de la Franchise. Ils viennent de marquer un TD pour prendre l’avantage 20 à 13 avec un peu plus de 5 minutes à jouer face aux Broncos et John Elway va débuter son drive sur sa propre ligne des 2 yards ! Sauf qu’il va méthodiquement orchestrer une remontée de terrain exemplaire pour égaliser avec 40 secondes à jouer !

Les Broncos l’emporteront finalement 23-20 en Overtime grâce à un ultime Field Goal !

Le Fumble

Cette action particulière fait encore couler des larmes dans les yeux des fans de Browns quand on leur remémore !

Nous sommes en 1987, les Browns jouent leurs rivaux de Denver et l’inévitable John Elway encore lui ! C’était l’année de la grève, la saison régulière avait donc été un peu raccourcie et lors de cette finale de la conférence AFC, les Browns sont menés de 5 points mais sur le point de marquer un TD qui les ferait passer devant ! Oui mais voilà, ils  vont commettre l’irréparable lorsque le RB Ernest Byner perd possession du cuir sur la ligne des 1 yards. Une année tout juste après le « Drive », le sort s’acharne de nouveau sur les Browns avec ce FumbleFumble
quand le porteur du ballon laisse échapper celui-ci par maladresse ou suite à un choc. Le ballon est alors à terre mais vivant et c'est la 1ère équipe qui le ramasse qui en prend la possession. Avec les interceptions, le fumble est la seconde façon de rendre le ballon à l'adversaire. Ensemble, ils constituent des Turnovers (pertes de balle). C'est souvent cette stat. qui décide de l'issue de la rencontre.
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Pour l’anecdote, Byner remportera un Super Bowl 4 ans plus tard avec les Redskins.

Voilà, je crois que la démonstration est faite de la poisse de la franchise dans les moments cruciaux. Pour ma part j’écris ces quelques lignes depuis un café cosy d’Ohio City de l’autre côté du pont mais il me faut retourner sur Downtown car une rencontre NBA m’attend ce soir et le temps file à grande vitesse !

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 Je ne peux pas penser que Dieu nous a mis sur terre pour être aussi moyen.  – Lou Holtz

En VO :  I can't believe that God put us on this earth to be ordinary. 

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